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  • Marguerite Pilven

    Marguerite Pilven

    Critique d'Art, Commissaire d'exposition

    www.margueritepilven.net

    Elise Beaucousin, Comme le sahara ou le sourire infini des vagues
    Comme le Sahara ou le sourire infini des vagues
    « Le monde change en fonction de l’endroit où nous fixons notre attention.                                              Ce processus est additif et énergétique ». John Cage
    Le mouvement, la lumière et leur passage infinitésimal, entre apparition et disparition, voici ce qui anime Elise Beaucousin à étirer la temporalité du dessin. C’est un dessin d’avant la forme, branché à un dehors infigurable dont le crayonnage est le dépôt sismographique. Une recherche de souffle, de texture et de rythme en infléchit les constructions et en organise les flux. L’énergie impulsant le mouvement, la dissolution des frontières entre intériorité et extériorité, si fondamentaux dans l’art traditionnel chinois qu’elle affectionne, Elise Beaucousin les a d’abord éprouvés par la pratique du piano. Son intérêt pour la structure de la Fugue est indissociable de sa pratique du dessin qui en emprunte l’alliage de rigueur et de souplesse. Marcel Dupré définit la Fugue comme « une forme de composition musicale dont le thème, ou sujet, passant successivement dans toutes les voix, et dans diverses tonalités, semble sans cesse fuir. »                                                                                                   Les formes diaphanes qu’Elise Beaucousin fait apparaître à l’intérieur de surfaces irisées par les effets d’un crayonnage méticuleux échappent à la figure. Elles empruntent leur épiderme changeant à l’organique, au minéral, au végétal. Leur devenir se manifeste et se module à travers l’approche matiériste, sensorielle et lentement conduite d’un dessin immersif, additif. Gilles Deleuze a qualifié « d’haptique » ce type d’agencement qui n’est plus lié à un enjeu de ressemblance. « L'espace haptique ne contient ni formes, ni sujets mais se peuple de forces et de flux, constituant un espace fluide, mouvant, sans points fixes, sans empreinte qui ne soit éphémère : comme le Sahara, ou le sourire infini des vagues »1.
    Dans ses développements les plus récents, le dessin d’Elise Beaucousin s’étend à l’espace tridimensionnel. Déployé sous la forme d’installations in situ, il déjoue les oppositions tranchées entre le visible et l’invisible, il cartographie des hypothèses d’architectures virtuelles imaginées en circulant dans un espace réel. En interceptant la lumière avec leurs tiges de métal, les Dessins d’acier convertissent leurs tracés figés en un champ vibratoire. Dans une installation présentée au terme de sa résidence de création à Issoudun, de multiples mèches d’archet de violon suspendues à des fils de pêche fixés parallèlement au plafond dessinent un cube flottant et quasi- invisible. Ce cube apparaît plus nettement lorsqu’on s’est approché d’un miroir posé au sol et qui vient, tel un socle, amplifier la verticalité du volume.                                                                                                                                                               Cet « après-coup » appelant un déplacement du corps et un ajustement de la vision est d’ailleurs caractéristique d’une œuvre qui se dérobe pour mieux désigner un éphémère moment d’apparition. Revenons par exemple à ce miroir couché. C’est un écran aveugle, l’indice de ce qu’il est impossible de réfléchir : un champ de présence.
    1- Mireille Buydens, Sahara, l’esthétique de Gilles Deleuze, p. 127, Editions Vrin, 2005
    « Le monde change en fonction de l’endroit où nous fixons notre attention. Ce processus est additif et énergétique ». John Cage

    Le mouvement, la lumière et leur passage infinitésimal, entre apparition et disparition, voici ce qui anime Elise Beaucousin à étirer la temporalité du dessin. C’est un dessin d’avant la forme, branché à un dehors infigurable dont le crayonnage est le dépôt sismographique. Une recherche de souffle, de texture et de rythme en infléchit les constructions et en organise les flux. L’énergie impulsant le mouvement, la dissolution des frontières entre intériorité et extériorité, si fondamentaux dans l’art traditionnel chinois qu’elle affectionne, Elise Beaucousin les a d’abord éprouvés par la pratique du piano. Son intérêt pour la structure de la Fugue est indissociable de sa pratique du dessin qui en emprunte l’alliage de rigueur et de souplesse. Marcel Dupré définit la Fugue comme « une forme de composition musicale dont le thème, ou sujet, passant successivement dans toutes les voix, et dans diverses tonalités, semble sans cesse fuir. »     

