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  • Texte par Marguerite Pilven

    Il y a 7 ans

    / Presse / Non Non Non

    Texte par Marguerite Pilven
    Non Non Non… Elvire Bonduelle ne se livrera toujours pas au bon sens. Voudrait-elle au moins faire un effort ? Elle invente des coussins qui sont comme des cales, triangulaires et imprimés faux bois pour donner, malgré tout, un peu de tenue à son grand corps dégingandé. Mais c’est compter un peu vite sur la demoiselle qui, avec malice, se ménage aussi la possibilité de les adapter à ses poses alanguies. Comme dans un tour de passe- passe, elle les assemble en diverses configurations qui oscillent entre l’ordre et le désordre, l’homogène et l’hétérogène. Devant ces propositions à l’équilibre fragile, on se demande lequel de ces deux éléments, corps ou coussin-cale, a dû s’adapter à l’autre pour parvenir enfin à un point d’harmonie ! Car même s’ils sont mous, les coussins de forme triangulaire restent assez peu adaptés aux courbes du corps. Au final, on ne saura jamais vraiment si Elvire s’y love ou s’y cale. Il semblerait qu’à travers ses propositions absurdes, comme avec cette vidéo intitulée « il faut que je m’assouplisse », Elvire flirte constamment avec l’idée de conditionnement, et d’adaptation aux lois sociales. En travaillant cette tension entre des formes géométriques et organiques, qui est une problématique classique de la sculpture, Elvire file l’air de rien la métaphore d’un monde dur et hostile qu’il s’agit de rendre plus confortable. Elvire s’agite dans des films d’animation réalisés par ses soins.
    Elle bricole des éléments de décor avec du carton pour décrire ses maladresses et menus malheurs domestiques. Et bien qu’elle finisse par conclure qu’il faut
    « se détacher des petites choses », l’enfer se situe encore du côté de ces objets sur lesquels elle n’a pas prise.

    Les propositions d’Elvire Bonduelle prennent également la forme de comptines semi-innocentes qu’elle chantonne sur des musiques sautillantes et acidulées, composées et jouées au synthé par son ami et complice Séverin Tézenas. Sur l’un des clips les accompagnant, son corps se trémousse avec une maladresse enfantine, au milieu de nuages, dans un monde aérien qui a l’avantage de ne pas être étriqué. La thématique du corps est omniprésente dans les propositions d’Elvire. Ses éléments de mobilier ou obstacles pour faire de l’exercice physique sont autant de propositions à la fois ironiques et thérapeutiques tournant autour d’un même sujet : l’entrée dans l’âge adulte et l’esprit de sérieux.
    Comme pour retarder le passage obligé dans la raideur de ce monde, Elvire emprunte, avec une pointe d’humour et de provocation, les sentiers de la régression. Par de constantes allusions à la petite enfance, elle évoque un stade où l’on se confronte encore au réel par le biais d’objets transitionnels. Des rideaux sont imprimés avec les lettres KK de couleur marron et « PP » (pie grec deux fois) de couleur jaune, couleurs que l’on trouve également dans les coussins- cales. La pièce intitulée Lit d’ami se compose quant à elle d’un matelas découpé en étoile et recouvert d’une housse jaune pipi, avec, posé en son centre telle une offrande, une couette et un oreiller marrons mis en forme d’étron géant.  Qu’on ne se méprenne donc pas sur l’évidence de ces pièces qui, derrière une naïveté de façade, s’avèrent plus ambivalentes qu’on ne pourrait le penser.

    Marguerite Pilven, communiqué pour l'exposition personnelle Non Non Non, Galerie DeDiBy, juillet 2006.
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    Thème : Arts plastiques
    • 1 - marseille dessin ombres
      marseille dessin ombres
    • 2 - dess salle d'att
      dess salle d'att
    • 3 - dess tapisserie
      dess tapisserie
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    Thèmes : Arts plastiques, Dessin
  • En préparation un beau livre avec la poétesse Nitcheva Osanna aux éditions Orbis pictus club, imprimé en gravure et sérigraphie. Sortie en septembre 2017.

