Après quelques beaux jours de soleil dans la région de Rabat, descente dans le Sud à quelques dizaine de kilomètres de Marrakech, à Imlil dans le Haut Atlas où les premières neiges sont tombées, refroidissant toute la région.
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Photographie extraite d'une commande réalisée pour Le Monde sur les quartiers informels de Bir Jdid illustrant l'article de Florence Aubenas paru dans Le Monde du Jeudi 29 novembre 2012.Thème : Photographie
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Voilà maintenant 3 semaines que nous avons migré vers les terres marocaines.
3 semaines intenses pour se trouver un toit, un job et découvrir cette nouvelle vie.
Et 3 semaines pour publier la première photo de cette nouvelle page. Elle est importante...
PS : 3 semaines et déjà 2 commandes pour Le Monde dont une qui vient de paraitre dans l'édition de ce Dimanche 25 - Lundi 26 dans le supplément Géo&Politique.Thème : Photographie -
Par Céline Piettre.
Comment expliquer la fidélité de Corinne Mercadier à un certain type de paysages ? Lieux déserts traversés d’objets en lévitation et de personnages énigmatiques, ciels obscurs, horizons infinis. Qu’elle ait quitté en 2008 son bon vieux polaroïd SX70 pour un appareil numérique et les joies de Photoshop n’y change rien. L’artiste persévère. On retrouve dans ses deux dernières séries, Black Screen et Solo (présentées aux Filles du calvaire jusqu’au 1er décembre), dans leur titre même, ce goût pour l’ombre et la solitude. Et cela, peut-être justement parce que les paysages de Corinne Mercadier n’en sont pas. Construits de toutes pièces, comme ces cabanes que l’on fabrique enfants car il n’en existe aucune à la taille de son imaginaire. Vides pour qu’on y entende mieux résonner sa propre voix. Anonyme en visages, en temps et en espaces pour pouvoir s’y projeter sans avoir à faire de la place au préalable.Des scènes de théâtre, des songes strictement composés, où viennent se jouer quelques instants mystérieux. Des lieux qu’on traverse, qu’on occupe mais où l‘on n’habite pas. Sans couleur comme dans un rêve. Sans localisation précise.
A l’étage, la netteté de la série Solo, le lien étrange qui se tisse entre les personnages (mère ou fille de l’artiste) et les objets lancés en l’air et stoppés net dans leur course, évoquent le surréalisme de Magritte ou de De Chirico. On est manifestement ailleurs, dans un espace mental à la fois ouvert et délimité, figé en un temps suspendu. Les horizons, très bas, les ciels noirs, étirent le sol à l’infini, surface terrestre monochrome dont on arrive presque à deviner la courbure. Un labyrinthe, des rectangles et des sphères, des présences absentes, des gestes capturés dans leur élan par la pellicule.« Ce qui m’intéresse dans le mouvement photographique, c’est qu’il enregistre ce que l’œil n’a pas vu ». Ici, une chorégraphie muette et immobile, mais dont on sent le dynamisme passé et à venir. Corinne Mercadier déploie cette magie qui est propre au médium et qui consiste à révéler des agencements secrets. Une magie qui imprègne l’atmosphère jusqu’aux objets et aux personnages eux-mêmes : baguettes, sorciers, danse rituelles et corps occultes.Au rez-de-chaussée, la série Black Screen est une succession d’épiphanies. Dans des intérieurs dépouillés, des objets laissés à l’abandon sont transfigurés par une lumière interne. Devenus phosphorescents, des piles d’assiettes, un lit démantibulé posé à la verticale contre le mur, un seau, un balai, se détachent du fond noir comme sur les négatifs d’une photographie. Ils apparaissent littéralement, se « manifestent » tels des fantômes. Radiographies de ce qui est caché. Repentirs.La magie opère une fois de plus. Tout prend du relief : le grain du sol, les lézardes sur les parois abîmées, la saleté sur les murs, les poussières, la matière. La lumière dans un angle de cheminée découpe un volume de blanc comme sur une toile abstraite.Ici, et à l’opposé de la série Solo, il ne s’agit pas d’instants capturés mais d’une durée faite de strates temporelles, étirées, superposées. Corinne Mercadier, en magicienne de l’image, a jeté un sort à ces lieux inhabités. A la fois vides et saturés de temps, de passés qui brillent dans l’obscurité telles des lucioles.Thème : Photographie -
Visite d'atelier en avant-première des deux expositions de l'automne.
http://www.ouvretesyeux.fr/Thème : Photographie -
Charles-Arthur Boyer, Extraits de L’écho d’une présence dans la lumière de la nuit, in Devant un champ obscur, de Corinne Mercadier, Editions Filigranes, automne 2012.
