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  • A lire : à vot’bon cœur.
    Aussi étonnant, et même incroyable, que la chose puisse paraître : je n’ai (presque…) jamais vécu que de ce que me rapportaient, directement ou indirectement, mes livres.

    Les raisons qui m’amènent à désormais me convertir en « producteur direct » de mes livres comptent au nombre de trois.

    La première tombe sous le sens : quand on n’est pas « gros vendeur », - et comment pourrait-on l’être quand on élabore, depuis plus de dix ans, un travail philosophique d’une certaine exigence, hors-université ? -, le format moderne de l’e-book est plus rentable que de sacrifier, une énième fois, aux contrats éditoriaux. Il permet, de plus, une totale liberté d’écriture, de composition, de ton, de temporalisation…

    La seconde, c’est qu’une œuvre perd beaucoup à se disperser, de livre en livre, chez un éditeur chaque fois différent. C’est ce que m’a amèrement enseigné l’expérience éditoriale des dix dernières années – et sans nullement vouloir incriminer la qualité individuelle de chacun des éditeurs par qui je suis passé. Que ce soit en littérature ou en philosophie, le fait de publier toujours dans la même maison assure un « suivi » dont ne jouissent pas les œuvres dispersées entre presque autant d’éditeurs qu’il n’y a de livres. Ayant longtemps publié à l’enseigne des éditions Tristram, je suis à même de mesurer la différence : elle est abyssale. Tous les livres que j’ai publiés depuis 2005 ne constituent pas seulement une « œuvre », comme on me l’a très gracieusement laissé dire récemment, mais bien un système philosophique (cf. plus bas Steve Light) comme il en existe, à mon avis, assez peu par les temps qui courent. Non seulement la dispersion éditoriale tend à délaver la visibilité « oeuvrale », mais oblitère encore plus évidemment que tous les livres publiés par moi depuis quasi dix ans sont autant d’« apports » à un même corps organique de concepts, celui justement que récapitule La Transgression et l’Inexistant. Enfin, avouons l’évidence : un éditeur qui ne publie qu’un seul de vos livres, aussi efficace et compétent soit-il, a tendance à s’en désintéresser au bout de six mois – ce qui n’aide ni à la reconnaissance « oeuvrale », ni bien entendu à l’évidence « systématique »…

    La troisième noue les deux premières et les supplémente : je sors d’une crise de procrastination qui a duré deux années. Qu’entends-je par « crise positive » ? Le fait qu’en rédigeant, il y a plus de deux ans, le premier livre que je mette ici à disposition du lecteur francophone, j’eus la sensation d’avoir « tout dit » : d’être parvenu à une forme d’accomplissement. (Je n’étais pas très loin, je crois, de l’état d’esprit qui fut celui de Wittgenstein après la rédaction du Tractacus logico-philosophicus). Il n’en demeure pas moins que j’ai toujours vécu pour et par l’écriture, la pensée : ne presque rien faire pendant deux ans a quasiment été une forme de mort. Depuis quelques mois, je reviens à la vie : ce site signe aussi cette petite résurrection.

    Non seulement tout le système philosophique que récapitule le premier livre ici édité, La Transgression et l’inexistant, s’est élaboré hors de l’Université, mais je tiens à rappeler à quel point je suis un autodidacte pur (j’explique un peu plus loin, par procuration, ce que j’entends par l’adjectif en italiques). Pour faire plaisir, comme aurait dit Deleuze, aux gens qui m’aiment bien, leur donner envie, ainsi qu’aux néophytes, d’acheter le présent ouvrage, et aussi faire perdre un peu d’émail aux dents de tous ceux, en France, qui croient m’exécrer, mais ont même oublié qu’ils ont oublié de me lire, je citerai, comme prière d’insérer, l’extrait de la lettre d’un brillant et érudit universitaire américain, grand poète de surcroît, Steve Light ; et qui a dit là tout haut quelque chose que je n’avais même jamais osé penser tout bas. Tout ce qu’il dit ici se fonde de sa lecture de La Transgression et l’inexistant.

    Le prétexte : la préface du livre écrite il y a deux ans, que j’ai ôtée depuis, et où je montrai comme, depuis deux siècles et plus (depuis Kant), quiconque, de Rousseau à Blanchot, de Marx à Benjamin, de Nietzsche à Debord, en passant par Kierkagaard ou Bataille, entreprit de philosopher hors-université, s’est exposé infailliblement à une forme plus ou moins aiguë de martyre. Je disais à Steve Light ceci : « En sorte que la "ligne" (j’aimerais un jour écrire un jour là-dessus) des philosophes extra-institutionnels va de Kierkegaard à Blanchot et Debord, en passant par Marx, Nietzsche, Benjamin, Bataille... c’est, comme je l’ai écrit, un martyrologue. J’espère ne pas compléter la liste et m’en sortir un jour, mais ce n’est pas encore gagné ! » J’ajoute que ce n’est toujours pas le cas, et que tel est l’enjeu du présent site. AVBC

