Un dimanche sur les berges de Oued Bou Regreg - Avenue Al Marsa, Rabat.
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SALLE D'ATTENTE
Exposition du 27 novembre au 12 décembre 2009
Centre Culturel Français de Lomé, Togo
Vernissage le vendredi 27 novembre à partir de 18h
"Salle d’attente" est une proposition d'Elvire Bonduelle réalisée en collaboration avec le peintre Cham Wonanu, le soutien du Service de coopération et d’action culturelle français de Lomé et celui d’Air France.
Invitée pour deux mois en résidence à Lomé au Togo, Elvire Bonduelle réalise son projet “Salle d’attente” en collaboration avec des artisans locaux. Il s’agit d’un ensemble de créations inspirées de sa découverte de l’Afrique noire à travers la ville de Lomé. C’est un ensemble d’oeuvres à la limite du design composant, avec les peintures de Cham Wonanu, une salle d’attente.
Elvire Bonduelle s’est intéressée au motif de la salle d’attente en tant que lieu ordonnant un rapport spécifique au temps, en tant que parenthèse spatiotemporelle propice à l’expérience esthétique. Un espace privilégié pour la contemplation d’oeuvres d’art qu’elle mime ici dans l’espace d’exposition du Centre Culturel Français.
Au sujet du temps et des différentes acceptions que l’on peut en avoir, voici ci-dessous le texte ayant inspiré le projet, extrait du roman “Ébène” de Ryszard Kapuscinski.
"L’Européen et l’Africain ont une conception du temps différente, ils le perçoivent autrement, ont un rapport particulier avec lui. Pour les Européens, le temps vit en dehors de l’homme, il existe objectivement, comme s’il était extérieur à lui, il a des propriétés mesurables et linéaires. Selon Newton, le temps est absolu : « le temps mathématique, absolu, véritable s’écoule de par lui-même, par sa propre nature, uni- formément, et non en fonction d’un objet extérieur ». L’Européen se sent au service du temps, il dépend de lui il en est le sujet. Pour exister et fonctionner, il doit observer ses lois immuables et inaltérables, ses principes et ses règles rigides. Il doit observer des délais, des dates, des jours et des heures. Il se déplace dans les lois du temps en dehors desquelles il ne peut exister. Elles lui imposent ses rigueurs, ses exigences et ses normes. Entre l’homme et le temps existe un conflit insoluble qui se termine toujours par la défaite de l’homme : le temps détruit l’homme. Les Africains perçoivent le temps autrement. Pour eux le temps est une catégorie beaucoup plus lâche, ouverte, élastique, subjective. C’est l’homme qui influe sur la formation du temps, sur son cours et son rythme (il s’agit, bien entendu, de l’homme agissant avec le consente- ment des ancêtres et des dieux). Le temps est même une chose que l’homme peut créer, car l’existence du temps s’exprime entre autres à travers un évènement. Or c’est l’homme qui décide si l’événement aura lieu ou non. Si deux armées ne s’affrontent pas, la bataille n’aura pas lieu (et donc le temps ne manifestera pas sa présence, n’existera pas). Le temps est le résultat de notre action, et il disparaît quand nous n’entreprenons pas ou abandonnons une action. C’est une matière qui, sous notre influence, peut toujours s’animer, mais qui entre en hibernation et sombre même dans le néant si nous ne lui transmettons pas notre énergie. Le temps est un être passif, surtout dépendant de l’homme. C’est tout à fait l’inverse de la pensée européenne. Pour le traduire en termes pratiques, cela veut dire que si nous allons à la campagne où doit se tenir l’après-midi une réunion, la question « quand aura lieu la réunion ? » est insensée. Car la réponse est connue d’avance : « quand les gens se seront réunis. » C’est pourquoi l’Africain qui prend place dans l’autocar ne pose aucune question sur l’heure du départ. Il entre, s’installe à une place libre et sombre aussitôt dans l’état où il passe la majeur partie de son existence : la torpeur."
Ryszard Kapuscinski, extrait de “Ebène, Aventures africaines”, éd. PlonThème : Arts plastiques -
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Thème : Arts plastiques -
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Thèmes : Dessin, Illustration
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Voilà maintenant 3 semaines que nous avons migré vers les terres marocaines.
3 semaines intenses pour se trouver un toit, un job et découvrir cette nouvelle vie.
Et 3 semaines pour publier la première photo de cette nouvelle page. Elle est importante...
