TOUS LES ARTICLES

  • Expositions "Habiter la Goutte d'or" en Basse-Normandie
    Poésie d’Atelier, Elodie Marville. Photographies d’Hortense Soichet, 2011
    «Poésie d’Atelier» est un hommage à des artistes d'exception. Elles sont dix femmes, dix créatrices, costumières, bijoutières, céramistes, modistes... Elles habitent à Toulouse ou dans des villages de la région Midi-Pyrénées. Elles ont chacune un atelier, un lieu insolite, secret dans lequel s'expriment leurs rêves et leurs passions.
    Ce livre fait de photos et de témoignages vous propose un voyage au coeur de leur univers et ainsi découvrir pudiquement l'intimité de la création. Derrière ce livre se cachent plusieurs ambitions: celle de la poésie et de l'originalité et celle plus engagée de mettre en avant le courage de ces femmes.
    Difficile aujourd’hui de créer de ses mains, de proposer des pièces uniques et originales face à une production industrielle dominante et uniforme et à un contexte économique difficile. Elles comme moi faisons le pari que l'on peut redonner de la valeur aux créations réalisées à la main et inciter à une consommation réfléchie et plus intime.
    Elodie Marville (Sacadidie)
    Exposition itinérante de la série "Habiter la Goutte d'Or" en Basse-Normandie dans le réseau d'espaces art  actuel organisée par la DRAC Basse-Normandie et l'Académie de Caen
    Exposition et ateliers au collège de Carentan en janvier et février 2014
    Exposition et ateliers au collège de Montmartin sur Mer en février et mars 2014

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  • Http://lemagazine.jeudepaume.org/2014/01/le-seminaire-photo-2014-hortense-soichet-37/
    Discussion avec Michel Poivert dans le cadre du séminaire photographique
    organisé par la Maison du Geste et de l'Image, l'Université Paris 1 Sorbonne et la Société française de Photographie le jeudi 19 décembre à 18h
    Discussion avec Michel Poivert dans le cadre du séminaire photographique organisé par la Maison du Geste et de l'Image, l'Université Paris 1 Sorbonne et la Société française de Photographie le jeudi 19 décembre à 18h.

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  • Discussion avec François Soulages autour de la sortie du  livre "Photographie & mobilité"
    Pratiques artistiques contemporaines en déplacement
    Le jeudi 19 septembre 2013 à 19h00
    Espace L'Harmattan -
    21 bis rue des Ecoles, 75005 Paris Métro Maubert-Mutualité, ligne 10 - Bus 63, 86, 87
    www.harmattan.fr
    Le jeudi 19 septembre 2013 à 19h00