    Les formes diaphanes qu’Elise Beaucousin fait apparaître à l’intérieur de surfaces irisées par les effets d’un crayonnage méticuleux échappent à la figure. Elles empruntent leur épiderme changeant à l’organique, au minéral, au végétal. Leur devenir se manifeste et se module à travers l’approche matiériste, sensorielle et lentement conduite d’un dessin immersif, additif. Gilles Deleuze a qualifié « d’haptique » ce type d’agencement qui n’est plus lié à un enjeu de ressemblance. « L'espace haptique ne contient ni formes, ni sujets mais se peuple de forces et de flux, constituant un espace fluide, mouvant, sans points fixes, sans empreinte qui ne soit éphémère : comme le Sahara, ou le sourire infini des vagues »1.

    Dans ses développements les plus récents, le dessin d’Elise Beaucousin s’étend à l’espace tridimensionnel. Déployé sous la forme d’installations in situ, il déjoue les oppositions tranchées entre le visible et l’invisible, il cartographie des hypothèses d’architectures virtuelles imaginées en circulant dans un espace réel. En interceptant la lumière avec leurs tiges de métal, les Dessins d’acier convertissent leurs tracés figés en un champ vibratoire. Dans une installation présentée au terme de sa résidence de création à Issoudun, de multiples mèches d’archet de violon suspendues à des fils de pêche fixés parallèlement au plafond dessinent un cube flottant et quasi- invisible. Ce cube apparaît plus nettement lorsqu’on s’est approché d’un miroir posé au sol et qui vient, tel un socle, amplifier la verticalité du volume. 

    Cet « après-coup » appelant un déplacement du corps et un ajustement de la vision est d’ailleurs caractéristique d’une œuvre qui se dérobe pour mieux désigner un éphémère moment d’apparition. Revenons par exemple à ce miroir couché. C’est un écran aveugle, l’indice de ce qu’il est impossible de réfléchir : un champ de présence. 

    1- Mireille Buydens, Sahara, l’esthétique de Gilles Deleuze, p. 127, Editions Vrin, 2005
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    Thème : Arts plastiques
  • Anne Van Der Linden

    Anne Van Der Linden

    Artiste peintre et dessinatrice

    www.annevanderlinden.net

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      hublot 3
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    J'expose 2 peintures au Hublot d'Ivry, cité Voltaire
    du 16 février au 02 mars 2018
    vernissage-apero ce vendredi 16/02 à partir de 19h, devant le Hublot, avec du vin chaud!

    "CHAQUE VENDREDI A PARTIR DE 19 h, place Voltaire, un artiste installe dans une fenêtre une œuvre qu'il donne ainsi à découvrir, durant une semaine et ce 24 h/24, aux passants et habitants du quartier. L'accrochage est prétexte à un apéro-rencontre, ouvert à tous et en présence de l'artiste, pour partager un moment de convivialité et d'échange - qui dure depuis maintenant des années..."
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  • Anne Van Der Linden

    Anne Van Der Linden

    Artiste peintre et dessinatrice

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    Less plus beaux mouchoirs de Paris

    Il y a 6 ans

    / Actualités

    • 1 - mouchoir 1
      mouchoir 1
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      mouchoir 2
    • 3 - mouchoir 3
      mouchoir 3
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    "Les plus beaux mouchoirs de Paris" m'ont édité ces 3 dessins imprimés en sérigraphie noire sur mouchoirs divers. Ils sont tirés à une 30aine d'exemplaires chacun et imprimés avec des encres textiles lavables. En vente sur eretic-art
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  • Anne Van Der Linden

    Anne Van Der Linden

    Artiste peintre et dessinatrice

    www.annevanderlinden.net

    Peintures 2017-2018

    Il y a 5 ans

    / Actualités

    • 1 - Les rats blancs 2017
      Les rats blancs 2017
    • 2 - Ballade futuriste 2017
      Ballade futuriste 2017
    • 3 - Minou 2018
      Minou 2018
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    Mes toiles récentes, à voir à partir du 22 mars à la galerie Corinne Bonnet
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  • Vidéo réalisée par Henri Coutant.

  • Portrait vidéo réalisé par Sophie B.

