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  • El mejor Pais

    Il y a 13 ans

    / Travaux

    • 1 - Une vierge
      Une vierge
    • 2 - inspection technicien
      inspection technicien
    • 3 - vrac
      vrac
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    Thème : Arts plastiques
  • MES POMMES 2007

    Il y a 13 ans

    / Projets / Présentation

    • 1 - Installation de Mes pommes au Château de La Roche-Guyon, 2007
      Installation de Mes pommes au Château de La Roche-Guyon, 2007
    • 2 - IMAGERIE D'ÉPINAL N° 3838, Un magistrat, M. Bayard, voulant que les excellentes pêches de son jardin portassent sa marque authentique, y collait son initiale découpée en papier blanc. Le soleil rougissait les pêches tout autour du cache.
      IMAGERIE D'ÉPINAL N° 3838, Un magistrat, M. Bayard, voulant que les excellentes pêches de son jardin portassent sa marque authentique, y collait son initiale découpée en papier blanc. Le soleil rougissait les pêches tout autour du cache.
    • 3 - Première représentation de fruits marqués. Dessin d'une pomme et d'une pêche marquées de l'aigle impérial de Russie, probablement présentées à l'Exposition fruitière internationale de Saint-Pétersbourg en 1894.
      Première représentation de fruits marqués. Dessin d'une pomme et d'une pêche marquées de l'aigle impérial de Russie, probablement présentées à l'Exposition fruitière internationale de Saint-Pétersbourg en 1894.
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    Installation, de 86 pommes marquées et installées sur une table, liége et isorel (hauteur 100cm x 700cm x 90cm)

    Le marquage des fruits est une technique ancestrale qui s’est fortement développée au XIXe siècle, alors que la concurrence entre les régions était devenue importante. Pour montrer leur différence, les arboriculteurs de Montreuil décidèrent de commercialiser leurs “fruits marqués“ auprès de leurs clients et de créer une nouvelle signature de “beaux fruits“.

    Dans cette installation, j’ai repris le principe de cette technique de marquage de fruits, en invitant des personnes à me donner un portrait d’elles. Ces portraits, transformés en négatifs, sont appliqués directement sur la peau d’une pomme. Le soleil faisant son affaire, le fruit mûrit en omettant les parties protégées par le négatif. Les fruits deviennent des chimères, moitié pomme, moitié visage, objets narcissiques et mortuaires qui ont pour seul devenir de disparaître. Ces visages végétaux ont été placés sur une table, comme pour un immense banquet. Le détournement, que ce soit du procédé agricole ou de l’image photographique, fait partie intégrante de ce travail. Je tente ainsi de montrer par cet acte un l’instant éphémère et la dégradation à venir.

    Cette pièce a été financée par l’EPCC du Château de La Roche-Guyon. Les pommes ont été produites par Les Vergers d’Ableiges.
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    Thème : Arts plastiques
  • Biographie

    Il y a 13 ans

    / Parcours

    Biographie
    Artiste plasticienne, pratique la photographie, l’installation et la vidéo.

    Née à Chalon-sur-Saône en 1979, vit et travaille à Paris, a obtenu le Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique (DNSEP) en 2006, à l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy en France. Participe à un échange universitaire avec l’UQÀM (Université du Québec À Montréal) en 2004 après avoir obtenu le Diplôme DNAP (École Nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy). En 2000, elle est en école préparatoire des beaux arts à Chalon-sur-Saône.

    En 2011, elle est en résidence “regards croisés sur un jardin“ au château de La Roche-Guyon financée par le Conseil Général du Val d’Oise. Elle a réalisé deux expositions personnelles en 2007 et 2010.

    Depuis 2006, en parallèle avec ces activités artistiques, Pauline Fouché est graphiste indépendante et répond à des commandes d’affiches, cartons, signalétiques, catalogues, principalement pour des lieux ou manifestations culturelles.
    Voir des exemples de réalisations graphiques (PDF)

    Elle intervient régulièrement en milieu scolaire comme artiste. Ces ateliers, proposés aux enfants et adolescents, engage une pratique artistique et est une ouverture sur les arts visuels.
    Voir des exemples de réalisations d’atelier (PDF)

