Verdun, 30 000 jours plus tard

Il y a 13 ans

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Verdun, 30 000 jours plus tard
Lorsque j’ai ressenti la nécessité de porter sur Verdun le regard du photographe que j’étais devenu, je     suis allé photographier des objets dans des lieux dont j’imaginais qu’ils étaient vides. Or, j’ai constaté très rapidement que je ne faisais que poser mes pieds sur des empreintes d’hommes. J’ai cherché à lire ces empreintes et parfois des visages me sont apparus, comme s’il me demandaient de ne pas détourner le regard.
J’ai soigneusement construit mon projet et quand il a été prêt, je me suis mis à l’œuvre. Je n’ai jamais été maître du sujet, c’est lui qui m’a conduit, du début à la fin.

Comme le dit Christian Bobin, je n’ai pas cherché l’intelligence mais à ressentir ce qui est déterminant dans mon incarnation. A l’écart de l’agitation et de la foule, j’ai trouvé le silence qui permet de regarder et de sentir.

J’ai tout juste cherché mes meilleurs outils. J’ai choisi de travailler en couleur pour m’écarter des photographies d’époque et éviter la tentation de réinvestir les univers magnifiques de quelques confrères.

La rédaction de ces quelques lignes m’a conduit à relire la mémoire inconsciente du regard de Régis Durand, puis L’imaginaire d’après nature de Henry Cartier Bresson.
Et au beau milieu de ces réflexions un peu compliquées, une conversation m’est revenue ; c’était il y a quelques mois, à Paris, sur le Pont des Arts, j’avais une discussion sur la photographie avec Willy Ronis,     et pour conclure, le regard au loin, l’articulation lente et appliquée, il me cita le Talmud : « Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont, nous les voyons telles que nous sommes ».
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