Élise Leclercq Bérimont

Élise Leclercq Bérimont

Artiste

www.eliseberimont.net

Elise Leclercq est diplômée de la Cambre à Bruxelles en scénographie, elle part ensuite à Berlin pour poursuivre ses recherches à l’école des Beaux Arts de Weissensee. Elle revient ensuite à Paris, où elle poursuit un Master d'anthropologie visuelle et d'histoire de l'art à l'École des hautes études en sciences sociales. Ses oeuvres s'élaborent le plus souvent à partir d'observations de terrain, d'enquêtes ou d'autres protocoles d'expérience. Elles explorent un milieu social mais surtout les représentations collectives et intimes qui en découlent. Dans ce cadre d'action sur le réel, la dimension du témoignage et des sources orales côtoie celle des images mentales et des gestes quotidiens, le document et l'archive s'ouvrent à la mise en scène et aux récits fictionnels. Elle expose ses oeuvres en France et à l’international (Berlin, Montréal, Bruxelles…).

Pièces et mémoire

Il y a 12 ans

/ Expositions et résidences / Interlignes / Présentation

  • 1 - DSC_0060b
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  • 2 - FLG-9
    FLG-9
  • 3 - Séquence 1b
    Séquence 1b
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Installation en boucle, vidéos HDV 8’40 et 11’15, vidéo analogique 19'

avec la participation de Robert Carlier


Le triptyque de vidéos réalisé en collaboration avec Robert Carlier, ancien ouvrier de la fonderie Miroux à Ferrière-la-Grande, nous plonge dans une triple dimension. Celle-ci se compose d’une visite-souvenir, aujourd’hui, sur la friche de l’ancien site ouvrier fermé en 2002 ; d’un film personnel qu’il réalisa en 1991 à l’intérieur même de l’usine avant son licenciement économique en 1998 ; et enfin d’une vidéo qui met en scène les modèles réduits sophistiqués qu’il construisit durant son temps libre, reprenant à l'identique les formes, les matières et les couleurs de ces machines qu'il réparait tous les jours à l'usine. Lors de sa visite, Robert Carlier nous éclaire de ses souvenirs sur les détails d’une journée de travail type, sur l’organisation et les recoins de l’usine. Mais la mémoire qui se met au travail aléatoirement sur le terrain vague prend la forme d’une description vivante, au présent, qui déstabilise notre conception du témoignage. Les mouvements zélés de sa baguette feraient presque apparaître les machines comme par le pouvoir d’une invocation magique. Le dialogue fictif qu’il établit avec ses collègues de l’époque se prolonge ensuite dans les images filmées par Robert Carlier lui-même. Les regards complices et les plaisanteries suscités entre collègues par la caméra se détachent alors de la chaîne de travail et de l’automatisme des machines.

Si les images témoignent autant des transformations introduites par la caméra que de l’usine elle-même, il ne faut pas oublier que le geste de filmer outrepasse l’interdit opposé par le lieu de travail, qui s’avère donc aussi un lieu d’échange et de sociabilité. Puis par l’effet renversant de la troisième vidéo, la main de l’ouvrier n’est plus contrainte à suivre le rythme imposé par la machine mais elle la manipule dans un décor lilliputien. La force de travail pure se voit soudain réinvestie dans le savoir-faire de l’ingénieur maquettiste. Les trajets vacillants de la mémoire qui vont d’un point à un autre, du passé au présent, nous amènent désormais au royaume d’un art de la mémoire. Ici l’expérience se reconstruit « pièce » par « pièce », comme l’édifice d’une vie où le travail rime amèrement avec l’enfance, mais où les modèles réduits survivent aux usines.
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Thèmes : Arts plastiques, Vidéo
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