    Pauline Fouché a coréalisé avec Elise Leclercq un fanzine : Un mot par mois.
    Un mot par mois est un fanzine papier et internet édité à Paris entre décembre 2007 et novembre 2008. Chaque mois un mot différent était choisi, il servait de référence pour les photographies, dessins, textes, etc réalisés par les artistes invités. La contrainte du mot était envisagée comme une délimitation aléatoire que chacun participait à définir avec ses moyens d’expression.
    http://unmotparmois.blogspot.com/

    Entre 2006 et 2008 fait partie du collectif Vacancy (avec Cédric Anglaret, Audrey Douanne, Sibel Diker, Chloé Duloquin, Romain Huteau, Olivier Lapert, Anna Lopez Luna, Alie Mafakheri, Sophie Keledjian, Yu-Jun Ye), un groupe de jeunes artistes qui se propose d'investir pour quelques heures des appartements temporairement vides, entre deux déménagement. Ces brefs événements permettent de donner une visibilité à un travail artistique en laissant une grande place à l'expérimentation, à des projets en cours, en construction, dans des formes non définitives. Vacancy se veut une proposition alternative et vitaliste, en se présentant de manière conviviale, dans des lieux apparemment inadaptés.
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    Thème : Arts plastiques
  • Images

    Il y a 13 ans

    / Projets / De l'autre côté du miroir 2013

    • 1 - De l'autre côté du miroir-6
      De l'autre côté du miroir-6
    • 2 - De l'autre côté du miroir-3
      De l'autre côté du miroir-3
    • 3 - De l'autre côté du miroir-2
      De l'autre côté du miroir-2
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    Thème : Arts plastiques
  • Persiste 2005

    Il y a 13 ans

    / Projets

    Vidéo 1'45 de l'installation Persiste, exposition collective franco-québécois (Attendre) à La Vitrine, 2005

    Thème : Arts plastiques
  • Marguerite Pilven

    Marguerite Pilven

    Critique d'Art, Commissaire d'exposition

    www.margueritepilven.net

    Michael Schouflikir, Pictus

    Il y a 13 ans

    / Articles

    Michael  Schouflikir, Pictus
    Comme pour prendre la démesure d’un monde qui va trop vite, Michaël Schouflikir réalise des œuvres concentrées, où le format réduit synthétise une formulation concise. Ses pièces miniatures qui prennent la forme de sculptures, de collages et récemment de tableaux présentent des énoncés visuels percutants que l’on saisi d’un seul coup d’œil.

    Les pièces récentes procèdent d’un assemblage d’objets trouvés sur lesquels Schouflikir intervient en les peignant parfois. L’artiste compose à partir d’éléments hétérogènes : morceaux de papiers jetés dans la rue, contravention arrachée à sa fonction punitive, clous et fils de fer rescapés de chantiers urbains sont les résidus d’activités humaines qu’il met dans sa poche, au fil de ses trajets en ville, pour les reconsidérer dans l’atelier. Ils sont le point de départ d’une syntaxe où dialogue le hasard – rencontre de l’ « objet trouvé »- et la nécessité –exigence de composition -

    Schouflikir élabore ainsi des univers dynamiques qui ont pour thème notre société de contrôle, son découpage urbain ordonné et ordonnant, son gigantisme qui écrase les aspérités individuelles. « La violence c’est le lisse » écrivait un critique d’art. Déviés de leur trajectoire, les objets trouvés sont les hiatus prélevés d’un système social totalisant, de son idéal de maîtrise. Ils portent les marques singulières de leur résistance au temps : tâches, rouille, plis, fêlures.
    Les sculptures Technicité et Ruines prennent chacune la forme de vues panoramiques de cité. L’une « branchée », lisse et communicante, l’autre brisée et silencieuse, couleur de cendre...Vestige de la première ? Leur vue simultanée n’est pas sans faire songer au destin de la tour de Babel que la démesure mena à la destruction. Un thème que les sculptures, explicitement intitulées Icare et Veau d’Or, déclinent aussi.

    Les tableaux suivent quant à eux la trame urbanistique de nos villes ou la parcellisation de paysages vus du ciel. Ponctuées de tâches peintes à la main, les baguettes de bois qui les composent semblent être les portées d’une partition musicale à même d’exprimer aussi les vibrations de la ville : circulation des passants et des automobiles, flux des échanges. Le tracé de la main anime ces structures rigides, insuffle rythme et vitalité dans leur intrication rigoureuse, en une intervention que l’on devine, malgré tout, contenue et contrainte. Pas de débordement perceptible : les tâches s’inscrivent sagement dans les cases et les bandes. Cette tension instaure une sensation de claustrophobie qu’accentue l’encadrement du tableau, ou plutôt, son encastrement. L’expression de soi, limitée par les contraintes de l’environnement se fait pleinement sentir par ces équivalences plastiques.

