TOUS LES ARTICLES

  • Mineurs, les derniers seigneurs du charbon

    Il y a 14 ans

    / Photo / Séries / Présentation

    Mineurs, les derniers seigneurs du charbon
    Nous n’irons plus à la mine… Les derniers mineurs de charbon en France

    J’ai passé trois ans de ma vie sous terre, avec les gueules noires de Moselle-est, jusque dans l’une des exploitations les plus profondes d’Europe, dans les puits Vouters à Merlebach et de La Houve à Creutzwald, les deux dernières tailles de charbon françaises en activité. Jamais, jusque-là un étranger à la mine n’avait eu le privilège de partager la vie quotidienne de ses Seigneurs. Lampiste, about, traceur, boute-feu, ripeur, électro., haveur ou porion,…, ils m’ont permis d’être là, parmi eux, où l’on creuse, où l’on boise, où l’on roche, où l’on rabenasse, où l’on mange, où l’on chante, où l’on meurt parfois. J’ai vécu avec eux par 900 et 1250 m de fond dans ces deux immenses chantiers mobiles, là où, dans chaque taille, plus de 2500 tonnes de matériel rampant permettent d’extraire jusqu’à 10 000 tonnes de houille par 24 heures.
    Dès la cordée de 5h50, quand on quitte la nuit pour une autre nuit, plus profonde encore, et jusqu’à l’heure où l’on se dit « à demain », d’une poignée de main solide et protectrice, pour voler quelques heures de sommeil aux ténèbres, omniprésentes et familières, à force.
    Aujourd’hui, il n’y a plus de mineurs de charbon en France, il n’y aura plus, non plus, de mine industrielle sous terre si l’on excepte les quelques ardoisières encore en exploitation près d’Angers. C’est tout un monde qui s’évanouit : un monde fort, héroïque, chargé de drames, et dans lequel la littérature et le cinéma ont largement puisé, au risque d’avoir gravé dans l’esprit du public une image désuète et caricaturale de cet univers consacré à la substance noire pour et par laquelle nombre de régions françaises, à commencer par l’est de la Lorraine, ont vécu pendant plus d’un siècle.
    C’est à cet univers, qu’on vient d’enterrer avec la dernière haveuse, que j’ai voulu rendre hommage à travers ce témoignage. C’est pour ces hommes désormais en deuil que j’ai voulu vivre la mine, au jour le jour…mais c’est à moi qu’ils ont offert le plus précieux des cadeaux en m’ouvrant grands leurs bras et leur cœur, et en permettant de garder, au jour, un peu de leur vie. La vie de ceux qui ont éteint leur lampe sur une partie importante de notre histoire.
    Quelques photographies qui m’autoriseront peut-être à leur dire à mon tour Glück auf*.

    Jacques Grison

    * ∼ …à la joie de nous retrouver au jour  !
    Suite
  • La vie malgré tout

    Il y a 14 ans

    / Photo / Séries / Présentation

    Le monde du handicap fait peur.
    Terriblement.
    Jusqu’à la lâcheté, parfois jusqu’à l’inadmissible.
    On change de trottoir pour éviter un fauteuil roulant, on détourne le regard devant un enfant handicapé, on lui adresse rarement la parole, on ne sait pas quoi lui dire, on fuit, on fait comme s’il n’était pas là, on parle de lui derrière son dos, on prend des mines bouleversées, on commente le malheur de la famille.
    Il semble qu’il soit devenu lui-même le handicap qu’il ne fait pourtant que subir.

