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Elvire Bonduelle

Elvire Bonduelle

Artiste

www.elvirebonduelle.com

Elvire Bonduelle est diplômée de l'Ecole des Beaux-arts de Paris en 2005. Elle vit à Paris et elle travaille et expose en France et à l'étranger. Elvire Bonduelle revendique le joli, l’esthétique sans abandonner le propos et le concept qu’elle transmet toujours avec une pointe d’humour et d’ironie. Elle propose, dans ses œuvres, une autre vision du monde en décalant son point de vue, comme dans « Le Meilleur Monde » un vrai-faux numéro du quotidien Le Monde à l'identique, constitué uniquement de bonnes nouvelles .
  • Texte par David Trueba

    Il y a 13 ans

    / Presse / El Pais / 27/09/11

    Texte par David Trueba
    Every time we come across more people who say that they are stopping to read the newspapers. They prefer to isolate themselves from the bad news, like who does not go to the doctor while the lump under the skin get the size of a soccer ball. But if you do not look does not mean they do not act. With the economic crisis the media has overreacted, they abused covers and dramatic messages. Every Friday the world ends and every Monday there is another win for Barcelona or Real Madrid. Where do we stop ?

    It is likely that over-dramatization of the analysts have finished digging the hole to proceed to the burial of the welfare project on which we went to work for many years and now seems to us an unattainable future perspective. On this, more than anything else, we should reflect on how we could take as many steps backward thinking that we were taking forward.

    In comparative issues we have to be cautious. Every time I hear someone complain because kids today do not know fun or play I remember my father principal amusement in childhood was to put a rock in the scarf and herding among friends. Rafael Azcona used to swing a New Yorker cartoon every time someone foisted a sermon on how we were going to get worse. It showed two men of Palaeolithic and told one another: "Many complain of stress, pollution and modern life, but their life expectancy is 80 years and ours is no more than 30".

    Some say that pessimism is a trick to sneak worst as irremediable. Keep it in mind. Last week, the young French Elvire Bonduelle produced a limited edition of this newspaper which presents a montage of good news released between May and August. If you did not get a copy of El mejor País, run to it. It may not reconciled yourself with either the reality or the media, but you will recognize that within our hand there are plenty of beautiful ways to transform the bad news in good.

    David Trueba, El Pais, 27/09/11
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    Thème : Arts plastiques
  • Entretien avec Anna de Golferichs
    Entretien sur l'art, le joli et le fonctionnel

    Dans ton œuvre et en particulier dans l'exposition "pour faire joli" tu revendiques un concept, le beau, rien d'habituel en général pour les discours complexes autour de l'art contemporain. Crois-tu que ce soit un mode de situer l'art dans la sphère du quotidien des gens ?

    En fait je ne revendique pas le beau mais plutôt le joli, et c'est  je pense ce qui est délicat en art contemporain : le joli, le décoratif sont tabous, comme si quelque chose de joli ne pouvait pas aussi être intéressant et profond. On peut faire du beau si c'est grandiose, si c'est de l'ordre du sublime, mais alors pour moi c'est trop grand, c'est immense, ça ne m'intéresse pas. Je veux faire un art à taille humaine, pas quelque chose devant lequel on doive s'agenouiller et prier, mais des oeuvres qui nous parlent de très près et prennent place chez nous avec force et discrétion.
    Aussi, je m'intéresse à ce qui fait le décor de nos vies, dans lequel l'ornement est hyper présent. Les façades des immeubles, le mobilier urbain, les boutiques, restaurants, ... et dans la sphère privée, les éléments "pour faire joli" sont partout et toujours chargés de sens. Ils envoient des informations plus ou moins subliminales et plus ou moins voulues. Ils ne sont pas que "pour faire joli", pas que décoratifs, ils nous manipulent un peu parfois. J'aime utiliser ce pouvoir. Dans mes oeuvres, il y a un certain désir manipulateur : elles doivent nous influencer au quotidien.

    Beaucoup de tes installations font référence à l'espace domestique et donnent la sensation de confort et de proximité, mais avec « El mejor Pais » tu t'appropries complètement l'espace public. Quelle différence vois-tu dans l'usage d'un espace ou de l'autre ?