    Espace L'Harmattan
    21 bis rue des Ecoles, 75005 Paris
    Métro Maubert-Mutualité, ligne 10 - Bus 63, 86, 87
    www.harmattan.fr
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  • Exposition "Espaces partagés", Beauvais
    Jean-Michel Léger, « Chez soi, loin des clichés », in metropolitques.eu publié le 16 décembre 2011.
    Que nous racontent les intérieurs sur leurs habitants ? Cette question a guidé l’enquête photographique d’Hortense Soichet portant sur quarante-sept logements dans le quartier parisien de la Goutte d’Or. À la croisée de l’art et de l’ethnologie, ses photographies documentent les multiples façons d’habiter un même territoire urbain.
    La photographie d’intérieur(s) est un genre où l’on distingue deux tendances : celle qui photographie l’habitant, généralement en pose, et celle qui met celui-ci hors-champ. Les photographies d’Hortense Soichet appartiennent au second courant. À les regarder, il saute aux yeux que l’habitant y serait de trop, alors qu’il est pourtant chez lui. Car il capterait forcément le regard, il deviendrait le sujet des photos et son intérieur ne serait qu’un décor. « Ne montrer personne, c’est justement montrer quelqu’un » dit Paul Ardenne, l’un des auteurs du livre, comme si les photographies d’Hortense Soichet étaient occupées par l’absence de l’occupant. C’est donc bien par comparaison avec la première tendance que l’on perçoit l’intérêt de la seconde pour décrire le petit monde domestique. Les ethnologues nous avaient déjà appris l’extraordinaire capacité de création des habitants, mais les photographies d’Hortense Soichet nous révèlent surtout la grande diversité sociale et la vitalité de la Goutte d’Or, dont le nom évoque davantage que celui de « Barbès » dans l’imaginaire des Parisiens.
    À regarder ces photos, comment expliquer que l’on distingue à peine l’ordre de certains appartements du désordre d’autres ? Sans doute parce que l’égal silence des intérieurs s’oppose au vacarme de la rue, et parce que la beauté de ces images doit beaucoup au dispositif de la prise de vue – éclairage uniforme, grand angle sans déformation, cadrage diagonal le plus souvent, axial parfois – soutenu par une photogravure soignée et le choix d’un papier couché, médiums et toucher qui sauront résister à la tablette numérique. Affirmer que ces photos sont « belles » prend le risque de dire qu’elles esthétisent les intérieurs les plus misérables, dont la Goutte d’Or ne manque pas, bien que l’on soit surpris par le nombre d’appartements louis-philippards et haussmanniens. S’il y a une beauté des images, elle n’est finalement pas tant dans l’esthétisation que dans la « mise en confiance du regard » du lecteur avec toutes ces vies privées, dont certaines sont réellement privées de tout confort. La brièveté des légendes ne manque pas, d’ailleurs, de rappeler l’Existenzminimum [1] de certains logements (4 habitants, 1 pièce, 25 m²), à deux pas d’intérieurs confortables, sinon bourgeois, d’autres appartements (2 habitants, 5 pièces, 135 m²). Enfin, la systématisation de la présentation de chaque intérieur en une vue large, en trois quarts de page, suivie de six vues de détails sur une double page, n’est pas banale, elle non plus.
    Les textes de Paul Ardenne et de Yankel Fijalkow sont là pour rendre compte de l’apport d’Hortense Soichet tant à l’art photographique qu’aux sciences sociales. Paul Ardenne resitue le travail d’Hortense Soichet à l’intérieur du genre de la photographie d’intérieur(s) et note que la sensibilité des zones urbaines sensibles pourrait être celle de ses habitants, eux-mêmes sensibles à cette plaque tournante qu’est Barbès. Yankel Fijalkow restitue, quant à lui, l’histoire de l’ancien îlot de la Goutte d’Or, en partie toujours insalubre, mais rejoint Paul Ardenne dans son évocation d’une insalubrité qui rend les habitants plus sensibles aux contraintes de l’existence, quand l’intensité urbaine et la suroccupation des mètres carrés peuvent rendre fous.
    Signalons enfin que, avec cet ouvrage, Créaphis Éditions confirme sa double place d’éditeur de photographie et d’éditeur de sciences humaines, quitte à ce que les libraires doivent en classer un exemplaire dans leur rayon « Photographie » et un second dans celui de la sociologie urbaine. Après avoir publié les photographies de Jean-Christophe Ballot, Anne-Marie Filaire, Gladys, Jill Hartley, Olivier Pasquiers, François Sagnes et tant d’autres, Créaphis Éditions rend ainsi visible une nouvelle génération de photographes et témoigne du rôle irremplaçable que tiennent les petits éditeurs sur la scène culturelle française.
    à la médiathèque de Beauvais du 14 septembre au 9 novembre 2013. Des visites guidées auront lieu le samedi 14 septembre et le vernissage se déroulera le mardi 17 septembre à 18h.
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  • Exposition "Habiter la Goutte d'Or"
    Exposition « Habiter la Goutte d'Or » dans le cadre de la Quinzaine Photographique Nantaise à la galerie de l'ESBANM du 13 septembre au 13 octobre 2013.

    Le vernissage aura lieu le vendredi 13 septembre à partir de 15h.
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  • Cv

    Il y a 9 ans

    / Présentation / Biographie / Curriculim vitae

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    Formation

    2006-2010 : Doctorat théorique en Esthétique, Sciences et technologie des Arts, mention très honorable, Université Paris 8 (sous la direction de François Soulages).
    2005-2006 : Master 2 Recherche en Arts Plastiques, spécialité photographie, mention très bien, Université Paris 8 (sous la direction de Jean-Claude Moineau).
    2003-2005 : Maîtrise des Sciences et techniques en Photographie et Multimedia, mention très bien, Université Paris 8 (sous la direction de Jean-Claude Moineau).