    Ces espaces fractionnés représentent aussi notre temps accéléré, morcelé par les impératifs de la vie à gagner, où la notion d’adaptabilité est devenue le maître mot des cabinets de ressources humaines. Les collages sont de ce point de vue l’expression la plus flexible de l’artiste. Leur petit moyen de production permet l’infiltration du geste créateur au cœur d’une journée chargée. Réalisés à partir de papiers trouvés parterre, leur mouvement concentrique traduit une urgence à rassembler l’éparse, à saisir une harmonie possible dans les discordances de la semaine ; à se saisir, enfin, dans le déferlement d’instants hétérogènes qui composent nos existences et les délitent.

    Michael Schouflikir
    Pictus
    Galerie Eva Hober, Paris


    Communiqué de presse pour la galerie Eva Hober, 2009
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    Thème : Arts plastiques
  • Marguerite Pilven

    Marguerite Pilven

    Critique d'Art, Commissaire d'exposition

    www.margueritepilven.net

    Lucie Chaumont, Au détail

    Il y a 13 ans

    / Articles

    Lucie Chaumont, Au détail
    Marguerite Pilven : Que représente pour toi cette activité spécifique qu’est le bricolage et qui a intéressé nombre d’artistes comme Mathieu Mercier ou Tom Sachs ?

    Lucie Chaumont : Ce qui m’intéresse dans le bricolage, c’est la tentative de s’approprier les choses de manière très pragmatique. Lorsque j’ai pour objectif de fabriquer une table, je regarde d’abord ce que j’ai pour le faire et s’il manque quelque chose, si je n’ai pas le bois nécessaire pour fabriquer le quatrième pied de la table, je dois trouver une solution. L'exercice devient alors de trouver un moyen de contourner la contrainte.
    En posant avant tout la question de comment travailler dans la contrainte, le bricolage devient aussi pour moi une sorte de métaphore existentielle.

    Ce qu’on attend essentiellement de l’outil, c’est qu’il fonctionne, or nombre des outils ici exposés décevraient cette attente. Est-ce parce que, comme le faisait remarquer Heidegger, on ne prend jamais autant conscience de l’outil que lorsqu’il ne marche plus ?

    Cette limite ambiguë entre ce qui fonctionne et ne fonctionne pas est à l’œuvre dans beaucoup de mes travaux, mais ce que je recherche également par la fabrication de ces outils étranges, c’est à penser ce phénomène où de nouveaux besoins sont créés en permanence par l’invention de nouveaux outils. On trouve aussi de nouvelles fonctions à des objets, comme par exemple les modèles de téléphone mobile avec appareil photo intégré.

    C’est justement ce que je me disais en observant ton Repose-Bâton qui crée un nouveau besoin absurde, celui de maintenir son bâton verticalement quand on ne l’utilise plus...

    Je trouve vraiment drôle cet objet qui ne ressemble à rien. Je joue en fait avec cette notion de l’objet qui doit rendre service en la poussant jusqu’à l’absurde. Il a aussi été réalisé d’après une logique spécifique qui prévaut dans le bricolage comme dans la sculpture où l’on cherche toujours des stratagèmes. Quand je pense à ce qui se passe dans l’atelier, à tous les chemins pratiques par lesquels on passe pour fabriquer une sculpture, je trouve cela assez incroyable.
    Dans le cas du Repose-Bâton, ma question était : comment vais-je faire tenir ce bâton debout ? C’est de cette problématique avant tout sculpturale qu’est sortie cette proposition absurde.

    Mais l’objet ne serait-il pas énigmatique sans son titre ? Cette absurdité apparaît en quelque sorte par le titre qui en explicite la fonction...


    Cela fait assez peu de temps que je donne des titres à mes objets. Je les regroupais avant sous le vocable générique d’«attirail», avant de me rendre compte que le titre pouvait aussi contribuer à la polysémie que je cherche toujours à donner à mes objets.
    Cette notion de polysémie est pour moi importante car elle ouvre plusieurs approches possibles de l’objet, dans un esprit d’ouverture vers le spectateur.

