TOUS LES ARTICLES

  • Anne Claverie

    Anne Claverie

    Sculpteur, Plasticienne

    www.anneclaverie.com

    SCULPTRICES

    Il y a 11 ans

    / Travaux

    " L'exposition Sculptrices est une traversée du siècle de l'expression de leur vérité de femme. De Camille Claudel à Louise Bourgeois ou Niki de Saint-Phalle à Joana Vasconcelos et Rina Banerjee, elles expriment la richesse de leur vision du monde.

    ... Baroques et affranchies, elles optent avec audace pour des matériaux détournés ou bien issue de l'univers féminin : le crochet (Joana Vasconcelos), le tricot (Annette Streyl), le tissu cousu (Anne Ferrer), les Pneus (Anne Claverie), les objets de récupération (Jessica Stockholder), le film polyester (Caroline Tapernoux)..."

    Valérie de Maulmin

    www.villadatris.com/fr/expositions/exposition-2013/sculptrices.html

    Thème : Arts plastiques
  • Anne Van Der Linden

    Anne Van Der Linden

    Artiste peintre et dessinatrice

    www.annevanderlinden.net

    Freak wave n°4

    Il y a 12 ans

    / Actualités

    Freak wave n°4
    Freak wave n°4 vient de paraître aux éditions Bruit Blanc
    164 pages tout en couleur.

    "Freak wave est la revue des pirates de l’art.
    Dans ce nouvel opus (#4) et désormais tous les 6 mois, peintres, dessinateurs, photographes ignorés des hauts lieux de la culture officielle, écrivains micro-auto-édités, démontrent une nouvelle fois leur vitalité extrême.
    Art brut, art hors-normes, art pornographique, littérature underground, poésie décadente, de toutes ces appellations la réalité déborde dans une démonstration de beauté authentiquement sordide et bouleversante. Le numéro est placé sous le signe de Bruno Richard, figure historique de l’underground graphique français. Avec lui on retrouve l’équipe historique de Freak wave, Sue Coe, Jean-Louis Costes, Stephen Somers, Jean Rouzaud, Anne Van Der Linden, Olivier Allemane, mais aussi beaucoup de nouveaux arrivants, le peintre reggae – rock anglais Mike Hawthorne, l’artiste brut Antoine Rigal, Stéphane Blanquet, autre figure underground et la légendaire écrivaine Lisa « Suckdog » Carver."
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  • Anne Claverie

    Anne Claverie

    Sculpteur, Plasticienne

    www.anneclaverie.com

    A DOUBLE SENS ?

    Il y a 12 ans

    / Travaux

    • 1 - pneu
      pneu
    • 2 - mutaion01
      mutaion01
    • 3 - mutation 02
      mutation 02
    • + 4 media(s)

    Exposition Anne Claverie et Lou Ros.

    LILI-UBEL gallery, Mars 2013, Paris.

    Thème : Arts plastiques
  • BERLIIN

    Il y a 12 ans

    / Projets

    • 1 - planche Essaouira 2013
      planche Essaouira 2013
    • 2 - boite à billets 2013
      boite à billets 2013
    • 3 - bracelet Essaouira 2013
      bracelet Essaouira 2013
    • + 16 media(s)

    Depuis 2006
    BERLIIN : fonder une colonie.
    - tatouer les colons
    - cartographier la colonie

  • Marguerite Pilven

    Marguerite Pilven

    Critique d'Art, Commissaire d'exposition

    www.margueritepilven.net

    Illés Sarkantyu, Memorandum

    Il y a 12 ans

    / Articles

    Illés Sarkantyu, Memorandum
    Depuis 2007, Illés Sarkantyu classe et numérise l’œuvre du photographe Lucien Hervé (1910-2007) à la demande de son épouse. Le maniement de ces archives lui inspire la série photographique Memorandum1. L’archivage repose sur une activité descriptive et suppose de fait une acuité d’analyse. Si l’aptitude à choisir est une compétence essentielle de l’archiviste, il doit aussi savoir détruire. Cette double exigence éclaire son travail de réappropriation artistique.

