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  • BRIGITTE EST FOLLE

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    L’enregistrement de ce disque a été le point de départ d’une amitié qui ne s’est jamais démentie. Brigitte est pour moi une aristocrate de haut vol, en scène comme dans l’Ile Saint Louis. La folie n’a rien à voir à l’histoire, mais plutôt sa fragilité, son désarroi face à un monde sans âme, sans style, d’une vulgarité tenace, et si étonnamment dépourvu de tout sens artistique. Je crois qu’elle partage avec moi une solide aversion pour les palmiers.
    Je ne sais pas trop pourquoi, je la fais rire, elle me pardonne beaucoup et semble sincèrement apprécier mes chansons ; je suis fier de lui en avoir écrit quelques unes.
    Je l’ai emportée à Londres, dans mes bagages, en 2006, au Barbican Center, pour interpréter « la valse de Melody » accompagnée par le BBC Concert
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  • SUR UN PRÉLUDE DE BACH

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    Je ne connaissais pas Maurane, j’ai remarqué sa voix dans la sono d’une grande surface, au milieu des gondoles de légumes.  Je lui ai téléphoné en m’excusant : « On ne se connaît pas, mais je prends la liberté de vous appeler, car j’aimerais écrire pour vous.»« Comment, on ne se connaît pas ? Cela fait plusieurs fois que je viens vous voir dans votre loge à la fin de vos spectacles pour vous demander des chansons, mais vous n’avez jamais donné suite ! ». Je suis allé chez elle avec un bouquet de fleurs pour me faire pardonner, lui expliquant que lorsque je sors de scène, je suis dans un tel état de nerfs que je ne connais plus personne.Je lui ai montré quelques chansons, « Ami ou ennemi », « Sur un prélude de Bach », qui ne l’ont pas vraiment fait frissonner, elle verrai plus tard.En tournée avec son pianiste, un soir qu’ils avaient essayé sans trop y croire « Sur un prélude de Bach » en scène, elle fut surprise par la réaction enthousiaste du public. À son retour, on enregistrait. Comme ça m’est arrivé plusieurs fois, la production se désintéressa cordialement de cette chanson, qui fit son chemin tranquillement, donnant la main aux altos qui vibraient dans le coeur de Maurane.
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  • LA DRAGUE

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    J’avais écrit la musique de scène d’un spectacle pour Guy Bedos et Sophie Daumier qui avait obtenu un joli succès à Bobino.
    Un jour à la salle Chopin Pleyel où nous répétions, Guy me dit « J’ai l’idée d’un sketch de drague sur une musique de danse, j’imagine un jerk », (sorte de déhanchement compulsif sur un rythme simple en vogue dans ces années là). En y réfléchissant, j’ai préféré enregistrer un thème un peu ringard, style slow rock, plus proche d’une drague bien collée au bal du samedi soir de Saint André de Cubzac que de la gymnastique corrective du Bus Palladium.
    Je quittai Paris peu après l’enregistrement, sans radio ni télévision.
    Un jour, au milieu de l’été, Guy me téléphona pour me dire que le disque était un succès, ce qui me laissa dubitatif, et m’inviter à son spectacle au casino de Deauville, ce dont je fus enchanté.
    Au milieu du show, alors que les hauts parleurs diffusèrent l’introduction de « la Drague », le public se mit à applaudir frénétiquement.
    Ca n’était pas un succès, c’était un tube, ainsi que les nommait Boris Vian.
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  • SUPER NANA

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    Quand j’ai rencontré Michel Jonasz, il écrivait des chansons en alexandrins, avec ses potes de la porte de Vanves, malheureusement sans grand succès. Pourtant sa voix me paraissait profonde et vibrante comme un violon tzigane, très porteuse d’émotions.
    Nous avons enregistré son album sans un sou, de bric et de broc, il m’a fallu jongler avec le budget.
    Super Nana est la première chanson dont j’ai écrit les paroles et la musique. Je ne l’avais pas écrite pour lui, mais quand je la lui ai fait entendre au piano et qu’il a repris le refrain en fredonnant avec moi, j’ai compris que la chanson m’échappait, elle décollait tout d’un coup.
    Michel a l’a enregistrée au studio, en une seule prise, et le preneur de son, hilare, m’a dit « vous n’allez tout de même pas sortir çà ? ». Ce style de paroles, un peu désinvolte, était inusité et incongru, à l’époque. D’ailleurs sur l’album vinyle,comme la production n’y croyait pas, ma pauvre Super Nana avait été gravée tout à la fin de la deuxième face, au centre du disque, là où le diamant grésille, où s’échouent les chansons sacrifiées.
    Michel et ma chanson se sont débrouillés tout seuls, comme des grands, un gars et une môme de banlieue. C’est Denys Lable à la guitare.
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  • MELODY NELSON