    La plupart de tes pièces posées sur l’étagère renvoient aux denrées alimentaires de grande consommation…

    Ces pièces sont liées à une autre piste dans mon travail portant sur les emballages qui ramènent à la problématique sculpturale du contenu et du contenant.
    Les cornets empilés sont la reproduction d’un objet réel que j’ai trouvé dans la rue, sur le caddie d’un vendeur de marrons chauds. Ce type d’objet est pour moi très dense, il regroupe plein d’aspects. C’est à la fois un objet qui fait penser à l’origami mais qui renvoie avant tout à une forme de précarité. Il est fabriqué avec un journal gratuit par un Indien à qui cela permet de survivre.

    Mais que t’apporte le fait de reproduire fidèlement l’objet ?

    C’est une façon de passer du temps avec l’objet et de le comprendre avec les mains. Ces cornets à marrons renvoient aussi à une activité de caractère répétitif qui m’intéresse beaucoup. En faisant moi-même l’expérience du geste qui se répète comme c’est également le cas avec ce muret dont j’ai fabriqué chaque brique en pliant du carton, je prends conscience de ce que représente l’économie de la main d’œuvre qui applique au geste artisanal la logique de production d’une activité mécanique.

    Quelles sont ces relations que tu établis parfois entre deux ou plusieurs objets, comme par exemple entre ce tuyau d’arrosage que tu as perforé et ce bâton de jardinage sur lequel on retrouve les pastilles du tuyau sur le manche ?

    Cette technique est liée à un système de recyclage qui revient dans plusieurs de mes objets. Je mets en branle un effet de chaîne par lequel je réalise avec les restes d’une pièce un nouvel objet.
    Cette économie du recyclage s’est mise en place après mes voyages à Cuba et en Afrique, des endroits où les conditions de vie sont tellement précaires que rien ne doit se perdre. Leur logique d’organisation est totalement l’inverse de la nôtre.
    Cette notion de recyclage vient également du fait que mes propres moyens de production ne sont pas énormes. C’est aussi une manière de travailler à l’échelle de mes moyens, pour déjouer une économie de production des œuvres d’art où le système de sous-traitance se généralise de plus en plus. J’ai peu de moyens, mais en passant beaucoup de temps avec, j’ai vraiment de quoi travailler.

    Nombre de tes outils ont également trait à la mesure et à la quantité, comme le nuancier, l’étalon ou le mètre. Est-ce parce qu’ils sont représentatifs d’un désir de maîtrise sur les choses que tu tournes en dérision ?

    En tournant en dérision mon propre désir de maîtrise sur les choses, j’introduis de la légèreté dans cet esprit de sérieux. J’ai trouvé également amusant de faire apparaître ces outils sur le terrain de l’art, qui est justement celui du non quantifiable, où l’on ne trouve jamais de valeur absolue.

    Est-ce aussi une manière de figurer ce rapport, important dans le bricolage, à la norme, au prototype ?


    Dans le bricolage, il y a en effet toujours un modèle. Mais quand on se met à en suivre l’explication du mode d’emploi pour le reproduire, il s’avère imbitable. Les gens finissent souvent par s’approprier les choses à leur manière et ce côté amateur me plaît. Il m’intéresse plus que l’idée de perfection, parce qu’on se situe au moment de la réappropriation des choses, là où le plus intéressant se produit. Ce sont ces décalages infimes entre la norme et leur réappropriation qui m’intéressent. Les outils que je fabrique et montre dans le cadre de cette exposition sont en ce sens aussi à considérer comme outils de la pensée.

    Peut-on dire que ton travail consiste à transformer les contraintes en règles du jeu ?

    Quand je démarre un projet, je fais un état des lieux des contraintes qui sont là, de tout ce qui m’empêche de le mener à bien : pas assez de place, pas assez d’argent… Il y a en général toujours ce rapport au manque.
    Beaucoup de mes pièces sont par exemple réalisées en kit, où se plient en raison du manque de place dans mon atelier. Les éléments de la contrainte conditionnent ainsi la création. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est de voir à quel point on peut transformer de lourdes contraintes en propositions légères, poétiques ou drôles qui ne portent plus la trace de ces situations pénibles qui les conditionnent.