    Le memorandum, ou « memo », désigne techniquement toute activité destinée à aider la mémoire dans l’accomplissement d’un travail. Il peut aussi définir la somme d’indications données par une personne à une autre en vue de coordonner une production. Les dossiers photographiés sont des outils de rangement qu’utilisait Lucien Hervé pour ordonner son travail et s’y référer. Illés Sarkantyu les a manipulés à son tour puis a choisi de les conserver pour les exposer aux regards. Parlant de ces manipulations, nous voici justement très proches de la main d’Hervé : celle qui colle et recouvre, annote et souligne, griffonne et rature, numérote, indexe et déchire. Listes, mots clés, initiales et noms propres renvoient aux sujets qu’il a photographiés. Ils constituent les indices d’une mise en ordre que l’on parcourt sur la surface usée des chemises. Tirés ensemble et montés sur un panneau, ces dossiers de consultation, aujourd’hui remplacés par des chemises neuves, forment le corpus officiel d’Hervé.

    Faut-il chercher une logique à la surface de ces trieurs, intercalaires et autres chemises aux couleurs vives qu’Illés Sarkantyu a aussi retrouvées dans le bureau d’Hervé ? Rien ne semble définitif dans ces curieux assemblages d’étiquettes, d’adhésifs et de pastilles colorées qui ornent leur surface. Ces compositions aléatoires semblent plutôt traduire un pur plaisir récréatif. Les accessoires de bureau paraissent avoir été choisis pour leurs seules qualités plastiques de couleurs, de textures et de formes. Illés Sarkantyu les a photographiées isolément : à la fois comme des compositions singulières et comme des moments ludiques venus librement ponctuer une vie de travail.

    « L’homme ressemble à ce qu’il jette et à sa manière de jeter » écrivait Gilbert Lascaux au sujet d’œuvres qu’Arman appelait « portrait » : des boîtes vitrées où s’empilaient corbeille à papier, cendrier ou poubelle d’un individu. Illés Sarkantyu nous dit aussi que le portrait ne se résume pas à la dimension de la seule apparence. Hervé, homme de l’après guerre, jetait peu. Ses chemises déchirées et maintes fois recollées en témoignent. A l’heure de l’archivage numérique, Illés Sarkantyu les préserve à la fois de la dématérialisation et de la destruction des supports. Sa série photographique interroge à ce titre la frontière ambigüe entre document et œuvre artistique. Comme le fait si justement remarquer André Rouillé à ce propos : « tout n’est pas art, mais tout peut devenir art, où plutôt, toute chose peut devenir matériau de l’art dès lors qu’elle est inscrite dans une procédure artistique. L’art devient une question de procédure, et de croyance. »

    1 Le titre regroupe plusieurs séries en cours autour de la mémoire et du document

    Texte écrit à l'occasion du commissariat de l'exposition "Memorandum" à la galerie Binôme.
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    Thème : Arts plastiques
  • Bettie Nin - Slicker - Hiver 2013

