Jacques Grison

Jacques Grison

Photographe

grison.metaproject.net

Jacques Grison est un photographe spécialiste du domaine de la santé. Il crée en 1985 l’Agence photographique d’illustration santé Goivaux qui deviendra, en 1992, le département santé de l’agence Rapho. Il s’oriente vers la photographie reportage humaniste et réalise de nombreuses séries notamment pour le Ministère de la Culture dans le cadre de jeunesse en France en 2001 exposée à Visa pour l’image. Une rétrospective de dix ans de photographie sur le handicap « La vie malgré tout » sera exposée à la galerie Fiat et Cause à Paris la même année. En 2010 l’association le rire médecin lui confie le projet phare de son vingtième anniversaire, Le livre « Nez rouges, blouses blanches » est édité aux Impressions nouvelles fin 2011 et la Mairie de Paris accueille une grande exposition intitulée « Nez rouge toi- même ! » début 2012. Trente années de pratique photographique donc, passant de l’imagerie technique et scientifique au reportage à caractère social, de l’exploration sans fin des territoires de la mémoire aux témoignages multiples sur la vie des hommes.

La vie malgré tout

Il y a 13 ans

/ Photo / Séries / Présentation

Le monde du handicap fait peur.
Terriblement.
Jusqu’à la lâcheté, parfois jusqu’à l’inadmissible.
On change de trottoir pour éviter un fauteuil roulant, on détourne le regard devant un enfant handicapé, on lui adresse rarement la parole, on ne sait pas quoi lui dire, on fuit, on fait comme s’il n’était pas là, on parle de lui derrière son dos, on prend des mines bouleversées, on commente le malheur de la famille.
Il semble qu’il soit devenu lui-même le handicap qu’il ne fait pourtant que subir.

Nous avons trop entendu chanter le refrain de l’époque qui célèbre le culte du corps et le devoir de performance, pour supporter l’idée qu’il existe d’autres harmoniques.
La laideur du vocabulaire qui les nomme renvoie les invalides, handicapés, paralysés et infirmes sur des territoires hostiles qu’on évite prudemment.
Alors Jacques Grison nous montre ses photos et on comprend notre erreur.
Il ne cherche pas à nous donner une leçon, il fait juste son métier de photographe : il nous aide à mieux voir.
Pour lui qui connaît bien ces enfants-là c’est une évidence de nous montrer qu’on est tous les mêmes qu’on soit valides ou qu’on ne le soit pas.
La vie est intacte dans un corps qui ne l’est pas, c’est aussi simple que ça, il est donc possible d’aider pour que la vie quotidienne se simplifie elle aussi.
Il suffit de se laisser guider par ses images pour regarder la vie comme partout ailleurs, chargée d’émotions, de moments heureux, de souffrances et de grâce.
Imprévisible comme un fou rire, déchirante comme un sanglot.
La vie, pour eux comme pour nous, petite, toute petite lorsqu’elle est tout simplement matérielle et qu’on y cherche vainement la présence d’autrui.
La vie qui devient magique pour une simple main posée, un regard échangé, un rire partagé.
A Clair Bois en Suisse dans le canton de Genève, les plus atteints des enfants trouvent un refuge qui leur permet de vivre doucement leur enfance.
A Vaucresson en banlieue parisienne, au lycée Toulouse-Lautrec les élèves sont tout simplement des jeunes qui se préparent à vivre demain libres, égaux et fraternels.
L’Association Française contre les Myopathies poursuit grâce à la générosité publique, une action si efficace qu’elle permet chaque année à tous ceux qui en sont atteints de reculer les limites du possible.

A regarder ces enfants, ces jeunes si déterminés à avancer sur le chemin de la vie en dépit des difficultés supplémentaires auxquelles ils sont confrontés on se demande si leur handicap, si cruel en apparence ne les a pas investis d’un don très rare. Celui de connaître le sens de leur vie.
Parce que rien ne leur est donné facilement, ils ont tous d’emblée évalué leur courage, ils en usent chaque jour tout naturellement pour un peu plus d’autonomie, d’échange et d’harmonie.
Pour qu’il soit possible de vivre ensemble.
Jacques Grison  nous montre des photos douces et belles, des images de vie, d’espoir et de bonheur, et on se demande soudain pourquoi mais pourquoi donc on avait eu si peur ?

Francine Deroudille
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