    Pour moi lire le journal est une activité très personnelle, même assez intime, et c'est ce rapport solitaireet douloureux aux nouvelles du monde que j'ai partagé en proposant une sorte de contre lecture des actualités.
    Avec la performance dans la rue (la distribution de ce journal fait que de bonnes nouvelles), je ne suis pas sûre de m'approprier 
tellement l espace public, mais je m'adresse à un public plus large que l'habituelle élite cultivée qui fréquente les lieux d'art. Cette volonté - s'adresser au plus grand nombre - est une constante dans mon travail. Comme le "joli", c'est un parti prix délicat à défendre dans un milieu où la tendance porte à penser que si le grand public peut apprécier alors ça ne doit pas être très intéressant ni profond.
    J'évite aussi de trop faire référence à l'histoire de l'art et utilise un vocabulaire formel le plus universel possible. Avec la paire de fauteuil "Have a bite" et "Rest in peace" par exemple, je me positionne dans un double champ de référence : le cube peut-être vu comme icône d'un certain art minimal que j'affectionne beaucoup, Donald Judd en tête, sur lequel est appliquée une empreinte sculpturale presque caricaturale d'un certain courant gestuel. Mais surtout, sa mollesse, sa couleur jaune et la morsure géante font penser à un gros morceaux de fromage de dessin animé ou à un chamallow grillé qui suffisent a évoquer, j'espère, l'idée de s'asseoir dans la gueule du loup, ou tout du moins une certaine gourmandise féroce, quelque chose de plus comique que sérieux.
    Finalement pour répondre à votre question, ce qui m'importe est plus de m'adresser directement aux gens, quelque soit l'endroit où ils se trouvent, et il est vrai que j'ai fait jusqu'à maintenant beaucoup plus de propositions pour la sphère privée.

    Tu sembles établir une espèce de relation magique et symbolique avec les objets qui nous entourent. Quelques unes de tes oeuvres oscillent de manière ambigüe entre leur nature fonctionnelle et décorative. Jusqu'à quel point cette fonctionnalité est-elle importante ?

    Quand j'ai commencé à sentir que j'allais devenir artiste dans le milieu de l'art contemporain j'ai été très inquiète : on m'a élevée dans l'idée que l'art est parfois beau mais surtout inutile et que les artistes sont respectables et sacrés, mais quand même plutôt des bons à rien. Moi je trouvais qu'en tous cas qu'ils ne partageaient que trop de choses sombres. 

Alors j'ai démarré avec un pacte en tête : faire des choses utiles et porteuse de joie ou d'espoir. 
J'ai choisi la légèreté contre la lourdeur.
    Et j'ai décidé de faire des objets qu'on puisse s'approprier à travers leur usage : le respect qu'on nous apprend à observer face aux oeuvres d'art est inhibant, on ne se sent pas forcément libre d'en faire ce que l'on veut. Avec les objets du quotidien on a tous les droits. J'aimais bien l'idée de faire des objets deux en un, oeuvre d'art et objet fonctionnel. 
Et puis surtout, de cette façon, j'entrais véritablement dans le quotidien des gens et je pouvais leur proposer de changer d'habitudes, de porter un nouveau regard sur les objets qui nous entoure.
    Oui, je suis sûre qu'ils ont beaucoup de pouvoir sur nous, pas vraiment magique non, mais ils sont là tout le temps, on se prend les pieds dans le tapis, on s'assied sur un coussin brodé "le travail c'est la santé", ... Forcément ils influent sur nos existences.
    Avec mes objets, pas les vrais du quotidiens, le plus important n'est pas leur qualités fonctionnelles : ce que je veux c'est que ce qu'ils racontent soit très présent : ils sont comme des instruments de propagande et je serais la dictatrice du bonheur. Ils proposent une autre façon de voir les choses, un rapport au monde engageant à la réflexion.
    Vous avez dû remarqué que je fais souvent des sièges : c'est l'élément adaptateur par excellence entre nous, pauvres hères, et le monde. 
Et c'est aussi que j'adore l'idée qu'une oeuvre soit importante, raconte plein de choses et qu'à la fin on s'asseye dessus. C'est un peu comme les principes, c'est bon d'en avoir, mais il faut aussi savoir s'asseoir dessus.

    Souvent les artistes revendiquent avec leur oeuvre la volonté de changer le monde, pour ma part il me semble  tu prétends le rendre plus confortable. Dans quel sens peut on considérer qu'il s'agit d'une manière de se conformer, s'adapter a la réalité ?