    Il y a 12 ans

    / Presse / Bettie Nin - Slicker - Hiver 2013

    Ce que dégage l'œuvre étonnante d'Elvire Bonduelle tient en quelques mots : fraîcheur, apaisement et bonne humeur. Sa recherche permanente de bonheur nourrie en effet son travail. Utiliser l'art pour améliorer la vie, un leitmotiv proche des théories du Bauhaus, qu'elle soutient sans toutefois s'attarder sur la fonctionnalité réelle des pièces.
    Un regard décalé, une petite histoire humoristique en filigrane et la voilà proposant un cube de mousse croqué par un géant invisible en guise de fauteuil, des ombrelles en couvertures de survie pour visiter la Lune et des chansons délirantes prônant de fuir les tragédies pour une existence plus légère.
    "Serial happy finder" plutôt que "Serial killer", elle a traqué pendant trois mois dans le quotidien le Monde les articles positifs pour maquetter un numéro exceptionnel et euphorisant du journal. Plus tôt elle concevait déjà de grandes cales molles et douces pour aider l'homme moderne à rester debout malgré la dureté de la vie et les événements déstabilisants.
    Des étais, des structures de bibliothèques, des dessins épurés figurant de multiples recherches architecturales (Les dessins à la règle), la notion de construction l'inspire visiblement... comme une béquille qui soutient, un abri qui protège, un vetement qui reflète une personnalité. Ses nombreux dessins naïfs, aux crayons de couleur et aux feutres, accumulent des façades imaginaires ornementées de mots symboliques, "loyauté", "vérité", etc. C'est que l'artiste déplore la standardisation des habitats et des gens et le fait que les individus, au lieu de s'affirmer, puisent dans une soupe commune, un style préfabriqué et forcément nivelant. Même l'art remarque-t-elle suit ce mouvement dans une spirale toujours plus normalisante et dépressive. Elvire Bonduelle, elle, a une personnalité et l'affirme. Elle préfère voir le meilleur et afficher son optimisme. S'assumer pleinement !
    Bettie Nin, Slicker N°5, hiver 2013
    Ce que dégage l'œuvre étonnante d'Elvire Bonduelle tient en quelques mots : fraîcheur, apaisement et bonne humeur. Sa recherche permanente de bonheur nourrie en effet son travail. Utiliser l'art pour améliorer la vie, un leitmotiv proche des théories du Bauhaus, qu'elle soutient sans toutefois s'attarder sur la fonctionnalité réelle des pièces.Un regard décalé, une petite histoire humoristique en filigrane et la voilà proposant un cube de mousse croqué par un géant invisible en guise de fauteuil, des ombrelles en couvertures de survie pour visiter la Lune et des chansons délirantes prônant de fuir les tragédies pour une existence plus légère. 
    "Serial happy finder" plutôt que "Serial killer", elle a traqué pendant trois mois dans le quotidien le Monde les articles positifs pour maquetter un numéro exceptionnel et euphorisant du journal. Plus tôt elle concevait déjà de grandes cales molles et douces pour aider l'homme moderne à rester debout malgré la dureté de la vie et les événements déstabilisants. Des étais, des structures de bibliothèques, des dessins épurés figurant de multiples recherches architecturales (Les dessins à la règle), la notion de construction l'inspire visiblement... comme une béquille qui soutient, un abri qui protège, un vetement qui reflète une personnalité. Ses nombreux dessins naïfs, aux crayons de couleur et aux feutres, accumulent des façades imaginaires ornementées de mots symboliques, "loyauté", "vérité", etc. C'est que l'artiste déplore la standardisation des habitats et des gens et le fait que les individus, au lieu de s'affirmer, puisent dans une soupe commune, un style préfabriqué et forcément nivelant. Même l'art remarque-t-elle suit ce mouvement dans une spirale toujours plus normalisante et dépressive. Elvire Bonduelle, elle, a une personnalité et l'affirme. Elle préfère voir le meilleur et afficher son optimisme. S'assumer pleinement !

    Bettie Nin, Slicker N°5, hiver 2013
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    Thème : Arts plastiques
  • Germain Caminade

    Germain Caminade

    Artiste, peintre, graphiste

    www.germaincaminade.com

    Propos

    Il y a 12 ans

    Germain Caminade, chercheur de résonances et libérateur d’images. Si toute définition est une limitation, il n’y a pas à s’étonner que l’œuvre de Germain Caminade soit indéfinissable. Elle se refuse à toute clôture, échappe aux horizons étroits, aux généalogies classiques comme à l’étiquetage facile ; elle transgresse allègrement les frontières. « Toute frontière oppressive est une frontière illusoire », ce n’est pas un hasard si ce sont les mots de l’épistémologue Gaston Bachelard qui viennent spontanément sous notre plume pour évoquer la trajectoire de Caminade. Son travail échappe aux définitions figées et définitives : autant il ne se laisse pas cerner par de hasardeux rapprochements avec d’autres artistes contemporains, autant il entre en résonance avec la démarche du chercheur scientifique, avec l’ouverture permanente de la méthode à sa propre transformation, avec la recherche de nouveaux plans de résonances entre toutes les phases de la culture, technique, scientifique et philosophique. Des résonances qui mettent en relation le constructivisme et les sculptures mayas, le génie de Léonard et les ruptures d’échelle de la physique, les éclats de la poétique urbaine et l’amplitude spirituelle antérieure à toute obédience. Son oeuvre transcende les temps et les lieux. Il y a, dans l’aura de ses œuvres, une aspiration à l’universalité, ou plus exactement à la diversalité des horizons, à l’émancipation des émotions humaines, et celle-ci se diffracte en une multitude de facettes dans le prisme de ses talents.