    Expositions personnelles

    2014 Espaces partagés, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Mois de la Photo à Paris / Parcours Paysage, Centre National des arts de la rue Les Pronomades, Encausse-les-Thermes / Espaces partagés, Centre Méditerranéen de l’Image, Malves-en-Minervois / Dispositif Panorama DRAC Basse-Normandie et Académie de Caen, série Habiter la Goutte d’Or.
    2013 Espaces partagés, Beauvais, médiathèque François Mitterrand (Beauvais) / Restitution de résidence, quartier du Viguier, Carcassonne, Le Graph-Centre Méditerranéen de l’Image / Images du logement social, théâtre municipal de la ville, Rencontres Nationales du Logement et de l’Habitat, festival Voies Off, Arles.
    2012 Des habitants : la Haute-Garonne, Centre d’Art Contemporain Chapelle Saint-Jacques, Saint-Gaudens / Espaces partagés : La Noue / Clos Français, Montreuil, exposition dans le quartier de La Noue, en partenariat avec la ville de Montreuil et l’ACSE / Espaces Partagés, galerie Le Sas, Montreuil / Des habitants : la Haute-Garonne, Plateforme d’Art de Muret / Les territoires de l’ordinaire, Fondation Espace Ecureuil pour l’Art Contemporain, Toulouse.
    2010  Habiter la Goutte d’Or, Eté Photographique de Lectoure / Habiter la Goutte d’Or, rue de Fleury, Paris. Mois de la PHOTO-OFF.

    Expositions collectives
    2014 La Festive 2014, Lieu international de résidence et de création artistique, Le Moutier d’Ahun (23) / Inter Kultur Foto Art Paris-Stuttgart, Stuttgart, Allemagne.
    2013 Quinzaine Photographique Nantaise, série Habiter la Goutte d’Or / Mostra de Mende, série Des Habitants, la Haute-Garonne.
    2012 Rencontres photographiques de Solignac, galerie l’œil écoute / Cheminements, Centre d’art et photographie de Lectoure / Nul n’existe sans habiter, Pavillon Blanc, Colomiers.
    2011 La Goutte d’Or s’expose, Institut des Cultures d’Islam, Paris. 2009 / Le Sensible contemporain, Galerie de l’Ecole des Beaux-Arts, Salvador de Bahia, Brésil.
    2008 Le Voyage, Festival International de la Photographie de Lianzhou, Chine / Déplacement, Cycle « Déplacer/Recréer », musée du Montparnasse, Paris / Déplacement, festival franco-chinois Croisements, galerie Inter, 798 Art Zone, Beijing.  

    Collections
    Acquisition de 50 tirages de la série Habiter la Goutte d’Or, Musée Carnavalet, Paris, 2011. Collections privées.

    Editions
    Livres
    Ensembles, éditions Créaphis, mars 2014, texte de Michel Poivert et Jean-Michel Léger / Mobilité et photographie. Pratiques artistiques en déplacement, éditions l’Harmattan, juillet 2013 (ouvrage théorique) / Aux Fenassiers, éditions Créaphis et Ville de Colomiers, octobre 2012. Graphisme Thomas Petitjean, texte Antoine Choplin / Intérieurs, logements de la Goutte d’Or, éditions Créaphis, octobre 2011. Texte de Paul Ardenne et Yankel Fijalkow.
    Multiples
    Le guide Jaune de Rofinget, Mouloud Akkouche et Hortense Soichet, produit par les Pronomades, juillet 2014 / www.leshabitants.com (site réalisé pour le projet « Des Habitants, La Haute-Garonne », mis en ligne en avril 2012) / Des habitants, la Haute-Garonne, catalogue d’exposition, texte de Valérie Mazouin, printemps 2012 / Edition de cinq cartes postales diffusées dans le réseau des centres d’art de Midi-Pyrénées, texte de Julie Martin, printemps 2012 / Editions de six cartes diffusées dans la ville Beauvais dans le cadre de l’exposition « Espaces partagés, Beauvais », automne 2013.

    Commandes et résidences
    Résidence à la Métive en Creuse (2014-2015) / Résidence avec le Graph-Centre Méditerranéen de l’Image, Carcassonne (2012-2015) / Résidence au Centre National des Arts de la Rue Les Pronomades (2012-2014) / Commande de la Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées (2013-2014) /  Résidence avec la ville de Beauvais (2012-2013) / Résidence avec la ville de Montreuil (2011-2012) / Commande photographique de Cros Architecture, Paris (2012) /  Résidence Ecriture de Lumière en partenariat avec le Centre d’art et photographie de Lectoure (2011-2012) /  Résidence au centre des arts de Colomiers - Le Pavillon Blanc en partenariat avec l’ACSE (2011-2012)  