  • Marguerite Pilven

    Marguerite Pilven

    Critique d'Art, Commissaire d'exposition

    www.margueritepilven.net

    Marie-Anita Gaube

    Il y a 6 ans

    / Articles

    Marie-Anita Gaube
    La luxuriante nature à l’intérieur de laquelle Marie-Anita Gaube inscrit ses personnages est celle d’un Jardin d’Eden. Non pas que ses tableaux nous parlent d’une vie sans histoire, puisqu’ « il n’y a de cause que de ce qui cloche »1 ; nous voici dans le temps de la peinture et de tout abandon d’une chronologie explicative. Ses tableaux parleraient plutôt de l’acte de création. Ce qui semble se décrire à travers eux, c’est l’exploration de la porosité entre notre monde intérieur et la perception de la réalité. Chez Marie-Anita Gaube, l’espace de l’atelier est souvent mis en scène comme un refuge, mais également comme une arène ou une place publique, un espace jeté aux regards à la façon de Francis Bacon ou de Brueghel.

    Le défi de peindre semble apparaître dans cette tension, entre retraite nécessaire et volonté d’inscription effective dans le monde. L’angoisse du choix, la crainte du temps qui passe affleurent par des allusions au genre pictural de la Vanité et la place importante qu’accorde l’artiste à la nature morte. Les intrigantes maquettes et autres constructions miniaturisées qui s’élèvent sur de petits guéridons évoquent également l’univers de la célèbre Melencolia I gravée par Albrecht Dürer. A la fois protégé et traversé par ce que l’entropie nous raconte du monde, l’atelier est ce laboratoire de formes où la recherche de sens se révèle être possible, mais également aux prises avec le relativisme de toute entreprise humaine. Par son caractère à la fois intime et résolument tourné vers des problématiques picturales de constructions d’espaces, la peinture de Marie-Anita Gaube rappelle également celle d’Henri Matisse et de David Hockney.

    Sur les écrans qu’elle enchâsse avec habileté, les images du monde entrent en collision : celles des journaux et des magazines qui constituent une iconographie fouillée et d’autres images, mentales cette fois-ci, que l’on devine plus persistantes. Les ateliers et chambres à coucher aux parois que l’on croirait amovibles, les pans et plateaux d’architectures mis en orbite sur des paysages oniriques situent les histoires ébauchées par des corps elliptiques entre le dehors et le dedans, le virtuel et le réel. Le fil narratif se déroule en un équilibre fragile ou s’évanouit, comme questionnant sans cesse la finalité de sa trajectoire.

    L’étonnante maturité dont fait preuve cette artiste de 31 ans tient peut-être à sa connaissance de l’histoire de la peinture et de ses fabuleux artifices de constructions d’images. En une époque de production et de diffusion massive d’images, la peinture permet plus que jamais la création d’une vacuole réflexive et intemporelle. Marie-Anita Gaube fabrique des images qui résistent aux effets de la mode et de la communication. Ses tableaux s’engagent dans la nécessité que l’homme a toujours eu de peindre pour se comprendre.

    Texte pour la galerie HORS-CADRE (Océane et Manon Sailly), exposition inaugurale au Bastille Design Centre, Paris 9-11 février 2018
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    1- Jacques Lacan
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    Thème : Arts plastiques
  • L'erreur