    Effectivement il y a un rapport très fort au confort et au conformisme dans mon travail. Le confort est ce à quoi nous aspirons presque tous je pense, et de ce désir découle un certain conformisme qui peut rendre la vie assez ennuyeuse. Il y a des tas de moules qui permettent de se sentir mieux, beaucoup de moules très confortables, mais il y en a pas mal à casser aussi.
Je me bats contre les mauvais moules, pas seulement ceux de l'éducation qu'on a reçue, mais ceux qu'on se crée soi-même au fil du temps, à travers les modèles qu'on décide de suivre par exemple. 
Mais je ne suis pas révolutionnaire, et je ne veux pas changer le monde.
    Dans mon travail il ne s'agit pas tant d'utopie que d'une quête assez terre-à-terre du bonheur. Je m'intéresse plus à ses représentations quand elles se situent dans notre quotidien banal - les pique-niques en famille par exemple -, que quand elle nous emmène dans des univers fictionnels délirants.
    Plutôt que de vouloir changer le monde, j'essaie de changer notre rapport a celui-ci, et c'est déjà énorme. Notre vision des choses est le résultat d'un filtre que chacun se façonne au fil du temps, et ... du bon filtre au mauvais moule, il n'y a qu'un pas !

    Derrière le style ingénu et doux de tes œuvres, et par exemple dans la chanson « Adieu à Dieu » avec cette phrase : « Comment veux-tu que j’te crois, j’ai trouvé des vérités beaucoup plus appropriées à la triste réalité que tu nous as fabriquée »*, l'on perçoit plus d'ironie que 
l'innocence qui imprègne tes œuvres. Cette aspiration au bonheur 
est-elle le fruit d'un désenchantement plus que d'un optimisme naïf ?

    Je crois que cette question est un peu la même que celle de savoir par quoi tout a commencé, la poule ou l'oeuf.
    J'ai commencé très naïvement, un de mes tous premiers travaux vraiment personnel était "les instruments pour le 
bonheur" (un sèche-larme, un tire-bouche, des oeillères, …) présentés sous forme d'une vidéo-mode d'emploi type télé-achat. 
J'étais complètement sincère dans mon propos et lorsque je l'ai montré pour la première fois j'ai été très étonnée que tout le
monde rie aux larmes. Je savais qu'on ne porterait pas ces instruments dans la vraie vie, qu'ils seraient des symboles de ce désir d'être heureux, mais c'était quand même du premier degré pur et dur.  Et finalement, ça m'a très vite fait rire moi-même : c'est comme si face à notre petitesse, il n'y a pas tellement d'autre salut que d'en rire.

    Crois-tu que la critique d'art tende à éloigner au lieu de rapprocher l'art et les personnes, qu'en réalité la création artistique est quelque chose de beaucoup plus facile et spontané que ce qui se pose et dit dans cet entretien ?

    Non je pense que la critique est souvent bonne et rapproche les gens de l'art en donnant des pistes d'interprétation. Elle ne doit pas être nécessaire mais est souvent intéressante.
    Pour ma part, une chose me chiffonne : j'entend un peu trop souvent parler d'ironie dans mon travail et ce mot m'embête car ce n'est pas ce que j'ai voulu d'abord. Il ne s'agit pas non plus d'humour noir; c'est simplement que la façon dont je regarde les
 choses et les présentent à travers mon travail entraine irrémédiablement vers cette interprétation, presque malgré moi. L'ironie ne fait pas partie du processus de travail mais seulement du résultat, et parfois les gens mélangent un peu tout ça. C'est important de laisser les choses à leur place.
    D'accord pour ce désenchantement qui transpire, moi j'espère surtout qu'il induit un regard tendre sur nos toutes petites vies faites de si grands espoirs.

    Entretien par Anna de Golferichs, paru sur camilayelarte.blogspot.com
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    Thème : Arts plastiques
  • Richard Dailey

    Il y a 12 ans

    / Textes

    Richard Dailey
    Insouciant elegance defines everything Elvire tries her hand at, and what she does deserves the ultimate Good Housekeeping seal of approval: she hits us artists where we live. Furniture, cushions, hot plates, music - her creations in whatever form are meant to be integrated into our lives; she makes things you immediately want to live with. Everyone knows what happens to chocolate (white or dark) when it reaches body temperature on your tongue - but these hot plates in the form of chocolate bars will set your guests' conceptual glands on fire. Don't let anyone break a tooth.