    Le thème du bricolage rejoint finalement une problématique de fond de ton travail, parce qu’on y retrouve ce rapport à une économie de moyens.

    Ce rapport est effectivement métaphorisé à tous les niveaux de mon travail. En amenant des problèmes concrets sur un terrain ludique de création, une vraie respiration devient possible. La position du jeune artiste qui commence n’est pas toujours facile à assumer, il faut avoir une foi à déplacer les montagnes. C’est une situation étrange parce que personne ne te demande de faire cela. Cette liberté est parfois très lourde à porter.

    En sortant du circuit du besoin, les outils se libèrent de leur fonction utilitaire…


    Le côté fictif ou poétique est obtenu par ces écarts. Je travaille à l’échelle de la main, dans un souci d’analyse des choses qui nous entourent et du geste juste. Pour faire passer une idée, il n’y a pas nécessairement besoin de recourir à des gestes spectaculaires.
    Le milieu de l’art n’échappe pas à la question de la productivité et de la rentabilité. Elle met une pression énorme aux artistes. J’essaye de prendre position à ma mesure, à mon échelle, en fabriquant ces outils qui sont aussi des armes de résistance.

    Pour la galerie Eva Hober, 2005
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    Thème : Arts plastiques
  • Marguerite Pilven

    Marguerite Pilven

    Critique d'Art, Commissaire d'exposition

    www.margueritepilven.net

    Jérôme Zonder, Mise au Point

    Il y a 13 ans

    / Articles

    Jérôme Zonder, Mise au Point
    MP : Peux-tu me parler de ton outil de travail, le stylo bic, qu’est-ce qui a déterminé ce choix exclusif ?

    JZ : J’ai d’abord commencé par peindre, mais j’étais dérangé par le rapport de séduction que le spectateur entretient avec la peinture. Je voulais produire des images qui soient profondément reliées au corps, à sa matière. La peinture ne peut pas rendre compte de l’échelle de la connaissance du corps qu’on a aujourd’hui, elle ne le traite qu’à l’échelle du muscle.
    L’utilisation du bic me permet d’aller beaucoup plus loin dans l’exploration du corps et de la matière, de prendre en compte la réalité de l’atome. Ce qui m’attire également, c’est de produire un espace symbolique avec un outil commun, à la portée de tous.

    Faut-il interpréter ta série Mise au point comme un ensemble de dessins qui se répondent, une suite d’autoportraits physiques et mentaux ?


    Par le titre de "Mise au Point", je voulais essentiellement exprimer une notion de va-et-vient entre le symbolique et le réel qui caractérise la façon que j’ai de travailler. Il y a plusieurs cycles dans mon travail, des moments où je me recentre sur le sujet d’observation, où je synthétise ce que j’ai appris de l’histoire de la représentation, puis des moments où se mettent en place à partir de tout cela des espaces symboliques, des récits. La représentation me sert à penser la réalité, et inversement.
    Mon travail est comme un lieu de pivot entre des moments de précision, de conscience de ce qui est représenté, puis de perte…
    On peut parler d’autoportrait dans la mesure où il s’agit toujours pour moi de tenter de me réapproprier des récits, des narrations qui me constituent et qui déterminent ensuite le rapport que j’ai au monde, le point de vue d’après lequel j’aborde d’autres narrations, à commencer par celles des gens qui me parlent d’eux.

    Ta technique pointilliste impressionnante demande un temps d’élaboration très long, dû notamment aux grands formats que tu choisis. Que cherches-tu par cette pratique méticuleuse ?


    Ça me permet surtout d’être très précis sur les rapports de l’espace et du temps. Je cherche en fait à faire coïncider la représentation avec la réalité de ce que je veux représenter. Les sensations que j’ai du monde sont très méticuleuses, précises. Pour moi, une sensation n’est jamais floue, elle est toujours aiguë et il n’y a aucune raison de la représenter autrement. Au départ, le travail d’élaboration est très long et pénible. Il faut installer la matière, puis tout à coup, le dessin prend corps. J’entre dans la matière et ne suis plus du tout à la surface. Pour moi dessiner, c’est creuser. J’ai l’impression de rentrer dans le corps, physiquement.

    Il y a aussi une relation très forte de cette technique à tes sujets : on a chaque fois l’impression que tu cherches à provoquer un vertige chez le spectateur, tant par le sujet que par le procédé d’exécution de tes travaux, tout en points, comme si la forme allait se dissoudre.