    Il y a 6 ans

    / Textes / Chroniques

    Suspensio Regina sait reconnaître ses erreurs
    Attention, aucun animal n’aura souffert au cours de cette grande leçon de vie.
    Ginette nous a quittées. Elle est repartie à la campagne, là d’où elle venait. Quand elle a retrouvé ceux qui l’ont vue naître, sa petite excroissance de colonne vertébrale s’est mise à s’agiter. On dit que les chiens sont contents quand ils remuent la queue.
    Ginette n’était pas malheureuse avec nous, et nous n’étions pas malheureuses avec elle, mais Paris ne nous a pas convenu, comme espace, pour élever un chiot et prendre le temps de le voir grandir.
    Paris ne convient pas vraiment à qui veut prendre son temps…
    La courte présence de Ginette parmi nous peut aisément être comparée à une mini-tornade qui serait passée dans un appartement parisien, au huitième étage d’un immeuble récent avec moquette blanche au sol et sans terrasse… Ça nous a tout retourné.
    Georges, le chat, nous a informés dès le premier regard que, de son point de vue, ça ne le faisait pas du tout.
    Nous, on était sous le charme et heureusement parce que dix jours lui auront suffit pour grignoter, comme il se doit, les câbles, les bords des coussins, les lacets de chaussures, et tout ce qui était à portée de ses petites dents trop mignonnes. Dix jours auront suffit à nous exploser de fatigue. Promenade aux aurores, ramassage de caca, épongeage de pipi, gestion des endroits parisiens interdits aux chiens (y compris les parcs…), course folle dans la ville avec animal récalcitrant attaché au bout d’un lien de cuir rose… Ça n’a pas été long avant que je réalise qu’elle avait mieux à vivre ailleurs, et que la relation fusionnelle que j’avais fantasmée avec Ginette n’est que la projection des angoisses d’abandon créée par mon cerveau névrotique. Ce n’est pas le psy mais le vétérinaire qui a fini de me convaincre tout à fait. Il a juste fait son travail. Il a juste expliqué calmement ce qu’est un chien, et quels sont ses besoins. En sortant de la clinique vétérinaire, Ginette était vaccinée et ma décision était prise.
    En prenant la décision de me séparer de Ginette pour la rendre à son éleveur, j’ai fait un truc qu’on n’est pas censé faire mais qui me paraît pourtant essentiel quand on prétend vouloir agir avec conscience et dignité pour faire avancer le monde dans le sens du vivant : je suis revenue sur une décision. Beaucoup d’humains qui détiennent un pouvoir gagneraient à suivre la grande leçon de vie que Ginette nous a offerte.
    Parce que l’erreur est humaine. Ça ne veut pas dire que « Hannn c’est pas grave, vas-y, on en fait tous des erreurs, c’est bon arrête de culpabiliser… ». Non, ça veut dire que, de tous les êtres vivants sur cette planète, nous sommes les seuls à commettre des erreurs. C’est une de nos nombreuses spécificités, liée au fait que nous prenons des décisions, que lorsque nous sommes face à un choix nous éprouvons le besoins irrépressible de choisir. Les autres être vivants s’en remettent à l’univers. L’univers ne choisi pas, l’univers ne commet pas d’erreur. L’erreur, c’est un truc d’humains.
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  • L'avenir

    Il y a 6 ans

    / Textes / Chroniques

    Suspensio Regina n'a pas peur du temps qui passe
    Le futur, c’était mieux avant… J’avais de l’ambition quand j’étais jeune. Je me suis construite en contre, dans le conflit, face au méprisant méprisable. Ce n’est pas simple de réaliser que son bourreau est un sale type… J’avais de l’ambition mais trop de trucs à régler alors j’ai toujours remis les grandes conquêtes à plus tard. J’ai procrastiné avec mon ambition. Et puis sans m’en rendre compte j’ai gagné de grandes batailles, vécu de grandes victoires et la lutte est devenue moins utile. Ce n'était pas l’amour que je cherchais, c’était le conflit, le conflit intérieur.
    Un jour j’ai ressenti le présent, c’était hier.
    Le passé était passé et le futur m’avait déçue. C’est à ce moment précis que j’ai rencontré le présent.
    Il était beau comme l’espoir, mais il était bien réel. Il était bavard et rempli de milliers de détails. Il proposait tout avec ses grands bras ouverts sur l’horizon, il embrassait tout et les illusions ne lui posaient pas de problème particulier… Les illusions faisaient partie de lui, il était rempli de tout.
    Le présent, je crois bien que c’était Dieu.
    Et ce Dieu-là se moquait de l’ambition. Alors sur mon pied de vestale, depuis le haut de mon présent, J’ai remercié mon ambition.
    J’ai rangé mes victoires.
    J’ai plié mon armure et déposé les armes.
    Je n’ai plus eu d’ambition.
    Juste une foi en le présent.
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  • La victoire

    Il y a 6 ans

    / Textes / Chroniques

    Suspensio Regina ne lâche jamais l'affaire
    Et puis le corps a fini par gagner… Finalement ce n’était pas une légende, la victoire était bel et bien un état incarné, un dépassement de soi, non pas par l’esprit ou la sagesse, comme les férus défenseurs de la pratique yogi avaient tentés de nous le faire croire, mais une sorte de tension du corps. Tension qui ressemble à s’y méprendre à un relâchement. L’information importante que l’Univers nous avait récemment délivrée, c’était que le relâchement ne serait pas pour cette vie. Ce qui signifiait que nous étions sur une lancée d’à peu près un siècle de guerre interne et externe. Un truc qui nous concernait au plus profond de nos âmes, mais qui existait aussi en dehors de nous. Un peu comme un climat.
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