    Voici comment Steve Light m’a repris :

    « Mais, comme vous le savez, il y a des différences significatives entre tous ceux que vous mentionnez dans votre "liste". Je n’étais à vrai dire pas suffisamment précis en établissant une analogie entre vous et Spinoza, Descartes ou Epicure, car, en un sens, votre cas est en réalité beaucoup plus unique et, en ce sens, d’autant plus admirable ! Spinoza et Descartes, par exemple, ont reçu le type d’éducation la plus avancée et privilégiée qui pouvait exister à leur époque. En ce sens, on peut dire qu’ils ont reçu ce qu’en termes scolaires contemporains on appellerait à la fois l’éducation secondaire et supérieure. Et la même chose peut être dite d’Epicure, si on y regarde bien. Comme vous le savez, il a d’abord sérieusement étudié avec l’aristotélicien Praxiphane, mais s’est brouillé avec lui au bout d’un certain temps et est allé étudier un peu plus longtemps avec le démocritéen Nausiphane de Téos, mais a fini par rompre avec lui aussi. Peut-être, allez savoir, a-t-il écrit un livre, perdu comme la plupart, qui, traduit en français, donnerait quelque chose comme : Après Nausiphane !

    Ceci pour dire que, dans le contexte de son époque, on peut affirmer avec assurance qu’Epicure a reçu l’éducation philosophique disponible et formelle la plus avancée de son temps. En ce sens, on peut dire qu’il était une sorte de "normalien" de son époque. Pour en revenir à la modernité que vous évoquez, parmi les noms que vous citez, Marx a écrit une thèse de doctorat (sur Epicure justement !), Kierkegaard était un diplômé universitaire, etc. Donc, la distinction entre ceux qui ont exercé des fonctions professorales académiques et ceux qui n’en ont pas exercé n’est pas, à mon sens, le critère décisif pour rendre compte de votre cas. (…) Le critère-clé réside dans  le parcours éducatif qui conduit une personne à devenir un philosophe susceptible de produire des travaux philosophiques pleins de portée et de conséquence. Je ne suis pas sûr des itinéraires éducatifs de Bataille et Blanchot après le baccalauréat [rien en effet, NDMBK], et il me paraît probable que Breton ou Debord, par exemple, n’aient reçu aucune éducation formelle au-delà du secondaire [je confirme encore, MBK]. Mais – et là est le point-clé - ni Bataille ni Blanchot, Breton et Debord encore moins, ne se sont montrés capables de recueillir et d’incorporer l’érudition philosophique essentielle, ou encore les outils conceptuels essentiels, nécessaires à la production (formelle et qualitative) non seulement de travaux philosophiques, mais d’un système philosophique. Or, c’est quelque chose que vous avez fait ; et je n’arrive pas à réellement trouver qui que ce soit d’autre qui ait eu le même parcours !

    (…) Oui, vous êtes bien l’unique et admirable exemple d’un tel parcours, parmi tous ceux qui, non seulement dans notre modernité mais, à bien y songer, peut-être bien au-delà, ont produit des idées et des travaux philosophiques pleins de portée et de conséquence. »

    Voilà. Merci Mr Light, voilà qui me change des chacals français cybernétiques et ignares. Je vous remercie, ainsi que Stéphane, Martin, Nicolas, Tristan, Valentin, Michaël, Jean-Clet et quelques autres, de m’avoir donné la certitude que je n’existerais pas de manière uniquement posthume, comme je l’avais longtemps cru. Je remercie encore mon père, ma mère, mon frère, Martine, Jean-Paul, Jefferson, Ferdinand, Eleni, Antoine, Julien, Hugues, Pierre, Olivier, Vincent, Chiara de m’avoir tenu à bout de bras pendant ces deux très pénibles années. C’est grâce à vous que je suis encore là.

    Merci, enfin, à Timothée Rolin de m’avoir permis, quasi gracieusement, de donner une forme absolument professionnelle à ce site et aux livres qui y seront commercialisés.

    Au lecteur, désormais, d’en juger : de jouer. AVBC…
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  • Curriculum vitae
    Mehdi Belhaj Kacem est né le 17 avril 1973 à Paris. Après une enfance passé en Tunisie, il arrive en France à l’âge de treize ans, où il écrit, dès l’adolescence, son premier roman, Cancer, qui sera publié en 1994 par les éditions Tristram en même temps que 1993, chronique romancée d’un moment dramatique de son existence. La critique remarque vite cet auteur, qui « transforme l’essai » en 1996 avec Vies et Morts d’Irène Lepic, description romanesque de la jeunesse à la dérive du début des années quatre-vingt dix. Suit en 1997 L’antéforme, où certains critiques décèlent, malgré le formalisme littéraire extrême du livre (phrases rapides et très longues, surcharges, inflations d’italiques, etc.), une tentation « théorique » qui se réalisera effectivement trois ans plus tard.