    Presse (sélection)
    Papier
    Olivier Namias, Hortense Soichet, les fractions du territoire, D’Architectures n°226, mai 2014 / Elsa Mourgues, Rencontre autour de la face cachée du logement social, La Provence du 13 juillet 2013 / Sebastien Besatti, Du droit à la dignité au droit à l’image, La Marseillaise, du 13 juillet 2013 / Dominique Crébassol, Les zones sensibles d’Hortense Soichet, Midi-Pyrénées Patrimoine, avril 2012 / Bénédicte Soula, Hortense Soichet, vues sur l’intérieur, Parcours des Arts, avril 2012 / Jean-Marc Le Scouarnnec, La photographe qui s’invite à votre domicile, La Dépêche du Midi, 5 avril 2012 / Didier Marinesque, Les territoires de l’ordinaire, Flashebdo, avril 2012 / Brigitte Ollier, La Goutte d’Or à demeures, Libération, 7 janvier 2012 / Simone Beugin, Colomiers, Les Fenassiers sous l’œil d’Hortense Soichet, La Dépêche du Midi du 28 octobre 2011 / Claire Guillot, Quand Emmanuelle Riva photographiait Hiroshima, Le Monde, 19 août 2010 / Magali Jauffret, L’été photographique fête ses vingt ans, l’Humanité, 2 août 2010 / Sophie Bernard, 20 ans ! L’été photographique de Lectoure, Images magazine n°41, juillet-août 2010.
    Internet
    Julien Verhaeghe, Hortense Soichet, Une esthétique de l’habiter, contemporanéité.com, septembre 2013 / Interview de Didier De Faÿs, Espaces partagés, photographie.com, paru en septembre 2013 / La Goutte d’Or, état des lieux, Photomatons, avril 2012 / Antonin Margier, Portrait intime de la Goutte d’Or, nonfiction.fr, avril 2012 / Thibauld Zuppinger, Hortense Soichet, Intérieurs, Raison publique, février 2012 / Louis Mesplé, Ma sélection de livres et la vôtre ? , rue89, décembre 2011 / Jean-Michel Léger, Chez soi, loin des clichés, Métropolitiques, décembre 2011 / Louis Mesplé, L’été photographique de Lectoure, un autre festival est possible, rue89, juillet 2010.
    Télé
    Un regard sur la ville pour les Rencontres photo de Solignac, journal régional du 6 juin 2012, France 3 Région Centre / 13 heures avec vous, émission du 5 mai 2012, France 3 Midi-Pyrénées / Les comptoirs de l’info, TLT, émission du 3 avril 2012 / Culture Mix, TVM Est Parisien, diffusé en mars 2012 / L’été photographique, dix regards pour fêter ses vingt ans, journal régional du 18 août 2010, France 3 Midi-Pyrénées.
    Radio
    Interview sur Radio 3dfm diffusée le 16 juillet 2013 / Jessica Fried, Quoi de neuf, Radio Kol Aviv, 29 mars 2012 / Martine Digonnet, L’invité du jour, Altitude FM, 23 mars 2012 / Manuelle Calmat, Je lis comme je suis, France Inter, 11 décembre 2011.
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  • Texte de Jean-Michel Léger

    Il y a 9 ans

    / Présentation / Textes / Texte de Jean-Michel Léger

    « Chez soi, loin des clichés », in metropolitques.eu publié le 16 décembre 2011.

