L'expérimentation par l'art a été renouvelée cette année dans la classe du professeur de français Clément Léonard au collège Pierre de Ronsard à l'Hay-les-roses, cette fois avec les élèves de 4ème1 de la classe qui ont travaillé sur la question difficile de définir et d'imaginer une classe comme un corps collectif, comme une ville, puis qui ont du s'organiser pour écrire, jouer, mettre en musique, mettre en scène et danser une vision collective de leur classe-ville. Encourageant l'improvisation et l’interdisciplinarité, Aurore Laloy invite les élèves dans ses ateliers à relever le défi de libérer voix et récits. A partir de matières personnelles des élèves (objets, mots, accessoires ou costumes, plans de ville...) un petit film a été réalisé par François Ramstein et projeté derrière eux lors de la representation publique de leur performance collective. Avec les blocages et les heurts que le travail sur le corps peut susciter, l'implication mouvante des élèves, plus ou moins liée à la difficulté de trouver sa place dans un organisme collectif, le projet a été grandement mené à bien et joué avec plaisir et assurance par les élèves ! Un atelier proposé par La Petite fabrique des arts et des cultures, zone d'initiative et d'éducation artistiques, et Labelle Ecole, plateforme d'enseignement et d'expérimentation par l'art à Anis Gras, le lieu de l'autre à Arcueil, animé par Aurore Laloy, avec François Ramstein à la vidéo, et coordonné par Fanny Sabuco.

Ci-dessous quelques témoignages des élèves sur leur experience vécûe en atelier :

« Ce qui me plait est le fait qu’on est libre, on crée notre ville à nous. Si on veut qu’il y ait des tigres dans la ville il y en aura, et aussi des maisons de papier. » Victor
« Et la façon dont nous avons utilisé nos corps m’a surpris aussi. » Enzo 
« On devait « parler avec son corps » et faire des bruits assez étranges. » Iliès
« Maintenant je prête bien plus attention aux bruits, aux animaux, aux bâtiments qui se trouvent dans ma ville. » Céline
« Pour ma part, je n’apprécie pas cet atelier, trop d’extravagance. » Maël
« Ce qui m’a surpris c’était que c’était à nous d’inventer un texte, et j’ai aimé le fait que derrière nous il y ait un film fait à partir des objets que nous avions construits ou rapportés de chez nous.»  Jasmine
« J’ai appris à écouter autour de moi. » Stanley
« Ce qui m’a plu c’est qu’il y avait une bonne ambiance, on a fait des activités drôles, ça m’a provoqué un sentiment de joie. » Junior
« L’approche d’Aurore était intéressante car elle nous a montré qu’une classe est une petite communauté. » Lena
« Je me sens moins gêné de faire des choses ridicules. » Jacques
« L’atelier provoque une meilleure ambiance de classe.» Moïse

Et ci-dessous, le cadavre exquis des textes écrits en atelier par les élèves et performés devant public sous forme d'une mise en scène globale incluant déplacement de corps, choeurs et voix, percussions corporelles et vidéo : 

Ma classe Quatre Un
Est une ville quatrain
Ma classe est une villain
Trois roses et un pistolet
Ca symbolise quoi pour toi cette arme ? Cette rose
Qui ose aller à L'Hay-les-roses ?
On dit la maire ou le maire ?
On dit la reine-maire
Oui, effectivement c'est très joli…
Le corps c'est gênant, la voix c'est gênant
La rose et la couronne
Tout à l'heure j'ai entendu un super pigeon...
C'est lààà, c'est ma ville
Les lampadaires brûlent
Les guetteurs veillent
Un oeil sur la police
24/24h et 7/7j Dancenews la chaîne des infos non stop sur la danse
Misèèère on ne peut pas ouvrir dans l'air
C'est un symbole
C'est écrit sur les bus
"La lune plaquait ses teintes de zinc"
Si jamais t'as un blème tu vas là
Ecoute, c'est un signe de fraternité plus que de rivalité, d'avoir la même idée, c'est un bon départ... Alors écoutons le bruit que fait ta voiture
Cinema Pattaya
Du calme sinon 15 milions d'amende et la prison
La ville en construction
La ville qui se déplace
Un centre commercial, des magasins, une église
Oui, mais pleine d'animaux, des rats, des chats, des hérissons des souris des araignées des girafes un hibou, des lucioles, une vache sacrée, un cheval bleu
bleu cheval petit un j'avais
Maintenant comment le son de violence peut se transformer en quelque chose de l'ordre de la fleur...
Mais ca fait pas de "son" une classe ! Une classe : non, mais la vie dans une classe, oui !
Une classe c'est aussi un corps collectif et  un corps collectif sonore

Ma ville, c'est ........ Et si on remplaçait pour chaque proposition "Ma ville, c'est..." en "Ma classe, c'est ...", est-ce que ça marche aussi ?
Ma classe, c'est ........
un banc

des immeubles
des lampadaires qui brûlent
des petits oiseaux
une école
Sainte Satine
une église pleine d'animaux, des rats, des chats, des hérissons des souris des furets  des araignées des girafes un hibou
un centre commercial, des magasins un livreur de tacos une vache sacrée
la nuit
la rumeur des rues
des plaques d'egout
des poteaux électriques
la police
la circulation
les embouteillages
la violence
la mairie
un eboueur
un arbre un chêne
des statues
un hopital
un centre et une périphérie
un cimetière
des travaux
la perturbation sonore
trois voitures trois roses et un pistolet
la rivalité et la fraternité

Crédit photo : Fanny Sabuco de Labelle Ecole / Aurore Laloy / François Ramstein / Service des Urgences Poétiques 2016

Le Service des Urgences Poétiques invente sur mesure des ateliers d’écriture / théâtre / contes / chant / poésie sonore / transmission des cultures orales car "Qui regarde à l'extérieur rêve, qui regarde à l'intérieur se réveille." Carl Gustav Jung> Contact pro & renseignements : aurorelaloy (arobase) gmail.com
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