    A text by Richard Dailey, for Onestar Press, February 2010
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    Thème : Arts plastiques
  • Texte par Patrick Javault

    Il y a 12 ans

    / Travaux / Le Meilleur Monde / Communiqué

    TROIS MOIS COMME UN JOUR Qu’il s’agisse de lancer un manifeste ou de transformer un acte en événement, ce qui conduit en général les artistes à s’emparer d’un quotidien de presse, est une affaire de vitesse. Une manière de jouer le temps bref de l’actualité contre celui long de l’histoire de l’art, une manière aussi de revendiquer une place ailleurs dans la vraie vie. En confectionnant son numéro spécial du quotidien Le Monde, Elvire Bonduelle continue une longue tradition. Mais en ne publiant que des informations trouvées, datées et chargées d’un coefficient positif, elle produit un geste inédit.L’actualité heureuse, ce slogan d’un hebdomadaire d’autrefois, n’est que rarement politique et quand elle l’est, c’est le plus souvent à l’échelle municipale ou régionale. Elvire Bonduelle reconnaît que les annonces de réformes ou les projets énoncés par les politiques, quand dire c’est faire, l’ont aidé dans son travail de fourmi. Ces promesses de bonheur ressemblent un peu à l’art, et pas uniquement à celui de la performance.Pour amasser les bonnes nouvelles, il ne suffit pas d’être patient et méthodique mais il faut être soi-même doté d’un tempérament optimiste. Ne pas imaginer par exemple que la partie engagée par Medvedev contre la corruption est perdue d’avance ou qu’elle pourrait manquer de nerf. De toute façon, trois mois de collecte pour un numéro du Monde plutôt mince porte en soi la condamnation de l’optimisme. Bonduelle y croit mais ne cherche visiblement pas à nous convaincre qu’elle a raison, préservant sur ce plan la neutralité de l’information. Le côté fait-main de l’entreprise n’est pas son aspect le moins intéressant, et il confère à ce numéro un caractère fragile en accord avec son contenu incertain. Un collage ou “recollage” qui dans sa façon d’écarter la violence et de faire taire les cris préserve un caractère utopique. Un “ça pourrait aller” d’aujourd’hui, plutôt qu’un “ça ira” d’hier. Ce journal est donc aussi un manifeste, celui d’une position, position en partie instable puisqu’elle consiste à faire semblant de ne pas voir ce qui saute aux yeux, à oeuvrer comme un faussaire pour donner l’illusion que les choses ne vont pas si mal. A l’heure où les artistes revendiquent le réel comme leur espace privilégié, Elvire Bonduelle se paie le luxe d’un activisme à la Frank Capra. Elle nous offre ainsi un objet aux couleurs d’une réalité anémiée, le souvenir d’un jour réussi et presque vrai ; façon sans doute de retenir ses larmes. Patrick JavaultCommuniqué pour l'exposition "Le meilleur Monde", Galerie Intuiti, Paris, juin 2010.
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    Thème : Arts plastiques
  • El mejor Pais

    Il y a 12 ans

    / Travaux

    • 1 - Une vierge
      Une vierge
    • 2 - inspection technicien
      inspection technicien
    • 3 - vrac
      vrac
    • + 6 media(s)
    Thème : Arts plastiques
  • Pour faire joli

    Il y a 12 ans

    / Travaux

    • 1 - vue générale
      vue générale
    • 2 - El mejor pais table sous verre
      El mejor pais table sous verre
    • 3 - cravache premier plan life is au fond
      cravache premier plan life is au fond
    • + 10 media(s)
    Thème : Arts plastiques
  • Salle de bain

    Il y a 12 ans

    / Travaux

    • 1 - vue générale
      vue générale
    • 2 - détail
      détail
    • 3 - vue générale ramassée
      vue générale ramassée
    • + 2 media(s)
    Thème : Arts plastiques
  • Texte par Aurélie Wacquant Mazura

    Il y a 12 ans

    / Travaux / Salle de bain

    Salle de bain (éclaté)