    L'avant-bras

    Ton avant bras
    Vaisseau fertile
    Aux embouchures
    Veinées à bloc
    Où je mouille
    A grandes eaux
    Femme fontaine
    A tous les ports
    Ton avant bras
    ma péninsule
    Les embouchures parallèles
    Ne se rejoignent
    Jamais
    Mais je trace
    Une perpendiculaire
    Personne
    A l'angle mort
    Ton avant-bras
    Ma ligne droite
    Et les feux rouges de ton sang
    Eclatent à l'orange
    Je bois
    je fume
    Tes laves avides
    Je me saigne enfin
    Je me pose dans l'aorte
    Ton avant-bras ma coupe pleine,
    Electrique

    Le doigt

    Ton doigt baobab
    Totem ardentEt les satellites ondulatoires
    Tracent des réseaux au carré
    La mariée en ombre chinoise
    Décortique l'espace
    En petits firmaments
    Je ne mangerai pas ma cendre
    Le poème a son feu
    Alors sa langue
    Me tournera autour
    Tant et si bien
    Que tes mains
    Diront
    La
    Quadrature
    Aux terres
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    • 1 - peaux d'anne 1
      peaux d'anne 1
    • 2 - peau d'anne 2
      peau d'anne 2
    Le documentaire sur mon travail "Peaux d'Anne" sera présenté pour la première fois à l'Etrange Festival, les 7 et 9 septembre 2017 à 21h15

    Grandes lignes de l’intrigue
    "Ne pas mollir. C’est bien le moindre des impératifs si on veut plonger, une par une, dans quelques unes des oeuvres sauvages de la peintre et dessinatrice Anne Van der Linden. Quelques complices en dépeçage vont se risquer sous vos yeux à fouiller ses chairs, retourner ses peaux, et même à affronter le regard glaçant d'une Méduse en passe de s'échapper de son atelier."
    Durée de l’opération : 32 mn

    Intervenants : Jacques Noël, Bruno Richard, Robert Combas, Placid, Jean-Louis Costes, Sarah Fisthole
    Musique : "Maldoror is Ded Ded Ded", Écrit et composé par David Tibet et Current 93, avec l’autorisation de Domino Publishing Company Ltd (PRS)
    "Sentimental Journey" de Brown, Homer, Green et "Didjoohaffun"
    de Jasmine Yousoufian par Jasmine Vegas
    Réalisation : Claude Grunspan
    Image : Claude Grunspan et Anne Van der Linden
    Etalonnage : Laurent Lindebrings
    Mixage : Olivier Lafuma
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  • Marguerite Pilven

    Marguerite Pilven

    Critique d'Art, Commissaire d'exposition

    www.margueritepilven.net

    Florence Chevallier, désir d'image, Les Plaisirs
    "Dans l'histoire humaine, la fabrication des images atteste une persistance et une continuité au moins égales à celles de la "question de soi"1 écrit Hans Belting. C'est aussi ce qui constitue le fil rouge du travail photographique de Florence Chevallier.  De ses premiers autoportraits réalisés entre 1979 et 1986 aux sujets observés qu'elle nomme "modèles", des mises en scènes de sa vie de couple aux paysages urbains qu'elle traverse dans le Casablanca de son enfance,  tout gravite autour de la question suivante : en quoi ce que je regarde peut-il faire sujet pour autrui ? Cette question se double aussi d'une autre, plus anthropologique, liée au statut même de l'image, à la nécessité d'en faire pour conjurer une absence, coïncider avec son moi profond et trouver les conditions de ses manifestations au cœur d'un expérience sensible, partagée.

    Le panneau de 4 mètres, composé de quatre photographies, qu'elle expose dans la chapelle Saint-Drédeno pourrait sembler tout à fait déconnecté de ces interrogations premières et substantielles. Il les exprime au contraire avec plus de force en se détachant de tout sujet immédiatement identifiable. Le sujet, ici, c'est l'image elle-même,  et plus précisément cet obscur "désir d'image" dont la photographe n'a cessé d'interroger le sens à travers une œuvre profondément autobiographique.

    Explorant les libertés de manœuvre permises par la post production numérique,  Florence Chevallier découpe, détoure et assemble des étoffes qu'elle a précédemment photographié en studio. Ces compositions font écho à une série antérieure réalisée en 2005, intitulée La Chambre invisible. Les icônes informatiques qui en surgissent n'ont rien d'une vanité ; elles évoquent plutôt les jeux miroitants de Zarathoustra, ce dieu au pied léger frôlant l'épiderme des apparences que célébrait Nietzsche, philosophe soupçonneux des profondeurs de la psyché pour qui "tous les préjugés viennent des entrailles." Ainsi, c'est plutôt d'un esprit baroque qu'il faudrait les rapprocher, un art de l'apparence aimée pour elle-même, où les voluptés labiles du pli et de la chair affirment une beauté vertigineuse, éphémère. Des floraisons colorées de tissus surgissent d'un fond noir, elles s'ouvrent en corolles béantes et comme vivantes, elles dégoulinent aussi parfois, fluides, semblables à des coulures de peinture.