PS : 3 semaines et déjà 2 commandes pour Le Monde dont une qui vient de paraitre dans l'édition de ce Dimanche 25 - Lundi 26 dans le supplément Géo&Politique.Thème : Photographie -
Thèmes : Dessin, Illustration
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Ce lit de verdure n’inspire pas l’abandon mais l’attente. Surplombant un échangeur immense, cerclé de tours, il est une butée végétale contre laquelle l’axe historique de l’ouest parisien s’est rompu. Sur ce bout d’autoroute retourné à l’état sauvage, les pierres ne racontent plus rien. Elles laissent advenir l’inouï. Sensible aux interactions du naturel et du construit, Cyrille Weiner interprète cet espace dans sa force de destruction et de renouveau : les poussées de sève font craquer le bitume, le sable fluide détruit des murs de soutènement, les plantes s’agrippent aux parapets de l’autoroute. Tout communique, déborde et se déploie sur ces infrastructures qui façonnent un paysage à la mesure de l’homme. La friche, avec ses emmêlements de plantes, convertit le territoire en une zone libre, ouverte à de multiples usages. Comme rescapés de villes où triomphent le repli sur soi, la propriété privée et l’isolement, quelques hommes reconquièrent ici leur temps, leur énergie et leur imaginaire. Cyrille Weiner observe cette réappropriation concrète de la friche, ces corps et mains qui bêchent, plantent, défrichent et fabriquent le pré. Mais cette réalité première est filtrée, transcrite en une fiction de fin du monde et de paradis perdu. Dans la friche au dessein suspendu, les repères de temps se troublent, ces hommes ressemblent aux premiers et aux derniers.
Texte pour le catalogue du prix Lucien Hervé 2012. Cyrille Weiner, "La fabrique du pré".Thème : Arts plastiques -
Exposition de : Fanette Chavent, Lorraine Féline, Jeanne Gouzi, Marie Prunier
Exposition collective avec la participation de Manfred Sternjakob.Thème : Arts plastiques -
Par Céline Piettre.
Comment expliquer la fidélité de Corinne Mercadier à un certain type de paysages ? Lieux déserts traversés d’objets en lévitation et de personnages énigmatiques, ciels obscurs, horizons infinis. Qu’elle ait quitté en 2008 son bon vieux polaroïd SX70 pour un appareil numérique et les joies de Photoshop n’y change rien. L’artiste persévère. On retrouve dans ses deux dernières séries, Black Screen et Solo (présentées aux Filles du calvaire jusqu’au 1er décembre), dans leur titre même, ce goût pour l’ombre et la solitude. Et cela, peut-être justement parce que les paysages de Corinne Mercadier n’en sont pas. Construits de toutes pièces, comme ces cabanes que l’on fabrique enfants car il n’en existe aucune à la taille de son imaginaire. Vides pour qu’on y entende mieux résonner sa propre voix. Anonyme en visages, en temps et en espaces pour pouvoir s’y projeter sans avoir à faire de la place au préalable.Des scènes de théâtre, des songes strictement composés, où viennent se jouer quelques instants mystérieux. Des lieux qu’on traverse, qu’on occupe mais où l‘on n’habite pas. Sans couleur comme dans un rêve. Sans localisation précise.
A l’étage, la netteté de la série Solo, le lien étrange qui se tisse entre les personnages (mère ou fille de l’artiste) et les objets lancés en l’air et stoppés net dans leur course, évoquent le surréalisme de Magritte ou de De Chirico. On est manifestement ailleurs, dans un espace mental à la fois ouvert et délimité, figé en un temps suspendu. Les horizons, très bas, les ciels noirs, étirent le sol à l’infini, surface terrestre monochrome dont on arrive presque à deviner la courbure. Un labyrinthe, des rectangles et des sphères, des présences absentes, des gestes capturés dans leur élan par la pellicule.« Ce qui m’intéresse dans le mouvement photographique, c’est qu’il enregistre ce que l’œil n’a pas vu ». Ici, une chorégraphie muette et immobile, mais dont on sent le dynamisme passé et à venir. Corinne Mercadier déploie cette magie qui est propre au médium et qui consiste à révéler des agencements secrets. Une magie qui imprègne l’atmosphère jusqu’aux objets et aux personnages eux-mêmes : baguettes, sorciers, danse rituelles et corps occultes.Au rez-de-chaussée, la série Black Screen est une succession d’épiphanies. Dans des intérieurs dépouillés, des objets laissés à l’abandon sont transfigurés par une lumière interne. Devenus phosphorescents, des piles d’assiettes, un lit démantibulé posé à la verticale contre le mur, un seau, un balai, se détachent du fond noir comme sur les négatifs d’une photographie. Ils apparaissent littéralement, se « manifestent » tels des fantômes. Radiographies de ce qui est caché. Repentirs.La magie opère une fois de plus. Tout prend du relief : le grain du sol, les lézardes sur les parois abîmées, la saleté sur les murs, les poussières, la matière. La lumière dans un angle de cheminée découpe un volume de blanc comme sur une toile abstraite.Ici, et à l’opposé de la série Solo, il ne s’agit pas d’instants capturés mais d’une durée faite de strates temporelles, étirées, superposées. Corinne Mercadier, en magicienne de l’image, a jeté un sort à ces lieux inhabités. A la fois vides et saturés de temps, de passés qui brillent dans l’obscurité telles des lucioles.Thème : Photographie