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    J’ai rencontré Serge Gainsbourg à Londres. Il logeait dans une petite maison à Chelsea avec Jane, et moi dans une chambre sans dessus dessous à l’hôtel Caddogan, là où Oscar Wilde, un de mes auteurs préférés, passa ses dernières heures de liberté avant d’être jeté en prison. A l’époque c’était un lieu totalement décadent, mais les lits de travers, les rideaux déchirés, les escaliers branlants, les portes impossible à ouvrir ni à fermer, le bar mal éclairé, fréquenté jadis par  Edouard VII et ses maîtresses, et où le garçon ratait une fois sur deux le mélange instable et subtil des Irish coffe, m’enchantaient. Aujourd’hui le Caddogan est un palace, et ses riches occupants ignorent certainement qu’un pauvre forçat a dormi là.
    Après l’enregistrement de  la musique d’un film de Robert Benayoun, que nous avions écrite ensemble, Serge me parle d’un projet,  « Melody Nelson ». Comme j’attends les détails, il me dit : « je n’ai que le titre. Pas de musiques, pas de paroles, rien. As-tu quelque chose dans tes tiroirs ? » Je me souviens exactement de l’expression, car j’avais alors compris « as-tu quelque chose de méritoire ? »
    J’ai écrit certaines musiques, Serge d’autres, et nous avons conçu toute une suite hétéroclite de chansons :
    Il y en avait même une qui s’appelait « Melody au zoo ». C’était un peu « Bécassine à la plage ». Serge me disait : « à nous deux on est Cole Porter, les paroles et la musique, je suis Cole et tu es Porter ».
    Nous sommes allé au studio, à Londres ; j’avais écrit pour une rythmique composée de Big Jim Sullivan, Vic Flick, Dougie Wright et Herbie Flowers. Je jouais les claviers et nous avons enregistré une heure de musique. Toujours pas de texte.
    Rentrés à Paris nous avons sélectionné les meilleurs moments, sur lesquels j’ai écrit des cordes, que j’ai enregistrées au studio des Dames avec des musiciens de l’Opéra de Paris.
    Ensuite Serge à conçu le texte, l’histoire de Melody Nelson, en s’inspirant de la rythmique et des cordes. Il était à l’époque très impressionné par les sonnets héroïques de José Maria de Heredia, et je crois qu’il en reste un parfum, principalement dans « Cargo culte ».
    Comme nous n’y connaissions ni l’un ni l’autre en automobiles, et à fortiori en Rolls Royce, mon père nous a fourni une liste de noms, où Serge a puisé « Silver Ghost », évidemment, l’épicier marocain en bas de chez moi nous a offert le mot « raz el hanout », et voilà pour le décor.
    La sortie du disque a été un échec.
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  • QUE JE T’AIME

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    J’ai écrit très vite, en fin d’après midi, cet arrangement, en employant un ensemble de cuivres inusité par ici, à l’époque, avant d’aller au restaurant avec des amis, confiant ma fille à sa baby sitteuse. Au retour, tard dans la nuit, j’ai pu constater que la jeune fille au pair avait abandonné mes partitions toutes fraîches à ma fille pour tester sa nouvelle gamme de markers indélébiles et y laisser courir son inspiration.
    J’ai réécrit à la va vite l’arrangement dans la nuit, mon copiste à côté de moi, pour enregistrer au studio le lendemain matin. Je me souviens de Jean Schultheis à la batterie.
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  • BARBARA