    Il n'y a pas de place pour le drame ici, c'est bien plutôt par une forme de détachement assumé que Florence Chevallier retrouve cet effet de sublime proche de celui qui agite les grandes allégories de la peinture maniériste et de ses maîtres les plus connus (Pontormo, El Greco).  "J'essaye de créer, d'inventer un sens avec des matériaux libres que je libère de leur "vérité" historique, doctrinale. Je prends des bribes référentielles (...) et je leur fais subir une anamorphose : procédé connu de tout l'art maniériste" expliquait Roland Barthes dans une conférence donnée au Collège de France 2. Dans le fond, c'est peut-être lorsqu'on s'éloigne de toute tentative de vérité (et du drame qui s'en suit nécessairement - Hegel parlait de "conscience malheureuse" -) que s'ouvre un autre espace de possibilités; celui où l'auteur devient le creuset d'une mémoire collective, celle qui travaille tout créateur à son insu. Or quel meilleur endroit qu'une chapelle pour célébrer l'image et son puissant pouvoir de suggestion ; et ainsi affirmer le plaisir - et la nécessité vitale - de la réinventer chaque jour ?

    Texte écrit pour le catalogue L'Art dans les chapelles, 2017, 26e édition, 2017.

    1 Hans Belting, Pour une anthropologie des images
    , Paris, Le Temps des Images/ Gallimard, 2004.
    2 Roland Barthes, Le Neutre, (cours au Collège de France 1977-1978), Paris,  Seuil / Imec, p.98

    Crédit photo Aurélien Mole
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    Thème : Arts plastiques
  • Texte par Jérémy Liron

    Il y a 6 ans

    / Presse / Le meilleur Monde

    Texte par Jérémy Liron
    Parfois il s’agit de dénoncer les atrocités du monde lui renvoyant à peine grossies parfois les images les plus laides qui le font. Ce fut le cas des artistes de la nouvelle objectivité, Groz, Dix, Beckmann et quelques autres. D’autres ont suivi, tantôt ironiques, dérisoires, absurdes, tantôt crus et écœurants de la sécession viennoise, Herman Nitsch en tête, jusqu’à Thomas Hirschorn aujourd’hui en passant par l'histoire du Cabaret Volltaire. Parfois, il s’agit de sonder le monde et d’en restituer objectivement, sans passion, la physionomie. C’est alors de trouver les formes susceptibles de nous approcher du réel fuyant. Enfin, et on l’a dit souvent des poètes mais ça serait réduire, l’art quelque fois consiste à opposer au tragique de la réalité un monde autre, comme un refuge. Le projet d’Elvire Bonduelle tient un peu des trois propositions et, sous une allure légère, une utopie gentille, elle nous dessine les contours d’un monde meilleur qui ne va pas sans dialoguer avec ce monde tragique que nous habitons. L’objet : un journal composé d’articles patiemment prélevés sur de nombreux numéros de manière à ne faire état que de choses positives ou du moins semblant l’être dans les termes. Bricolé et mince, il se donne à voir comme une chimère, une fragile utopie, un négatif dérisoire du monde ordinaire. Il n’est question que de réconciliation, d’espoir, de baisse des prix, de relance économique, d’aide, de processus de paix. Une échappée dans le monde sucré d’Amélie Poulain. Loin du spectaculaire macabre ou du fait divers à sensation, le meilleur monde nous offre une petite bouffée d’oxygène, nous aide à espérer encore, à croire à un autre monde possible qui, tapis au cœur de celui-ci n’attendrait que l’on veuille lui prêter attention. A peine plus de 10 pages, c’est peu, et ça sonne comme une critique discrète de la presse ordinaire se régalant de sordide, jouant de la terreur par la surenchère, ou du monde qui produit ces images. On sait que toute image, toute énonciation est nécessairement une interprétation, un cadrage, un point de vue. Chris Marker en avait fait déjà la démonstration édifiante dans sa lettre de Sibérie : toute est affaire de point de vue. Chaque point de vue change le monde. C'est peut-être un bon point de départ. 

    Jérémy Liron, lespasperdus.blogspot.com, juillet 2010.
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    Thème : Arts plastiques
  • Texte par Domitille D'Orgeval