    J’ai lu plusieurs choses concernant la neurophysiologie de la vision qui m’ont beaucoup intéressé. Actuellement, on explique très bien les circuits de canalisation, de codage de ce qu’on perçoit. Toutes ces informations qui nous arrivent produisent des images dans notre cerveau, provoquées par une suite de connexions électriques et chimiques.
    Plus la somme d’informations absorbées par l’individu est importante, plus l’impact du réel sur lui est puissant. Nous sommes submergés par cette somme d’informations qui nous arrive dessus et mon procédé plastique me permet de rentrer dans cette réalité invisible de la perception.
    J’essaye toujours de faire entrer dans mon travail un maximum de ces aspects physiques imperceptibles afin de représenter mes sujets de manière plus puissante, plus présente. Je cherche en fait à exprimer cette concentration très forte des affects.

    La grande diversité de ton vocabulaire graphique engendre une narration polymorphe. Tu puises aussi bien dans les techniques du dessin académique que dans les codes de la bande dessinée ou dans ceux du gore. Que cherches-tu à exprimer ou à provoquer chez le spectateur par ces décalages de ton ?

    Cet aspect rejoint ma tentative de penser le sujet à la lumière de la connaissance du vivant que nous avons actuellement. La neurophysiologie, qui étudie les mécanismes du cerveau a montré que la frontière entre l’imaginaire, le symbolique et la perception qu’on appelle réelle est en fait infime. Les progrès de la virtualité ont même fait exploser cette frontière. De la même manière, je cherche à provoquer des effets de transpiration entre ces différentes strates.

    Dans quel but ?

    Je fais entrer tous les niveaux de narration qui nous ont déterminé, tous les registres qui sont des continuations de l’univers monstrueux qu’on trouve depuis le Moyen-Age, pour balader le spectateur entre toutes ces strates qui rendent compte d’univers physiques et mentaux.

    Ton travail repose sur cette exploration des systèmes de narration où les mots se mêlent au dessin, faisant partie intégrante d’un système graphique hétérogène. On a parfois l’impression que la narration déraille, comme impuissante à poursuivre son histoire…

    Cela ne fait qu’un an que j’intègre du texte à mes images et je ne suis encore qu’au début de cette recherche plastique consistant à articuler ces deux dimensions. Cela va toujours dans un souci de rendre compte au maximum de ce rapport du symbolique au concret. En tant que lecteur, je suis souvent beaucoup plus fréquemment impressionné par ce que je lis que par des images ou des films que je vois. Je suis très sensible, par exemple, au travail sur le rythme et sur la répétition que l’on trouve chez Beckett. J’ai en fait un rapport très organique à l’écriture. Pour moi, celle-ci représente un espace graphique en plus, une dimension supplémentaire de mon travail.

    Il y a dans tes dessins une grande place pour la dimension sonore, pour les onomatopées et bruits de toute sorte. On dirait que tu veux faire du bruit alors que la peinture ou le dessin sont plutôt considérés comme des pratiques silencieuses.

    Le son a une nature physique qui m’intéresse, je veux rendre compte de comment il transforme l’espace. Céline m’a beaucoup marqué concernant cela, les effets obtenus par le travail sur le son, les assonances, qui permettent d’obtenir un effet bien précis. Chez Céline comme chez Beckett, le rapport entre le son et le récit est très composé, très calculé. Il y a en plus du récit, la recherche d’une articulation spatiale, d’un rythme qui est impressionnant. Il faut réussir à frotter ensemble ces deux aspects de l’expression. Physiquement, c’est très fort, cela me fait beaucoup d’effet.

    Cette confrontation de l’articulé (parties écrites) et l’inarticulé (onomatopées) est-elle une manière de signifier l’échec d’une tentative de sens ou du langage lui-même et de l’illusion de maîtrise qu’il véhicule ?

    Ce que je représente est beaucoup plus pauvre que ce que je voudrais en fait pouvoir prendre en compte. Il y a à la fois la façon qu’on a de se raconter et d’être contaminé par tout ce qui nous raconte, qui parasite nos récits et les met à mal. La fonction de narration est pour moi la même chose que le fait de gérer sa constitution, sa représentation physique. Le sujet devient l’objet d’informations qu’il ingère constamment et qu’il a du mal à structurer. Nous nous constituons en tant que sujet par la narration mais ne savons plus toujours très bien à quel récit nous raccrocher.