    Au travers de ces divergences, le style Caminade est pourtant immédiatement reconnaissable et résolument original : on ne trouvera chez lui aucune imitation, ni même de démarcations ou de rupture ostentatoire ; ses tableaux ne ressemblent tout simplement à rien de déjà vu. Son travail ne s’achemine pas vers un style stéréotypé ou une technique privilégiée : il pratique aussi bien le dessin que la peinture, le numérique que la fresque in situ. Sa progression obéit à une dynamique fractale : il empreinte tous les chemins à la fois et ne conçoit son art que par l’exploration libre des possibles. Ses multiples productions ne manquent toutefois pas de cohérence : des résonances entre séries apparaissent dans chaque technique et chaque élément trouve sa place dans un spectre, dans un profil artistique. 

    Prenons le cas des deux séries « organiques » et « énergies » pour entrer dans le vif du sujet : elles sont au plein cœur du dispositif de Caminade et manifeste son intention : libérer les images. Ce qui frappe d’emblée le spectateur, c’est la conversion du regard, la rupture avec les schémas ordinaires. Un effort est exigé du spectateur, celui de rompre avec les obstacles à l’exercice libre de l’imagination, il lui faut accepter de perdre momentanément ses repères pour se laisser prendre par le mouvement de l’imagination. Dès qu’on accepte que l’image n’est plus le reflet de quelque chose comme un objet fixe mais l’exploration de potentiels, la profusion interne et le débordement des images nous entraînent dans leurs transes et affirment leur indépendance à l’égard du cadre rigide et rectangulaire de la représentation classique. Ainsi les organiques tremblent d’une activité vivante, bouillonnement ou décomposition, qui ne se laisse nullement enfermer dans les limites de la toile ; elles semblent vouloir conquérir l’espace alentour, tandis que les énergies traversent horizontalement la feuille comme le cadran d’un oscilloscope où défilerait un flux irrépressible d’émotions. Philosophe aussi de l’imaginaire, Gaston Bachelard offre des instruments d’analyse précieux pour préciser cette dualité.

    Les organiques sont du côté de « l’imagination matérielle » : elles scrutent les profondeurs de la matière organique habitée de pulsions ; leurs touches nerveuses s’emparent de dynamiques aléatoires d’où surgissent des équilibres métastables et des processus de cristallisation. Elles évoquent la nature à d’autres résolutions comme si l’œil s’accommodait à des visions neuves à travers un microscope tourné vers les conflits intestins de notre chair ou des entrailles de la nature primitive. Ce sont des proliférations microbiennes, des animacules chimériques et des molécules en pleine élaboration. Mais peut-être sont-ce aussi des mises à distance, au travers d’un télescope pointé vers d’autres mondes en cours d’effondrement, où des déflagrations éclatent l’horizon et où s’accomplissent d’oniriques apocalypses. Notre ami commun Florent Nicolas a raison d’évoquer à leur propos une énergie « vibratoire » : l’intensité de celle-ci peut aller jusqu’à induire une panique du regard qui, ne sachant plus où se poser, ne parvient plus à s’arrêter. La matière ne sera plus jamais figée, elle se convulsionne en-deçà ou au-delà de la forme.

    Les énergies relèvent davantage de « l’imagination dynamique » : elles obéissent à une poésie ondulatoire, dont la fluidité ne masque pas le souci constant que Caminade prête à l’accidentel et aux ruptures de rythmes. La superposition de lignes élémentaires qui les composent suggère des analogies avec les musiques électroniques savamment composées. L’enlacement de leurs filaments évoquent la superposition des nappes de sons qui entrent peu à peu en résonance, jusqu’à produire la transe ou la sérénité. Ces énergies ont un caractère séquentiel : ce sont des phases dont on ne peut s’empêcher d’imaginer ce qui les précède et les suit. Elles tirent un parti étonnant de la puissance évocatrice des couleurs. Si bien que leur immatérialité ne nous éloigne en rien de la réalité : elles nous font entrer au sein du processus de la nature telle que saisi par l’électrodynamique. Une toile de Caminade suffit à révéler les champs invisibles, à induire des différences de potentiels et à charger ainsi d’électricité tout l’espace autour d’elle.