    Nous avons trop entendu chanter le refrain de l’époque qui célèbre le culte du corps et le devoir de performance, pour supporter l’idée qu’il existe d’autres harmoniques.
    La laideur du vocabulaire qui les nomme renvoie les invalides, handicapés, paralysés et infirmes sur des territoires hostiles qu’on évite prudemment.
    Alors Jacques Grison nous montre ses photos et on comprend notre erreur.
    Il ne cherche pas à nous donner une leçon, il fait juste son métier de photographe : il nous aide à mieux voir.
    Pour lui qui connaît bien ces enfants-là c’est une évidence de nous montrer qu’on est tous les mêmes qu’on soit valides ou qu’on ne le soit pas.
    La vie est intacte dans un corps qui ne l’est pas, c’est aussi simple que ça, il est donc possible d’aider pour que la vie quotidienne se simplifie elle aussi.
    Il suffit de se laisser guider par ses images pour regarder la vie comme partout ailleurs, chargée d’émotions, de moments heureux, de souffrances et de grâce.
    Imprévisible comme un fou rire, déchirante comme un sanglot.
    La vie, pour eux comme pour nous, petite, toute petite lorsqu’elle est tout simplement matérielle et qu’on y cherche vainement la présence d’autrui.
    La vie qui devient magique pour une simple main posée, un regard échangé, un rire partagé.
    A Clair Bois en Suisse dans le canton de Genève, les plus atteints des enfants trouvent un refuge qui leur permet de vivre doucement leur enfance.
    A Vaucresson en banlieue parisienne, au lycée Toulouse-Lautrec les élèves sont tout simplement des jeunes qui se préparent à vivre demain libres, égaux et fraternels.
    L’Association Française contre les Myopathies poursuit grâce à la générosité publique, une action si efficace qu’elle permet chaque année à tous ceux qui en sont atteints de reculer les limites du possible.

    A regarder ces enfants, ces jeunes si déterminés à avancer sur le chemin de la vie en dépit des difficultés supplémentaires auxquelles ils sont confrontés on se demande si leur handicap, si cruel en apparence ne les a pas investis d’un don très rare. Celui de connaître le sens de leur vie.
    Parce que rien ne leur est donné facilement, ils ont tous d’emblée évalué leur courage, ils en usent chaque jour tout naturellement pour un peu plus d’autonomie, d’échange et d’harmonie.
    Pour qu’il soit possible de vivre ensemble.
    Jacques Grison  nous montre des photos douces et belles, des images de vie, d’espoir et de bonheur, et on se demande soudain pourquoi mais pourquoi donc on avait eu si peur ?

    Francine Deroudille
    Suite
  • Signes de vie

    Il y a 14 ans

    / Photo / Séries

    • 1 - Signes de vie - 01
      Signes de vie - 01
    • 2 - Signes de vie - 02
      Signes de vie - 02
    • 3 - Signes de vie - 03
      Signes de vie - 03
    • + 17 media(s)
  • Verdun, 30 000 jours plus tard

    Il y a 14 ans

    / Photo / Séries

    • 1 - Verdun, 30000 jours plus tard - 01
      Verdun, 30000 jours plus tard - 01
    • 2 - Verdun, 30000 jours plus tard - 02
      Verdun, 30000 jours plus tard - 02
    • 3 - Verdun, 30000 jours plus tard - 03
      Verdun, 30000 jours plus tard - 03
    • + 17 media(s)
    • 1 - Mineurs, les derniers seigneurs du charbon - 02
      Mineurs, les derniers seigneurs du charbon - 02
    • 2 - Mineurs, les derniers seigneurs du charbon - 15
      Mineurs, les derniers seigneurs du charbon - 15
    • 3 - Mineurs, les derniers seigneurs du charbon - 12
      Mineurs, les derniers seigneurs du charbon - 12
    • + 17 media(s)
  • La vie malgré tout

    Il y a 14 ans

    / Photo / Séries

    • 1 - La vie malgré tout - 01
      La vie malgré tout - 01
    • 2 - La vie malgré tout - 02
      La vie malgré tout - 02
    • 3 - La vie malgré tout - 03
      La vie malgré tout - 03
    • + 17 media(s)
  • Jacques Grison

    http://grison.metaproject.net

    Présentation du travail photographique de Jacques Grison

  • Vous passez nous on reste, Galerie Chatiliez

    Il y a 14 ans

    / Expositions et résidences / Présentation

    Situer l’espace périphérique au centre des regards, des discours ; inscrire les projections intérieures dans l’espace public en partageant son rôle d’artiste avec les habitants ; être à l’écoute du moindre geste, du moindre évènement.