    Est-ce une façon de signifier l’impossibilité d’avoir une vue d’ensemble cohérente du monde, une absence de maîtrise sur le monde et sur soi ?

    Je cherche à susciter une relation réelle, vécue physiquement et de manière précise, avec tout ce que cela a de vertigineux. Ce qui m’intéresse est cette réalité d’un corps ouvert, en permanence traversé par des flux de nature diverse, contraire à la démarche qui consiste à placer un objet dans un espace neutre comme le fait l’Académie et qui est une vue de l’esprit.
    Considérer le corps comme fermé, chosifiable, est une pure abstraction, un aspect que l’on trouve d’ailleurs dans les esthétiques prônées par le totalitarisme.

    Pour la galerie Eva Hober, 2004.
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    Thème : Arts plastiques
  • Marguerite Pilven

    Marguerite Pilven

    Critique d'Art, Commissaire d'exposition

    www.margueritepilven.net

    Jérôme Zonder, Poussière de Guignol

    Il y a 13 ans

    / Articles

    Jérôme Zonder, Poussière de Guignol
    De la mythologie au fait divers, du dessin académique au gribouillage d’enfant, de Dürer à Walt Disney, le dessinateur Jérôme Zonder jette des univers les uns contre les autres dans de grands dessins figuratifs, à l’encre et au graphite, ainsi qu’avec des masques et des figurines, réalisés en papier mâché. Piochant dans une palette graphique qu’il souhaite la plus ample possible, Zonder place le spectateur en face de représentations où coexistent des styles hétérogènes. La pre- mière « violence » des dessins est stylistique. Elle disloque toute cohérence sémiologique pour la déglinguer en une fièvre cacographique.

    S’emparant de symboles iconographiques forts, extraits de l’esthétique nazie, de l’univers de l’enfance et du dessin animé, Zonder revisite ces formes de narration dans ce qu’elles supposent d’innocence (dessins d’enfants, ligne claire) et de cruauté (réalisme, caricature), à travers des mises en scène à la tonalité gore où sexe et barbarie font bon ménage.
    Avant de mélanger librement ces écritures, Zonder a pris le temps de les affûter une par une, en explorant leur logique de représentation, leur force intentionnelle et leur pouvoir de suggestion. Plutôt que des supports de récit, les procédés narratifs sont avant tout, pour l’artiste, des outils créateurs d’effets, comme on parlerait d’« effets spéciaux » au cinéma, capables de provoquer des impressions vertigineuses de réel.

    L’un des ressorts des dessins repose sur le télescopage d’univers antinomiques, et la recherche de dissonances graphiques provoquant des clash visuels. Cette opposition des contraires cristallise dans les personnages d’enfants prédateurs qu’il met en scène. Faisant coïncider la naïveté et la bestialité, les enfants prédateurs représentent un espace impossible où des extrêmes se touchent. Un impossible que toute culture a su mettre en image pour s’en démarquer et se redéfinir du même coup dans les contours, rassurants, de son identité. L’enfant prédateur procède d’une logique de représentation similaire à celle qui mena au- trefois les grecs à fixer le buste d’un homme à l’arrière- train d’un cheval. Est- ce pousser trop loin que de comparer la figure du Centaure, violente et lubrique, à celle de l’Enfant Prédateur ? Pas si, au delà du relativisme culturel qui les inscrit dans des schèmes conceptuels incomparables, on perçoit ces créations comme des figures qui donnent corps au monstrueux, par un collage inouï.

    Organisant l’espace d’exposition en un dispositif théâtral qui s’articule autour d’une marelle dessinée au sol, Zonder inscrit d’ailleurs explicitement ces tra- vaux dans un contexte universel de divertissement et de mascarade qui passe par le marquage préalable d’un territoire imaginaire. L’enfant dit « pouce » ou « pour du beurre » et les civilisations ponctuent leur calendrier de fêtes, pour interrompre « l’ordre du monde » et lui opposer « l’effervescence de la fête1 », planifiant des carnavals où sont officiellement autorisées la transgression des codes sociaux et la levée des tabous. A l’échelle de leurs espaces spécifiques, mythes, fêtes populaires et jeux d’enfant fixent des règles qui contrôlent et per- mettent ces expériences d’altérité radicale que sont la confrontation du sujet à la barbarie, à la folie ou à la mort.