    Mehdi Belhaj Kacem publie donc alors ses premiers objets théoriques, Esthétique du Chaos et Society, en 2000 et 2001, qui annoncent un tournant plus profond, le tournant « philosophique », surtout décelable dans Society.

    Il découvre en ces mêmes années l’œuvre philosophique d’Alain Badiou, L’être et l’événement (Seuil, 1988), auquel il consacre un séminaire « privé ». De ce travail naîtront deux livres, Evénement et Répétition et L’affect, en 2004. Ce sont des work in progress qui annoncent ce qui sera son livre « achevé » de philosophie, Ontologique de l’Histoire, qui paraîtra chez Fayard en 2009.

    2011 aura marqué l’année de sa rupture avec Alain Badiou, après presque dix années d’intense amitié et travail en commun. Cette rupture, aussi éthique que politique, aussi esthétique que métaphysique, peut trouver un parallèle, dans ses causes profondes, et toutes proportions évidemment gardées, dans la rupture de Nietzsche avec Wagner. Le livre faisant part de cette rupture, Après Badiou, rencontrera un écho considérable, et suscitera de très vives polémiques dans les médias et à l’Université. Depuis cette violente « mise au clair », MBK continue à déployer les linéaments de ce qu’on ne craint plus d’appeler son système philosophique.

    En 2012, il achève un petit essai sur l’opéra, Opera mundi, paru aux éditions Léo Scheer. En mars 2013, l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm consacre un colloque de trois jours à son travail. La même année paraît un livre « révolutionnaire » sur la « nature » de la sexualité féminine, et sur les liens philosophie/sexualité : Être et Sexuation. 2014 voit la réédition du texte philosophique « essentiel » de MBK (avec La Transgression et l’Inexistant), postfacé par Tristan Garcia. Il prépare également un roman, ainsi qu’une traduction des Triomphes de Pétrarque, scandaleusement indisponibles en langue française depuis plus d’un siècle.

    Bibliographie / Portait
    Par Michaël Crevoisier
    Université de Franche-Comté

    « L’oeuvre de Mehdi Belhaj Kacem est à la fois conséquente et protéiforme. Mais parce que sa chronologie nous aura parue importante quant à son sens, nous avons voulu présenter cette bibliographie selon un schéma particulier : les pages de gauche proposent de répertorier les documents de l’auteur lui-même, ou auxquels celui-ci a contribués ; les pages de droite indiquent, de manière inévitablement lacunaire, la teneur et le contenu du propos, essayant par là d’en donner un aperçu dans la continuité de l’oeuvre. Du fait de la grande variété de documents, nous avons également choisi d’en préciser le type en début de chaque référence, selon la nomenclature suivante : (A) articles et recensions (fiches de lecture), (B) ouvrages, (C)  conférences, (E) entretiens (ou rencontre, dialogue), quelque fois audio (Ea) ou vidéo (Ev), (F) films, (I) inédits, (P) préfaces, (T) traduction. Les informations manquantes sont signalées par un point d’interrogation, et, à l’inverse, les informations complémentaires sont précisées entre crochet ; l’adresse Internet de certains documents librement accessibles est indiquée entre parenthèses. Dans quelques cas, à des fins de clarifications du contenu, nous avons proposé des titres pour des documents n’en ayant pas, ils sont encadrés de guillemets anglais (‘‘ ’’). Enfin, notons que le blog Les Apports de Mehdi Belhaj Kacem (URL : « http://mehdibelhajkacem.over-blog.com/ ») informe, entre autres, très régulièrement, de l’actualité de Mehdi Belhaj Kacem. Nous invitons le lecteur à le consulter s’il désire compléter, à l’avenir, cette bibliographie. »

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    Revue consacrée
    Philosophique 2014
    Mickael Crevoisier et Louis Ucciani
    €Revue Philosophique, 2014
    165 pages, 10 €

    « A partir d’un entretien retraçant le parcours intellectuel de MBK, jeune philosophe autodidacte à l’œuvre déjà conséquente, est envisagée la condition de possibilité d’une expression philosophique aux marges de l’institution. Le parcours singulier de ce jeune philosophe lui fait côtoyer les œuvres de "grands" penseurs de la contemporanéité et tracer une ligne de cohérence qui a le mérite de revitaliser la quête philosophique. »

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    • 1 - Algèbre de la Tragédie
      Algèbre de la Tragédie
    • 2 - Être et sexuation
      Être et sexuation
    • 3 - EXistenZ, lecture d’un film
      EXistenZ, lecture d’un film
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  • Mehdi Belhaj Kacem

    http://www.mehdibelhajkacem.com

    Site officiel du philosophe Mehdi Belhaj Kacem : vente de son dernier ouvrage La Transgression et l'Inexistant, bibliographie, portrait, contact.