    Que nous racontent les intérieurs sur leurs habitants ? Cette question a guidé l’enquête photographique d’Hortense Soichet portant sur quarante-sept logements dans le quartier parisien de la Goutte d’Or. À la croisée de l’art et de l’ethnologie, ses photographies documentent les multiples façons d’habiter un même territoire urbain.
    La photographie d’intérieur(s) est un genre où l’on distingue deux tendances : celle qui photographie l’habitant, généralement en pose, et celle qui met celui-ci hors-champ. Les photographies d’Hortense Soichet appartiennent au second courant. À les regarder, il saute aux yeux que l’habitant y serait de trop, alors qu’il est pourtant chez lui. Car il capterait forcément le regard, il deviendrait le sujet des photos et son intérieur ne serait qu’un décor. « Ne montrer personne, c’est justement montrer quelqu’un » dit Paul Ardenne, l’un des auteurs du livre, comme si les photographies d’Hortense Soichet étaient occupées par l’absence de l’occupant. C’est donc bien par comparaison avec la première tendance que l’on perçoit l’intérêt de la seconde pour décrire le petit monde domestique. Les ethnologues nous avaient déjà appris l’extraordinaire capacité de création des habitants, mais les photographies d’Hortense Soichet nous révèlent surtout la grande diversité sociale et la vitalité de la Goutte d’Or, dont le nom évoque davantage que celui de « Barbès » dans l’imaginaire des Parisiens.
    À regarder ces photos, comment expliquer que l’on distingue à peine l’ordre de certains appartements du désordre d’autres ? Sans doute parce que l’égal silence des intérieurs s’oppose au vacarme de la rue, et parce que la beauté de ces images doit beaucoup au dispositif de la prise de vue – éclairage uniforme, grand angle sans déformation, cadrage diagonal le plus souvent, axial parfois – soutenu par une photogravure soignée et le choix d’un papier couché, médiums et toucher qui sauront résister à la tablette numérique. Affirmer que ces photos sont « belles » prend le risque de dire qu’elles esthétisent les intérieurs les plus misérables, dont la Goutte d’Or ne manque pas, bien que l’on soit surpris par le nombre d’appartements louis-philippards et haussmanniens. S’il y a une beauté des images, elle n’est finalement pas tant dans l’esthétisation que dans la « mise en confiance du regard » du lecteur avec toutes ces vies privées, dont certaines sont réellement privées de tout confort. La brièveté des légendes ne manque pas, d’ailleurs, de rappeler l’Existenzminimum [1] de certains logements (4 habitants, 1 pièce, 25 m²), à deux pas d’intérieurs confortables, sinon bourgeois, d’autres appartements (2 habitants, 5 pièces, 135 m²). Enfin, la systématisation de la présentation de chaque intérieur en une vue large, en trois quarts de page, suivie de six vues de détails sur une double page, n’est pas banale, elle non plus.
    Les textes de Paul Ardenne et de Yankel Fijalkow sont là pour rendre compte de l’apport d’Hortense Soichet tant à l’art photographique qu’aux sciences sociales. Paul Ardenne resitue le travail d’Hortense Soichet à l’intérieur du genre de la photographie d’intérieur(s) et note que la sensibilité des zones urbaines sensibles pourrait être celle de ses habitants, eux-mêmes sensibles à cette plaque tournante qu’est Barbès. Yankel Fijalkow restitue, quant à lui, l’histoire de l’ancien îlot de la Goutte d’Or, en partie toujours insalubre, mais rejoint Paul Ardenne dans son évocation d’une insalubrité qui rend les habitants plus sensibles aux contraintes de l’existence, quand l’intensité urbaine et la suroccupation des mètres carrés peuvent rendre fous.
    Signalons enfin que, avec cet ouvrage, Créaphis Éditions confirme sa double place d’éditeur de photographie et d’éditeur de sciences humaines, quitte à ce que les libraires doivent en classer un exemplaire dans leur rayon « Photographie » et un second dans celui de la sociologie urbaine. Après avoir publié les photographies de Jean-Christophe Ballot, Anne-Marie Filaire, Gladys, Jill Hartley, Olivier Pasquiers, François Sagnes et tant d’autres, Créaphis Éditions rend ainsi visible une nouvelle génération de photographes et témoigne du rôle irremplaçable que tiennent les petits éditeurs sur la scène culturelle française.

    Jean-Michel Léger
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  • Interview avec Didier De Fays

    Il y a 9 ans

    / Présentation / Textes / Interview avec Didier De Fays

    Interview avec Didier De Fays, publiée sur le site photographie.com le 17 septembre 2013.

    Comment vivent les gens ? C'est la question que s'est posée la photographe Hortense Soichet, dont le travail interroge la relation entre les occupants et leur lieu de vie. En zone rurale ou urbaine, dans des quartiers pauvres ou aisés, la photographe pénètre dans l'intimité des gens et leur donne la parole. Les Photaumnales exposent son reportage réalisé dans les quartiers Argentine et Saint-Lucien de Beauvais.