    Parmi ses trouvailles, l’utilisation de la technique du dripping dans ses galactiques correspond à un autre approfondissement du regard entre les échelles. Caminade prouve qu’il est possible d’opérer un déphasage vers l’infiniment grand : sa peinture expérimente des prises de consciences cosmologiques ; elle étend notre perception aux échelles sidérales. Des forces insensées sont à l’œuvre dans les filaments de gaz où chaotiquement naissent les étoiles. Par superpositions et entrelacements, l’incommensurable fraternité des nébuleuses se révèle au regard qui se laisse prendre au vertige d’une ivresse cosmique. Le spectateur assiste au commencement des mondes, stupéfié devant ces images pareilles aux clichés des télescopes spatiaux en « fausses couleurs ». Car, pareil aux astrophysiciens, Caminade scrute avec ses instruments oniriques la réalité dans des fréquences situées au-delà du spectre de la lumière ordinaire. La profusion fabuleuse de ces couleurs réinventées se détache pourtant sur un fond d’obscurité intense. Le sortilège est lucide, presque douloureux. Ce n’est pas la rêverie douce de l’astronome, qui tire des lignes imaginaires entre les astres pour y figurer de fades constellations. C’est le déferlement sauvage de la puissance inassouvie de l’univers en rut, qui outrepasse toutes nos attentes, toutes les dimensions conventionnelles. Ardente et baveuse, la beauté caminadienne demeure aussi « convulsive » que chez les surréalistes, mais elle se révèle aussi, comme dans les œuvres classiques, sereine, surplombante, tant son dynamisme formidable réduit au néant l’agitation vaine des destinées trop individuelles. Oublions-nous, un instant ou l’éternité, pour profiter des vraies splendeurs, voici le message des astres proliférants.

    Comparés aux vaines tentatives d’imiter les toiles de Rothko, les équilibres (tensions) représente une véritable invention. Il suffit de les contempler pour être pris dans un vertige immobile. Chaque aplat se met à trembler à sa place et invite à méditer les relations virtuelles qui se déploie sur la blancheur insoumise du reste de la toile. Ces effets de champ sont à méditer. Le transfert de l’émotion esthétique suppose toujours chez Caminade une subversion des formes conventionnelles de son support : l’image brise son isolement en même temps que le cadre censé la retenir. L’art ne se coule pas dans le moule. Il ne peut se comprendre selon le schéma classique de l’hylémorphisme, celui d’une matière à laquelle on impose une forme. La beauté des équilibres relève au contraire d’une intimité sauvage avec l’information spontanée de la couleur et des contrastes. C’est en cela que sa vision se rapproche de la physique la plus contemporaine : elle cherche la profondeur ailleurs que dans la tridimensionnalité des objets ordinaires. Elle la trouve ici dans la sobriété des motifs et la complexité des relations invisibles comme elle y parvenait dans l’approfondissement des échelles de la matière ou dans la saisie de la fugacité des processus temporels. Si les peintres de la perspective ont voulu saisir la forme spatiotemporelle des choses, si Cézanne a brisé l’objet et que les cubistes l’ont recollé, Caminade, notre contemporain, saisit la préindividualité de la nature. Il n’y a plus chez lui de réduction à une échelle fondamentale qui donnerait la vérité de toutes les autres, mais au contraire une insistance sur le grain de la représentation, sur l’approximation du trait. Il n’y a plus non plus le fantasme d’une grille unique d’analyse, mais le recours à la pluralité des techniques pour déployer une esthétique de la transformation et de l’entre-deux.