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    Elle m’appelait son « petit lord Fontleroy » et me téléphonait habituellement vers trois heures du matin; si elle constatait que j’avais la voix prise, à cause des allergies, elle m’envoyait des mouchoirs par taxi. Elle a exigé de moi plusieurs fois que je la rejoigne à son appartement de la porte de Saint Cloud pour regarder avec elle le feuilleton « Les envahisseurs » à la télé. « Madame » a été enregistré en une nuit, en direct, et elle chantant au milieu des musiciens: Michel Portal, Jean Louis Chautemps, Jacques di Donato, Bernard Lubat, Bernard Vitet, Jean Pierre Sabar, Marcel Azzola, rien que du beau monde. Il y avait une ambiance très douce, chaleureusse, elle était vraiment portée, elle volait au dessus de l’orchestre.
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  • L’enfant assassin des mouches

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    Un coup de fil ce matin : un murmure lointain que je décode vaguement : « c’est moi… tu passes ?… ». C’est comme un jeu : quand je ne comprends pas, je sais que c’est lui.La rue de Verneuil fait partie de mes promenades et, comme souvent, nous passons l’après-midi ensemble. Inconfortablement installés dans le salon noir, lui calé dans son vieux fauteuil de dentiste et moi sur le prie-Dieu, nous écoutons les bandes que je viens d’enregistrer au Studio des Dames.J’aime écouter de la musique avec des amis musiciens : il y a des réactions amusées, des connivences d’enfants pris en faute, des sourires complices. Mais cette fois, c’est autre chose : la partition inspire à Serge une sorte de conte, « une histoire fantastique… avec des mouches… je crois ; laisses moi passer la nuit dessus ». Et le lendemain, je découvrais, émerveillé, ce Roi des Mouches, cet Enfant et ces Allumettes qu’il avait imaginés dansant sur mes notes de musique.Le disque vinyle n’est jamais sorti : la vie, la paresse, la météo marine et la mort aussi…
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  • Prague

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    Je me suis retrouvé coincé en pleine révolution de velours au beau milieu d’un orchestre symphonique, en novembre 1989 à Prague, au cours de la préparation le nouveau spectacle de Véronique Samson, qui devait se dérouler au Théâtre du Châtelet.La nuit, des gens venus de toute la province occupaient les lieux importants, groupés autour de fleurs et de bougies disposées le long des trottoirs brillants de poussier de charbon. La place Venceslas était noire de monde, et j’étais ému aux larmes, frappé par le calme, la concentration, et la volonté qui émanait de cette foule, digne, debout dans la nuit froide de l’hiver, jouant son avenir en silence, prenant tant de risques en défiant l’autorité du régime.Beaucoup m’interpellaient : « dites partout ce qui se passe ici, faites le savoir chez vous, racontez le au monde entier ».Nous avons joué quinze jours à la fin décembre, au Châtelet, à Paris, avec Véronique et l’orchestre de Prague, un magnifique souvenir. Le soir de Noël, avant le spectacle, un violoniste perdu sur la grande scène mal éclairée se mit à jouer une mélodie triste, un ancien cantique tchèque. Un par un, descendus des loges, les cent musiciens de l’orchestre, si loin de chez eux, se sont joints à lui, hautbois de Stare Metso, flûtes de Terezin, contrebasses du Maïsel, zymbalum de Malé Nàmesti, pour créer une si belle orchestration, que je ne pourrai jamais l’écrire.
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  • Plume d’ange

    Il y a 10 ans

    / Présentation / Anecdotes

    Comme beaucoup d’artistes que j’ai eu la chance de côtoyer, Claude Nougaro était un ami. Nous avons passé ensemble des nuits mémorables, à épousseter les recoins mal éclairés de la musique du monde ; de ces soirées aux Halles bien arrosées, avec Eddie Louis, Maurice Vander, sont sorties pas mal de conneries lumineuses, et quelques chansons, orchestrées dans le mouvement ondulatoire des plateaux de verres de la serveuse, et le point d’orgue des crieurs de journaux du petit matin.J’avais déjà écrit pour lui les arrangements de tout un album, « Sœur âme », d’un thème de Neil Hefti, « Dansez sur moi » avec un magnifique solo de Maurice au piano, la musique de quelques chansons, « Insomnie », quand Claude me soumit « Plume d’ange ». Je fus interloqué, car j’ai toujours eu la plus grande difficulté à mettre ce genre de texte, très narratif, en musique. Il fut donc décidé que Claude parlerait sur une partition d’orchestre.Enregistrement le matin, aux studios Barclay, tout le monde en direct, Pierre Alain Dahan à la batterie, Marc Chantereau au célesta, sur un tapis d’orient déroulé par les cordes de l’Opéra de Paris.
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