    Photographie.com : Cela fait plusieurs années que vous vous intéressez aux différentes manières d'habiter.
    Hortense Soichet : En effet, ça fait plus de quatre ans que je développe un travail sur les manières d'habiter. Espaces partagés est un projet que j'ai mené à Beauvais, Carcassonne, Colombiers et à Montreuil. Il fera bientôt l'objet d'un livre aux éditions Créaphis (sortie prévue : début 2014).
    C'est intéressant de voir que les manières d'habiter ne sont pas partout les mêmes ; c'est notamment ce que je mets en avant dans cette série. Il y a par exemple beaucoup de différences entre Carcassonne qui est une ville proche de la Méditerranée, où la communauté maghrébine est importante (ce dont témoigne la décoration des espaces domestiques), et Beauvais, qui est une ville du nord de la France où les habitants passent beaucoup de temps chez eux en raison notamment du climat (ce qui fait que les intérieurs sont souvent très chargés). J'aime pouvoir montrer une diversité de manières de vivre.
    Photographie.com : Vous avez également photographié la Goutte d'Or.
    Hortense Soichet : J'ai photographié une centaine de logements de ce quartier entre 2009 et 2010 et  ça a donné lieu à un livre qui est sorti en 2011 (Intérieurs, logements à la Goutte d'Or aux éditions Créaphis). Suite à ce travail, j'ai eu envie de poursuivre dans plusieurs quartiers de logements sociaux, mais en m'intéressant davantage aux récits de vie des habitants. J'ai également changé de format, je travaille actuellement en argentique (6x6).
    Pour cette exposition sur le volet beauvaisien du projet, j'ai choisi de montrer chaque logement en trois images. Mes accrochages sont souvent symétriques et stricts ; cela me permet de donner un aperçu d'univers différents tout en rendant le travail lisible.
    Photographie.com : Comment décririez-vous votre travail ?
    Hortense Soichet : Je dirais que je pratique une photographie de style documentaire, avec un intérêt fort pour le social. Elle s'inscrit dans la tradition de la photographie d'intérieurs dont les figures emblématiques sont pour moi Eugène Atget et François Hers.
    Photographie.com : Combien de temps passez-vous sur place ?
    Hortense Soichet : Ça dépend des habitants et de la configuration des lieux. À la Goutte d'Or c'était très rapide parce que les gens n'ont pas beaucoup de temps et que les logements sont souvent petits. À Beauvais, je passais en moyenne deux heures sur place, et en milieu rural, pour le projet Des habitants, la haute-Garonne (www.leshabitants.com) une demi-journée car les gens m'invitaient souvent à manger. Je m'adapte aux lieux et à la disponibilité des personnes.
    Photographie.com : À Montreuil, vous avez présenté vos photos aux habitants du quartier.
    Hortense Soichet : Montreuil a été le premier volet du projet, réalisé entre 2011 et 2012. Ce qui est important dans ce genre de démarche, c'est qu'il y ait une restitution in-situ, dans les quartiers concernés. Dans la mesure où il n'y a pas de lieu d'exposition dans ces quartiers, je m'adapte au contexte. A Montreuil, j'ai fait une exposition à l'extérieur du quartier et dans le théâtre de La Noue ; à Colomiers, on a réalisé avec le centre d'art municipal le Pavillon Blanc un livre qui a été distribué aux habitants et qui est en vente en librairie (Aux Fenassiers, éditions Créaphis, 2012) ; à Carcassonne, il y a eu une projection durant la fête du quartier du Viguier organisée avec le soutien du Graph qui a porté la résidence. Pour Beauvais, outre l'exposition présentée à l'espace culturel François Mitterrand dans le centre ville, il y a des projections des photographies dans les deux médiathèques des quartiers Argentine et Saint-Lucien et une diffusion des images par le biais d'une édition de six cartes. Il s'agit de photographies avec au verso des paroles des habitants.
    Photographie.com : Vous avez rencontré beaucoup de personnes d'horizons très différents.
    Hortense Soichet : En effet, entre les personnes vivant à la Goutte d'Or, en milieu périurbain ou encore dans des quartiers de logements sociaux, j'ai rencontré environ 250 personnes chez elles depuis 2009. J'ai également eu l'opportunité à Beauvais d'aller dans une résidence Adoma (ancien foyer Sonacotra), c'est quelque chose qui me tenait à coeur depuis longtemps. La richesse d'histoires et de manières d'habiter est incroyable. Chaque rencontre est un moment fort, ce sont des personnes et des lieux qu'on n'oublie pas.
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  • Texte de Julien Verhaeghe

    Il y a 9 ans

    / Présentation / Textes / Texte de Julien  Verhaeghe

    « Hortense Soichet. Une esthétique de l’Habiter », article publié sur le site contemporanéités.com le 18 septembre 2013.