    Prenant acte des contraintes que le lieu impose, immense et ouvert sur l’extérieur tout l’été, Elvire Bonduelle et Bertrand Planes ont « bâti » pour cette exposition aux Tanneries une salle de bain géante. Mais non pas, comme on aimerait s’amuser à le croire, au sens où Gargantua s’y plairait à faire sa toilette…     
    Car si elle nous apparaît réellement géante, c’est que la salle de bain compose en fait avec une structure en éclaté, distendant complètement les proportions et donnant à la pièce une perspective infiniment étirée.
    Ainsi baignés dans une étrange étrangeté, nous sommes soudainement happés par cet espace blanc, livide, incroyablement net et immaculé, en tension avec le contexte même de l’installation, dont le cadre délabré nous rappelle que les Tanneries sont d’anciennes usines désaffectées. L’intimité à laquelle nous inviterait cette salle de bain, décor naturel pour un corps nu et propre, contraste alors singulièrement avec l’atmosphère encore laborieuse et impersonnelle de l’usine.
    Le travail in situ réalisé par nos deux artistes, fruit d’une résidence d’un mois aux Tanneries, révèle leur complexe appropriation des espaces. Car c’est en se confrontant eux mêmes à une surface aussi gigantesque, qui plus est sans vie, qu’Elvire Bonduelle et Bertrand Planes ont choisi de nous mettre en scène, tels des lilliputiens, dans un monde aux proportions absurdes et dans la salle la plus symbolique de notre habitat quotidien.
    Soudain en effet, comme si nous étions emportés par le conte, l’espace semble nous échapper, cauchemardesque, puisque chaque élément nous apparaît minuscule, inatteignable, absorbé par des distances incongrues. Eloignés les uns des autres, ils nous obligent à parcourir des lieues avant de les voir se rapprocher, et nous rappellent à notre fragilité d’humains, petits poucets contemporains. De luxueuse (le luxe serait-il vraiment l’espace ?) la salle de bain devient couloir de l’angoisse.
    Formant un immense ensemble vide, simplement ponctué ici ou là pour nous rappeler un semblant de réel, l’installation nous interroge sur les distorsions de l’espace contemporain, que nous avons l’habitude de vivre au quotidien contraint et réduit au strict minimum. Seulement s’il est ici immense et étendu, il en devient paradoxalement étonnamment inconfortable. Le vide nous confrontant soudain à la vanité de nos exigences.
    Quête du bonheur, rêve d’espace et de grandeurs, sont absorbés, anéantis presque par un décor devenu surréaliste à l’inquiétude plus que palpable.
    Elvire Bonduelle et Bertrand Planes jouent ici, comme ils nous ont habitué à le faire dans leurs travaux antérieurs, de notre perception. Mettant un point d’honneur à nous révéler, encore une fois - car nous ne voulons pas l’entendre – qu’elle nous joue naturellement des tours. Toujours techniquement infaillibles, répondant à de précieux calculs de mise en perspective, méticuleux et précis, les artistes, magiciens du quotidien, usent de la simple distorsion des proportions d’échelle pour rompre un équilibre visuel aux premiers abords confortable.

    Sur le principe du ready made, les objets simplement posés au milieu de l’espace, imperturbablement familiers, ont ici au final un autre rôle, celui de nous questionner sur notre rapport au monde.
    A l’image de la place toute symbolique - au cœur de la salle de bain - du miroir, telle une toute petite porte ouverte à Alice pour entrer dans le pays des merveilles, les artistes nous invitent à quitter le monde strictement matériel, des meubles ancré dans le sol, pour nous plonger dans un espace, cette fois-ci « mental », dans une évasion fantastique.
    Nous immergeant dans l’immensité de la salle de bain blanche, au cœur de l’usine devenue fantôme, ils nous engagent à pénétrer dans un univers, s’il est ultra carré et calculé, avant tout sensible. Spectateurs malmenés entre vie très réelle ou allégorie fantasmagorique, nous avons malgré tout à disposition, par cette échappée mentale, aussi bien le vide de la salle à remplir que la page blanche à carreaux de céramique pour coucher nos émotions.
    Proposition donc, l’installation nous offre le temps et l’espace - devenus rares - pour ressentir pleinement et laisser libre cours à nos émotions.

    Aurélie Wacquant Mazura
    Suite
    Thème : Arts plastiques
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    Il y a 13 ans

    / Travaux

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