    Zonder transpose ces expériences limites dans l’espace symbolique du dessin. Il explore les limites d’un langage graphique, le point où il bascule et s’aliène dans un récit polymorphe. En un principe similaire à celui de la marelle, il opère des sauts d’un espace symbolique à un autre et en éprouve les frontières. Le « ciel » et la « terre » qui ferment la marelle à ses extrémités redisent ce grand écart symbolique où Zonder circule, dans sa tentative obstinée de concentrer, en une vision, la somme des mondes, physiques et symboliques, qui nous constituent. Le pôle « ciel » s’accompagne du seul dessin abstrait de l’exposition. Exclusivement composé de cercle aux échelles variées, il déploie un réseau graphique complexe qui constitue, pour Zonder, une matrice de ses recherches plastiques, où apparaissent en germe les thématiques de la connexion, du réseau et du raccourci, de la transformation et de la recherche des limites, à l’œuvre dans tous ses dessins.

    A l’autre pôle de la marelle, un « dessin noir », réalisé à la mine de plomb sur une feuille recouverte d’encre de chine, représente un cadavre. Ce dessin noir sur fond noir joue sur la notion d’irreprésentable et invoque ce mécanisme ima- ginaire qui consiste à fantasmer des images, celles de nos propres angoisses, qui nourrissaient la « peur du noir » de notre enfance. Revus sous ce prisme de la peur et de la paranoïa, les dessins de Zonder apparaissent aussi comme de fantastiques dispositifs sémiologiques où la tentative d’édification d’un discours scientifique, politique, éducatif ou religieux, face au vertige de l’inconnu, est parodiée avec force.

    Au delà de la violence des sujets traités, le caractère dérangeant des œuvres de Zonder provient surtout de sa maîtrise, froide et musclée, de procédés de re- présentation graphiques dont il massacre sciemment la logique, pour construire un langage qui dit son impuissance à construire ce Grand Récit du monde dont rêvent les idéologies.

    1 Roger Caillois, l’homme et le sacré, p.129, ed. Folio Essai.

    Marguerite PILVEN, novembre 2009.

    Communiqué de presse pour la Galerie Eva Hober.
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    Thème : Arts plastiques
  • Anne Claverie

    Anne Claverie

    Sculpteur, Plasticienne

    www.anneclaverie.com

    Par Olivia de Smet

    Il y a 13 ans

    / Bio

    Pneumanie

    Le caoutchouc est la matière première des objets oniriques de la sculpteuse au confluent du végétal et de l’industriel.

    Réservée et l’œil rieur, Anne Claverie, artiste française née en 1974, a compris dès le début de sa formation à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris que pour que sa sculpture existe, il lui fallait trouver une idée visuellement forte. Elève du célèbre sculpteur gallois Richard Deacon, elle prend goût auprès de lui aux matières brutes et à sa façon de rendre visible les processus de fabrication. Le principe de son œuvre devient alors évident : récupérer, accumuler et transformer des matériaux industriels ou naturels. Dans un premier temps, elle découpe, forge, transperce des tubes de métal pour créer des installations in-situ. Commence ensuite une série d’œuvres avec des écorces de bouleau, notamment, « hybridation dans un parc », où l’artiste habille, avec beaucoup d’humour, un poteau électrique. Depuis quatre ans, son travail monothéiste est entré dans l’adoration du caoutchouc, devenu l’objet de sa fascination. Et lorsqu’Anne Claverie nous parle de ses œuvres, nous sommes face à une pneumaticienne. Le pneu, matériau d’apparence difficile, est dompté, comme anobli par celle qui voit dans ses stries une matière vivante, « une texture de peau ou les lignes d’une main ». Comme dans un codex, les rainures des pneus deviennent des écritures archaïques et des dessins dont elle choisit minutieusement les directions pour construire ses œuvres énigmatiques. Autour d’un chocolat chaud, elle admet timidement que les livres pour enfants sont une de ses sources d’inspiration pour les formes végétales et animales qu’elle y trouve. L’œuvre d’Anne Claverie interpelle et entraîne dans un monde onirique avec ces « otni » (objets terrestres non identifiés) de caoutchouc, peu traditionnels.

    Olivia de Smet, CLES n°71 juin-juillet 2011.
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