    Hortense Soichet emprunte aux sciences humaines ses méthodologies, en procédant sur le mode de l’enquête, en recueillant des témoignages et en se rendant dans des quartiers de logements sociaux ; elle s’appuie d’abord sur une approche photographique pour sonder, à la manière de l’ethnologue ou du sociologue, un Habiter qui se donne à voir autant qu’il interroge. Une esthétique de l’Habiter, fluide et transitoire, comprise dans l’entre-deux des formes et des couleurs d’un côté, des désirs et des expériences de l’autre, peut alors émerger. Celle-ci se porte constamment à la frontière entre le visible et l’invisible, elle repose sur la pratique sociale des espaces, comme en témoignent les travaux réalisés dans les quartiers Argentine et Saint-Lucien de Beauvais.
    Dans la démarche de l’artiste, il ne s’agit nullement de souligner l’âpreté bétonnée des barres HLM, là où les ciels de banlieue paraissent toujours grisâtres, ni même de dresser le portrait d’habitants désabusés par la réalité de leur quotidien. L’artiste a choisi de dépeindre la vie de ces quartiers en les figurant en « négatif », c’est-à-dire en ignorant les espaces communautaires, publics ou partagés, en excluant les habitants de toute photographie pour se focaliser sur ce qui demeure enfoui, infime et intime.
    Lorsque l’on pénètre dans ces appartements, parfois coquets, d’autres fois plus modestes, on y voit le reflet des espérances et des imaginaires individuels. Les récits qui accompagnent ces images décrivent des aspirations personnelles, des craintes et des amertumes, mais aussi des projets et des souvenirs heureux. L’artiste peut interroger le temps de la vie, celui que l’on passe chez soi, à l’échelle de quelques années ou à l’échelle du quotidien, celui que l’on imprègne de son identité, de sa culture et de son histoire, mais surtout, de sa présence. Le tour de force consiste à rendre cela palpable, alors même que cela n’a pas de corps, alors même que la technique employée est avant tout celle de l’image photographique.
    Cet Habiter est donc trouble, pour ne pas dire troublant, car il donne à voir autant qu’il dissout les certitudes. Un indiscernable je-ne-sais-quoi jaillit de ces images, il nous interroge et attise notre curiosité. Est-ce en raison de la sensation de familiarité? Est-ce pour la diversité des intimités esthétiques ? Ou bien est-ce parce que le projet renvoie à une certaine rudesse sociale ? Le spectateur, hésitant, ne sait en effet quelle attitude adopter devant ces univers personnels, fragilisés par les remous de l’existence ; univers qu’il peut aussi bien accueillir avec le sourire,  au vu de ces ornements surajoutés, artificiels ou fantaisistes. C’est que l’Habiter marque la confrontation de soi aux autres, il synthétise le regard que l’on porte sur le monde, sur son prochain, et suppose que la réalité des autres est différente.
    Tout un chacun peut constater qu’il lui arrive de percher des valises au sommet d’une armoire pour gagner de la place, d’avoir un tabouret maladroitement dissimulé dans un recoin de la cuisine ou les rideaux qui empiètent avec nonchalance sur les luminaires. Chacun possède ses motifs, ses passions et des décors intérieurs qui prennent le risque de déplacer les regards et le jugement des autres. Sur les murs parsemés de photos de famille, des fusils de chasse côtoient les horloges. Les meubles quelquefois précaires accompagnent des fauteuils hâtivement recouverts, les espaces s’effacent devant l’amoncellement de poupées de collection, de chevaux ou des stars du foot. Pour autant, rien ne nous préserve du regard vacillant des autres, ce regard qui scrute et préjuge des stratégies, des choix et des goûts que nous mettons en pratique au sein de nos espaces de vie. Avec ces photographies, c’est le regard que l’on porte sur les autres qui est interrogé, le regard que les autres portent sur nous, mais aussi le regard que nous nous portons sur nous-mêmes.
    Ce qui intrigue donc n’est pas le « Comment vivent les autres ? », mais une infime transparence. Ces habitants, absents, peuvent figurer la condition humaine à travers ses gestes et ses accomplissements les plus essentiels ; il est vrai qu’on oublie de temps à autre que l’Habiter est un geste élémentaire, une conduite fondamentale participant à la production de soi et de son rapport aux autres. Du coup, ce projet photographique qui n’insiste plus seulement sur la présence même de la photographie, nous rappelle qu’Habiter, c’est aussi Être, c’est aussi Vivre. L’esthétique de l’Habiter d’Hortense Soichet ne fige donc pas, les objets, les meubles et les murs ne sont nullement prisonniers de l’image car ils sont nourris d’affects et de sensations. Ils ne s’amassent ni ne se produisent en un jour, mais en une vie.

    Ce n’est pas la stabilité du foyer qui se donne à voir, mais ce qui est véhiculé à travers lui, répondant à un processus continuel, à une conquête de l’espace faite de pertes et d’accumulations, de rencontres, d’histoires et d’expériences.

    Julien  Verhaeghe
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  • Texte de Dominique Crébassol

    Il y a 9 ans

    / Présentation / Textes / Texte de Dominique Crébassol

    « Les zones sensibles d’Hortense Soichet » publié par Midi-Pyrénées Patrimoine, printemps 2012.