    Au cours de cette résidence, Élise Leclercq a tenté d’initier un autre regard sur le quartier stigmatisé de la Bourgogne, loin des faits-divers et flashs journalistiques. Regard animé par le désir d’atteindre les personnes autrement, dans un projet artistique hors des relais habituels.

    Production : Ville de Tourcoing, Galerie Chatiliez
    Année : 2007-2008
    Suite
    Thème : Arts plastiques
  • 2108

    Il y a 14 ans

    / Expositions et résidences / Art et territoires / Présentation

    • 1 - 2108-1
      2108-1
    • 2 - 2108-2
      2108-2
    Installation sonore de 20 minutes spatialisée sur dix enceintes
    Mixage son : Blandine Tourneux

    Dans l’installation sonore présentée ici, la parole nous est donnée à recomposer dans la déambulation. Elle traverse les couloirs de ses propres modulations, ses non-dits, ses redoublements, les signes d’hésitation, d’entrain, etc. Les voix qui s’échappent in situ de  ces corps absents rythment notre propre corps qui se déplace, avec eux, dans l’espace.

    2108 est donc d’abord ce lieu d’inscription de chaque parole, pensé par l’artiste dans le continuum des supports qui peut en découler, depuis le dictaphone jusqu’à l’espace de conservation ou d’ "exposition". Chaque banc de l’installation sur lequel on prend place symbolise une escale possible dans cette mémoire en mouvement. Car la parole ne se conserve pas réellement, elle s’archive et se réactive, avec une résonance toujours nouvelle. C’est de sa potentielle persistance et pertinence dans le temps que nous parle Élise Leclercq.

    2108 dépasse finalement son horizon fictif, en définissant l’archive par sa destination future, que pensera-t-on et que fera-t-on en effet de ces témoignages dans cent ans ?
    Suite
    Thèmes : Arts plastiques, Son
  • Tout va disparaître

    Il y a 14 ans

    / Expositions et résidences / Art et territoires / Présentation

    Tout va disparaître
    Vidéo projections de 2 x 10 minutes

    Les micro-fictions mises en place ici par Élise Leclercq et les personnes qui y prennent part, interrogent la fin du monde industriel à travers ses résonances intimes. De ces rencontres, qui invitent à l’aléatoire de l’échange, naissent des actions improvisées par les personnes dans un lieu traversé de leur présence.

    Peut-on seulement imaginer toute l’histoire qui se cache derrière un simple geste ? Christine balaye dans une usine désormais vide, où elle répéta cette action pendant de nombreuses années. Ces mêmes lieux d’où elle fut "balayée" selon ses propres termes. L’usine, lieu de l’assourdissement et de l’épuisement, se présente ici à nu, pénétrée de la lumière que lui offrent ses fissures. D’autres fissures se révèlent, celles de la mémoire, alors que les lieux se donnent à voir dans leur devenir-scène. Non pas une scène de théâtre, loin de là, mais la scène du souvenir, où la mémoire reprend vie à travers les gestes qui l’incarnent. Salah repeuple à lui tout seul l’espace de son café par ses déplacements et ses manipulations d’objets. Il dessine de ses mouvements un parcours physique du lieu retraçant le parcours mental des idées. Les actions sont à la fois littérales et métaphoriques, d’où leur dimension performative. La justesse des gestes nous renvoie à l’ampleur de l’expérience qui les sous-tend, et les airs de musique distillés par le juke-box accompagnent ce sentiment de la réminiscence dans la répétition. Comme dans une chanson dont le dernier refrain se ferait toujours attendre, il y a une méditation du dernier acte dans ces "gestes d’expérience".

    Si les usines sont désaffectées, il en va de même pour les gestes qui les habitaient, désaffectés de leur poids économique et de leur valeur marchande. Réinvestis de leur poids politique et de leur valeur esthétique, ces gestes découragent ainsi l’effacement des choses et la disparition du "vécu".
    Suite
    Thèmes : Arts plastiques, Vidéo