Et de fait, à la piscine avec Madeleine, certes j'appréciai d'être en partie extrait de cette spirale obsédante d'être en train de travailler et de documenter cette activité de travail, qui devenait elle-même documentée, englué comme pris au piège de cette spirale aussi surement que la mouche sur ces rubans adhésifs que l'on fait pendre les soirs d'été de l'abat-jour des lampes. La comparaison avec le monde des insectes est une nouvelle fois choisie à dessein, que dire en effet de ces heures tous les jours passées devant l'écran lumineux, les yeux s'usant, assez certains soirs pour que je sois obligé de porter des lunettes, si ce n'est que souvent j'ai le sentiment d'y être on ne peut plus vivant, c'est à dire le plus près qu'il soit de moi-même, de mon centre, et qu'à d'autres moments, surement moins couronnés de succès __ tout est relatif, le fait que cela fonctionne à peu près est pour moi un succès, un triomphe même aussi modeste soit-il __ dans ce que j'entreprends, je nourris au contraire le sentiment de passer à côté de tout, et d'autres soirs encore, ce qui est pire, d'avoir un sentiment mitigé et partagé, entre ce qui ne valait sans doute pas la peine et là où le temps fût tout à fait englouti, gâché, un papillon de nuit léthalement attiré par la lueur électrique doit tenir pareil discours.
22042003.txt 1/2
Il y a 16 ans
/ Photos