    Fidèle à l’ouverture, Caminade s’oriente, avec ses variations sur les motifs, vers un constructivisme lumineux, qui examine les ressources des agencements de surfaces et d’espaces sans refermer le spectre de ses dons illuministes. La descente dans l’élémentaire, minéral ou lumineux, ne casse pas l’harmonie fluctuante et giratoire de ses autres recherches. Elle décèle, comme dans les équilibres, le mouvement qui anime la structure, et la puissance de ces compositions tient justement à ce qu’aucune ne peut se comprendre comme une retombée, comme simple inertie ou donnée statique. Le regard contemple une danse immobile, un effort de concentration, une équation dont les variables sont toujours prêtes à se transposer en d’autres formules savantes. L’élément est primordial, concret et secrètement dynamique, il est l’étoffe de nos pensées. Les œuvres picturales de Caminade se déploient ainsi toujours dans la polarité irréductible entre l’abstraction et la figuration dont elles retiennent la tension féconde. Les plus abstraites demeurent toujours suggestives, tendues vers l’émergence de figures incertaines, prises dans l’équilibre métastable transitoire de structures dissipatives. Les plus figuratives, telles que les portraits et scènes, témoignent d’un effort de stylisation révélant des forces sous-jacentes, des potentiels énergétiques, des relations ou des séparations invisibles entre les êtres qui donnent à sa peinture une portée psychosociologique troublante. De visages fantomatiques en silhouettes animales dépouillées, de flottements dépressifs en éblouissements sexuels, le corps est aussi une matière abstraite et une posture tendue vers le geste futur qui alimente la quête philosophale de l’âme. La lumière vient de l’intérieure, et comme l’on ne peut rayonner en soi sans s’exposer à l’illumination globale venue des autres êtres, chaque dessin figuratif de Caminade, aussi brut et parfois torturé qu’il soit, m’a toujours touché comme une proposition presque indécente de voir la beauté et la cruauté du monde, comme l’absence de résignation. Sans feindre ni affadir, soudaines et envoutantes, les images de Germain Caminade s’offrent à nos regard comme autant d’exercice d’accommodation du regard pour appréhender, au-delà des apparences et des compromissions, la transition des échelles, la relativité du mouvement et du repos, l’individuation des êtres et, surtout, les relations qui les unissent. Sa recherche intempestive s’enracine à la divergence des imaginations vives et se risque à la confluence des mondes dans toute sa richesse périlleuse.

    Vincent Bontems (ENS/CEA) :
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  • Marguerite Pilven

    Marguerite Pilven

    Critique d'Art, Commissaire d'exposition

    www.margueritepilven.net

    David Letellier

    Il y a 12 ans

    / Articles

    David Letellier
    Architecte et musicien de formation, David Letellier synthétise son intérêt pour les interactions entre les sons et l’acoustique d’un lieu par ses sculptures cinétiques. Leur morphologie abstraite les apparente d’ailleurs plus à des machines et leur fonctionnement à celui de créatures douées d’autonomie. En 2011, David Letellier fait ainsi dialoguer deux corolles mécaniques fixées l’une en face de l’autre (Versus). Chacune émet un son que l’autre enregistre simultanément et transforme.
    Lorsque des visiteurs passent entre les corolles causeuses, leurs conversations et leurs bruits perturbent l’échange de ces créatures. Mais les corolles se nourrissent également de leurs sons qu’elles rediffusent en une version plus dense et texturée. Le principe d’interactivité qui accorde les pleins pouvoirs à l’usager sur la machine est ainsi renversé. En utilisant le spectateur pour s’alimenter, elle a ici le dernier mot ! Les corolles contrôlent les interactions avec les visiteurs dans l’espace qu’elles enserrent. Elles s’y imposent, comme à la tête d’un écosystème.

    Inversement, Caten, s’adosse à l’architecture de la Chapelle du Vieux Sauveur de Caen et s’y coule, comme en osmose. Caten est un filet formé par 300 « chaînettes », ou courbes obtenues par des fils tendus entre deux points qui les forment en retombant, par le fait de la gravitation. De très basses fréquences extraites des premières notes d’un cantique sont diffusées dans l’espace. Elles se modifient au gré des courbes que des bras mécaniques font lentement évoluer. Les basses fréquences étant relayées par des subwoofer disposés dans la chapelle, l’ensemble résonne tel un choeur sourd d’origine inconnue. Caten est comme le réceptacle sonore de la chapelle. Ses courbes légères sont l’écho sensible et mouvant de ses arches de pierre à la stabilité millénaire. Plutôt que Tinguely ou Calder auxquels il a été comparé, David Letellier aurait un antécédent chez Lazlo Moholy- Nagy. Le hongrois faisait à la lumière ce qu’il fait avec le son : capter, filtrer et moduler un immatériel devenu palpable.

    Marguerite Pilven pour Slicker n°5 (janvier-mars 2013)
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    Thème : Arts plastiques
  • Conférence Artothèque Strasbourg 02/03
    Samedi 2 février à 15h
    Médiathèque Neudorf, 1 place du marché 67100 Strasbourg
    Conférence qui donne suite à l'acquisition par l'artothèque de la série "Les mains"
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    Thème : Arts plastiques
  • WOOD IS GOOD

    Il y a 12 ans

    / Travaux

    • 1 - kleinefenn
      kleinefenn
    • 2 - wood is good atelier
      wood is good atelier
    • 3 - nuit droite
      nuit droite
    • + 5 media(s)
    Thème : Arts plastiques