    Dans leur grande majorité, les photographies d’Hortense Soichet représentent des intérieurs d’appartements et de maisons. Des lieux manifestement habités, mais dont les occupants semblent s’être momentanément absentés, puisqu’on ne les voit pas sur les photos. Le titre des expositions indique que ces espaces domestiques sont voisins les uns des autres, qu’ils se situent sur un même territoire, délimité et dénommé : la Goutte-d’Or, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, les Fenassiers à Colomiers, les cantons de Muret, Saint-Gaudens et Le Fousseret en Haute-Garonne. Tout en adoptant une approche géographique, voire cartographique avec un certain esprit de système, Hortense Soichet fait cependant de l’anti-Google Street : à la place des perspectives grises et rectilignes des rues et des façades, elle révèle les couleurs et les volumes des espaces de vie dissimulés derrière les murs.

    Des habitants à l’intérieur
    Lisses, neutres, objectives, ses images paraissent adopter le langage distancié de la photographie documentaire. Absolument nettes en tous leurs points, en grand angle et lumière naturelle pour restituer la vision réelle, sans afféterie ni arrangement de ce qui est donné à voir. Tel quel. Pour éclairer sur les origines de son travail, Hortense Soichet évoque François Hers et sa série Intérieurs, ou Jacqueline Salmon. Elle se dit proche de ces travaux qui s’interdisent l’émotionnel et le spectaculaire sans pour autant se dérober à l’humain.
    Car les photographies d’intérieurs d’Hortense Soichet transpirent l’humain. De manière diffuse, sur un mode mineur mais persistant. Il flotte dans ses prises de vue quelque chose d’une présence humaine qui se passerait du corps. La photographe se montre capable de capturer le parfum des personnes qui viennent de quitter leur antre, leur enveloppe de meubles et de bibelots. Un tissu africain jeté sur un canapé, des sacs plastiques bizarrement suspendus à distance du sol, un carton de déménagement qui n’a toujours pas été déballé, une chaîne hi-fi portative posée à même le sol… ici et là des détails dérangent dans une « décoration » à l’abord homogène et stable. Dans un ensemble qui semblait répondre à l’impératif : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place, des failles se dessinent, des décalages s’installent, par où se murmurent des histoires. Respectant l’adage « montre-moi où tu vis, je te dirai qui tu es» les appartements photographiés par Hortense Soichet racontent leurs occupants. L’inverse étant tout aussi vrai d’ailleurs, puisque la photographe élabore pour chaque série un dispositif d’exposition qui ajoute aux images les réponses apportées par les habitants à la question qu’elle leur a posée : pourquoi vivez-vous ici ?

    La mémoire des lieux
    Les images d’Hortense Soichet ne paraissent plus alors si lisses, neutres et objectives, plus si distanciées ni silencieuses. Comme elle le dit très justement elle-même, ses photographies documentent « un territoire sensible ». En redonnant à cet adjectif son sens premier, doué de sensibilité, Hortense Soichet transforme aussi ces territoires en « nerf sensible » où éprouver la vibration d’une évolution sociale et urbaine. Et, parce que les nerfs sensibles font souvent mal, où entendre des souffrances, des angoisses, des solitudes, qui se disent à demi-mot. Ses séries photographiques répondent toujours à l’impérieuse nécessité qui s’est faite jour lorsqu’en 2003 elle photographie des sans domicile dans un quartier parisien voué à la démolition. Hortense Soichet avait alors choisi de chroniquer les déplacements et la précarité des squatteurs, souvent des sans-papiers, en photographiant les murs, les venelles, les recoins de leurs refuges. Un matelas usé et nu par-ci, des bouteilles et des plastiques, des traces de vie pour raconter des vies qui veillaient à ne pas laisser de traces.
    Lorsqu’elle s’approche d’un territoire donné, Hortense Soichet adopte donc une démarche qui rejette le panorama global au profit du parcellaire et de l’individuel, remplace le paysage extérieur par la vue d’intérieur, le propos sociologique général par des témoignages qui font affleurer la mémoire des lieux et parfois les vœux d’avenir. Avec ses images fixes qui semblent si bien figer leur sujet « immobilier », elle parvient à rendre perceptible la transformation, le glissement qu’est en train de vivre un territoire, entre ruralité et rurbanisation (Le Fousseret), démolition et reconstruction (les Fenassiers), pauvreté et embourgeoisement (la Goutte-d’Or). Exposer la face cachée des quartiers est pour Hortense Soichet une manière de tirer le portrait de territoires mouvants, vivants comme les anonymes qui les habitent, d’en archiver la mémoire individuelle et collective.

    Dominique Crébassol
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