    Il y a 6 ans

    / Presse / Dessins

    • 1 - catalogue image
      catalogue image
    • 2 - catalogue image
      catalogue image
    Les 150 dessins d'Elvire Bonduelle, rassemblés à la manière d'un catalogue raisonné, affirment leur existence comme fin en soi mais aussi comme moyen d'expression privilégié par l'artiste. Réalisés entre 2007 et aujourd'hui, ils sont exécutés avec précision et minutie, « à la règle » selon les termes d'Elvire Bonduelle, et avec un outillage simple : crayons de couleurs, feutres, stylos bille, papier au format A3 ou A4.
    Mêlant le vocabulaire de l'architecture à des motifs ornementaux et à des éléments de décoration éclectiques, ces dessins renvoient aussi bien au Pop Art de Claes Oldenburg, au design radical d'Ettore Sottsass, qu'aux espaces métaphysique de De Chirico. Souvent énigmatiques, parfois absurdes et  comiques, ils se classent en séries, qui se réfèrent par un perpétuel jeu de citations et de croisements à d'autres réalisations de l'artiste, et dont les frontières perméables semblent se moquer des typologies qu'elles recouvrent. Certains dessins décrivent des espaces ouverts sur un infini insondable et que structurent des pièces de mobilier imaginaires ou des fragments d'ornements architecturaux ; d'autres sont des univers clos et verrouillés, dont les chaises vides aux dimensions parfois disproportionnées, les bureaux d'informations désertés, évoquent le vide existentiel des salles d'attente. Plus concrète dans son propos, la série « Maison, voiture, chien », tournant en dérision le bonheur bourgeois, se livre à un inventaire drôle, féroce, et particulièrement jouissif de ses attributs, notamment celui de la maison du bonheur.
    À la manière des dessins de Bruce Nauman, ceux d'Elvire Bonduelle l'aident à penser le monde comme d'autres les concepts. Renvoyant aux relations qui existent entre les gens, les pensées et l'espace qu'ils occupent, ces dessins mettent en scène, avec l'ironie légère propre à l'artiste, notre rapport à la vie et à la mort, au plaisir et à la douleur, au passage du temps, aux rituels du quotidien.

    Domitille d'Orgeval, préface au « Catalogue raisonné – Les dessins à la règle », 250 exemplaires numérotés signés dont 25 réhaussés de couleur, Editions Onestar Press, 2011
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    Thèmes : Arts plastiques, Dessin
  • Au moyen de dessins, d'objets et de mobiliers aux formes volontairement simples et dépouillées, Elvire Bonduelle imagine depuis quelques années des "installations praticables." Ses « Moulures » ont été inspirée par celles des moulures haussmanniennes, ornements rejetés par le modernisme. Elles semblent suivre la pensée fonctionnaliste d'après laquelle la forme de l'objet doit épouser sa fonction, évacuer les détails inutiles. Elvire Bonduelle a d'abord pensé les dessiner d'après les proportions du Modulor, un standard corporel imaginé par le Corbusier. Elle les adaptera finalement aux mesures de sa propre silhouette, rappelant peut-être ainsi que le confort est affaire de chacun.Dans le cadre de l'exposition de saint Dié, cette "dictatrice du bonheur", ainsi qu'elle aime à se définir, s'attache à "concevoir" des zones de confort où s'asseoir dans l'espace d'exposition, pour en favoriser la contemplation. D'après l'artiste, les musées tendent souvent à oublier le corps pour ne favoriser que la projection mentale dans les oeuvres. En imaginant un art sur lequel on s'asseoit, Elvire Bonduelle tente ainsi de restaurer un équilibre entre le corps et le décor.
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    Thème : Arts plastiques
  • Elvire Bonduelle invites us to "Take it easy, Billy" where we are no longer brought into one of the artist's infamous "waiting rooms", but are rather invited to relax and take one's time contemplating upon the very catch phrases employed within this exhibition at onestar press; to re-learn in fact how to slow down the speed of life. Rather than killing time, we are now given the chance to regain it. Employed with such phrases as "Money Honey" (wall drawing), and a selection of black metal benches aptly entitled "Relax Max", "Cool Raoul" and "Take it easy, Billy" (upon which we are invited to take a respite) the artist's installation is lastly punctuated with a new series of never before exhibited series of whimsically drawn "Instrumental Paintings" of which there are 4 to gently remind us of those lessons we have so hurriedly forgotten to take.
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    Thème : Arts plastiques
    • 1 - invit art's factory
      invit art's factory
    • 2 - atelier juillet 2017
      atelier juillet 2017
    • 3 - atelier juillet 2017 2
      atelier juillet 2017 2
    Mes toiles sont sur le départ pour Art's factory, rendez-vous fin Aout!
    "RIOT GIRLS / les filles cachées de Clovis Trouille avec Maya McCallum, Anne Van der Linden, Céline Guichard & Nadia Valentine
    vernissage le jeudi 31 août de 17h à 21h exposition du 1er au 23 septembre 2017
    galerie arts factory 27 rue de charonne 75011 paris du lundi au samedi 12h30-19h30 / infos : 06 22 85 35 86 / www.artsfactory.net"
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