La photographie est un art bien plus chaste qu'il n'y paraît. La peinture et le dessin sont bel et bien les choses au monde les plus choquantes, les plus immédiates, les vecteurs de la création qui ont la capacité la plus absolue de transgresser, de déranger, de pétrifier les esprits englués dans de petits et retords jugements de valeur, des convenances pathétiques mouillées à l'eau de rose et au consensus mou.
Bienheureux les artistes qui bousculent les certitudes, qui nous balancent en pleine face leurs univers de beauté et de laideur réunis, cette patte « incopiable » que l'on reconnaît à la moindre esquisse. Les paradis d'Anne Van Der Linden ont leur esthétique propre, leurs codes et leurs récurrents. Ils ne sont ni les errances psychiques d'une folle furieuse, ni les décors d'une tentative révolutionnaire de provocation par le pinceau. Non, ils sont Art, ils ne cherchent ni à plaire ni à déplaire. Ils sont témoignage et réécriture d'un monde intérieur perdu, ou fantasmé d'une irréalité qui ne devient réalité que par la fièvre créatrice.
J'imagine que certains esprits chagrins, que de minuscules ligues de vertu, que des mouvements d'extrême droite, que des jeunesses ou « vieillardesses » chrétiennes s'offusquent du travail de la brune amie du performer Costes. Celle-là même qui considère la mise en "abîmés" et en projections de son univers avec un naturel déconcertant : « Je suis comme tout le monde : je mange, je prends le métro, je chie. Pour sortir de cette banalité, je peins. » Oui, la peinture ça surgit comme ça dans la vie la plus quotidienne. !
Sans doute a t'elle reçu quelques lettres anonymes ou menaces verbales pour avoir exposé son regard délirant sur les mondes passés et présents.
Anne Van Der Linden est née un jour à l'Art pour faire souffrir les contempteurs intolérants et castrateurs non avisés de ses peintures. Pour faire monter le sang et des rougeurs de premier communiant à tous ceux qui n'ont pas réellement compris tous les signifiés et les forces telluriques qui composent et décomposent ses visions sans concession.
Si AVDL n'est pas foncièrement une artiste militante, ni engagée, ses œuvres le sont pour elle, militent de manière autonome, font leur chemin dans nos consciences, en faisant le siège de notre imaginaire, en tissant des toiles, en s'insinuant sournoisement tel un gros vers de terre dans un univers daté, pluriel, libertaire, hermaphrodite, rappelant des scènes de terreur et de Peste moyenâgeuses qui est une fenêtre ouverte sur l'immonde, l'intime, le visqueux, l'intestinal, le zoophile, un « No Mans land » sans autre règles ou issues.
Quelle est cette « violence » que l'on condamne sinon celle du montré bien, du dessiné juste, où se situe la véritable cruauté sinon dans la lâcheté de l'acte qui condamnerait, qui censurerait ou vilipenderait une originalité par trop visible ?
Anne Van Der Linden par de multiples aspects a rendez-vous avec l'historique, dans ses champs lexicaux mis en images, elle décrit la domination, la possession et les déchirures corporelles ou organiques, elle a sa propre langue pour exprimer ce qui ne peut pas se dire autrement que par le pictural, ou si fadement.
Dans son microcosme d'Apocalypse de l'individu, elle donne rendez-vous aux hommes dans son spectacle coloré et tragi-comique, elle offre un show sanguinolent de phallus, de monstres difformes, des miroirs brisés, des caricatures qui pourraient bien être des portraits réalistes de nos terreurs modernes.
Frédéric Vignale-Thomas
La puissance tentaculaire des visions médiévales et vaginales d'Anne Van Der Linden
La photographie est un art bien plus chaste qu'il n'y paraît. La peinture et le dessin sont bel et bien les choses au monde les plus choquantes, les plus immédiates, les vecteurs de la création qui ont la capacité la plus absolue de transgresser, de déranger, de pétrifier les esprits englués dans de petits et retords jugements de valeur, des convenances pathétiques mouillées à l'eau de rose et au consensus mou.