Il y a 12 ans
/ Publications / Textes d'auteur
[D’emblée, l’impression s’impose, avec évidence. Même s’il n’est pas si aisé de préciser avec exactitude ce qui la motive : la reconnaissance d’une écriture limpide et précise, et pourtant curieusement elliptique ; une impression de simplicité et de clarté, et pourtant d’une rare densité et profondeur ; la sensation de vivre un moment tout à la fois unique et particulier, et pourtant curieusement proche et familier ; un sentiment d’étrangeté silencieuse et calme, et pourtant sans artifice ni artificialité. Soit une façon extrêmement personnelle de donner de la lumière, de la valeur et de la nuance à ce qui arrive dans la vie comme dans le voir. Ainsi nous apparaît l’œuvre de Corinne Mercadier, dont l’ampleur et l’importance ne sont plus à démontrer ; de même son apport spécifique et significatif au champ photographique contemporain.]…
[La disparition récente du Polaroid aurait pu signer le coup d’arrêt de son travail photographique ; il n’en est évidemment rien, ses travaux récents en témoignent.
D’une part, la production plastique de Corinne Mercadier compte plus d’une discipline et plus d’une écriture : la pratique du dessin en est une, discrète mais essentielle]… [Et c’est sans aucun doute à partir et vis-à-vis du dessin que s’est toujours définie sa pratique photographique. D’autre part, de série en série, cette dernière s’était progressivement ouverte à d’autres problématiques que celle propre au Polaroid, en particulier à partir de la série Une fois et pas plus, et surtout de la Suite d’Arles. Structurées selon des successions de lignes horizontales juste perturbées par des éléments flottants-– sculptures référant à des enveloppes textiles, formes articulées simples et tendues, objets réduits à des volumes géométriques essentiels, privilégiant le noir et blanc, ses images se sont ainsi construites non plus sur des blocs de temps et des moments d’espaces mais sur des temporalités successives au cœur d’un même espace, à l’instar des plans réguliers d’un théâtre à l’antique.]…[Dès lors, chaque forme, chaque volume, chaque silhouette, chaque geste semblent jouer un rôle – y jouer leur rôle – au sein de ce lieu de la photographie dans lequel Corinne Mercadier les a plongés.]…
[Hors du Polaroid, ces principes n’ont fait que s’autonomiser et gagner en densité et en profondeur, sinon en métaphysique.]… [À l’instar de la série Black Screen qui s’attache à des espaces délaissés dont la peau des murs ou la surface des objets sont rendues presque phosphorescentes. Comme si, toute activité humaine ayant quitté les lieux, ceux-ci reprenaient vie dans leur enveloppe architecturale retrouvée, réappropriée, une vie tout à la fois calme et intense. Et tout ce qu’ils avaient conservé en eux-mêmes, ils semblent alors le diffuser selon une lumière inconnue, irradiante, ni vraiment diurne, ni vraiment nocturne, presque lunaire.]…
[Dans la série intitulée Solo, entre des gestes ultimes de cette relation entre l’être humain et l’espace, vont ainsi se manifester ces formes abstraites, ces figures étranges qu’avait déjà explorées Corinne Mercadier dans Une fois et pas plus, La suite d’Arles, Longue distance et Le Huit envolé. Comme s’il s’agissait, à l’intérieur d’une dualité éternité/événement, décélération/accélération, résistance/abandon, d’étirer l’espace pour mieux souligner l’intériorité de ces silhouettes perdues qui soliloquent dans le vide, et d’étirer le temps de par cette présence imprévue d’un objet en train de défier la gravité ; à l’écart entre cet effet de réel et le ou les protagonistes correspond bien évidemment la distance intérieure entre l’être humain et ses interrogations, ses doutes, son obstination, ses rêves, ses désirs ou son destin. ]Thème : Photographie