F.B.I.

Il y a 9 ans

/ Présentation / Anecdotes

J’ai été engagé à Rio de Janeiro pour écrire les arrangements et diriger le grand orchestre qui accompagnait Mike Brandt à l’occasion d’un concours international de chansons. C’était peu après les évènements tragiques de Munich, et comme je faisais partie de la délégation israélienne, j’étais protégé par des agents du F.B.I., tout comme Mike, qui remarquait : « C’est dingue, on se croirait dans un film de gangsters ». En effet, trois colosses américains me suivaient jusque sur la plage de Copacabana, dans les vagues, le bas du pantalon relevé, mitraillette au poing ; c’était totalement loufoque, et je dois dire que nous formions une attraction très remarquée parmi les jolies ensoleillées, les belles paresseuses allongées sur le sable. En costume impeccable, ils campaient la nuit devant la porte de ma chambre et participaient avec enthousiasme à mon quotidien ; lorsque je rentrais dans un restaurant, ils s’installaient à la table d’à côté, revolver sur la table. Belle ambiance. Ils me conduisaient en voiture n’importe où, au gré de mes caprices, roulant à grande vitesse sur les trottoirs aux heures d’encombrements, grillant les feux rouges en faisant hurler leur sirène. Un matin que j’étais allé visiter le Jardin Botanique de Rio avec mon escorte, un touriste anglais, pris de panique à la vue des armes, s’était caché dans un massif de magnolias, et comme je l’approchais discrètement, profitant d’un moment de distraction de mes cerbères, il sorti sa tête toute rose des feuilles d’un arbuste, un doigt sur la bouche et me chuchota, avec extase, en guise d’explication : « it’s tea ! ». Il était en train de voler des boutures de thé du Brésil pour les repiquer chez lui !Au cours des répétitions avec Mike, j’ai rencontré l’immense artiste Astor Piazzola, qui participait au concert et m’a fait l’honneur de me choisir pour diriger son orchestre lors de sa venue à Paris à l’occasion d’une émission télévisée produite par Maritie et Gilbert Carpentier. Il n’était alors connu en France que par quelques musiciens amateurs de tango et de bandonéon, alors qu’il était depuis longtemps considéré comme un dieu vivant dans toute l’Amérique latine. Une magnifique rencontre, et une chance pour moi de m’enrichir au contact de son style extravagant et passionné, si particulier.On a perdu le concours.
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META - Jean-Claude Vannier - F.B.I.