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Anne Van Der Linden

Anne Van Der Linden

Artiste peintre et dessinatrice

www.annevanderlinden.net

Anne Van der Linden est née en 1959 en Angleterre. Elle vit et travaille à Saint Denis. Peintre et dessinatrice, elle expose ses oeuvres depuis les années 1990 en France et à l'étranger. Son travail est largement publié dans l’édition alternative.
Elle est également illustratrice pour la presse et pour des éditions de littérature.
  • Anne Van Der Linden

    Anne Van Der Linden

    Artiste peintre et dessinatrice

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    Grand-père signature le 15 mars 2014

    Il y a 9 ans

    / Actualités

    • 1 - Grand-père 1 2013
      Grand-père 1 2013
    • 2 - Grand-père 4 2013
      Grand-père 4 2013
    • 3 - Grand-père 5
      Grand-père 5
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    Grand-père signature le 15 mars 2014
    J'ai réalisé les illustrations du livre Grand pere ed eretic-art, edition de luxe du roman culte de Costes publié par Fayard en 2006, format 16cm x 24cm, 256 pages, tirage limité de 1000 exemplaires numérotés et signés, préface de Raphaël Sorin, design inspiré des livres d'aventures illustrés du 19eme siècle, 16 illustrations noir et blanc, une par chapitre, et une sérigraphie, frontispice dessiné à l'ancienne, et 16 lettrines, couverture cartonnée en Baladek Istrana, avec titres et dessin en dorure à chaud.
    Sortie du livre le 15 mars pour la clôture de mon exposition à la galerie La belle époque, 17 bis chemin  des Vieux Arbres, 59650 Villeneuve d'Ascq (Lille)
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  • Anne Van Der Linden

    Anne Van Der Linden

    Artiste peintre et dessinatrice

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    Brain magazine

    Il y a 9 ans

    / Presse

    Brain magazine

    Si l'on considère l'ensemble de votre œuvre, ce qui frappe, outre votre prolificité sur tous types de supports, c'est que vos toiles ne perdent pas en force. Sont-ce toujours les mêmes questions qui vous animent depuis trente ans que vous peignez ?Anne Van der Linden : Quand je travaille je ne me pose pas de questions auxquelles l’image pourrait répondre, les formes et les idées se mettent en place à partir d’une impulsion, d’une poussée d’énergie, à moi d’être opportuniste par rapport à ça pour faire évoluer l’image. Du coup il faut que je soie effectivement en bonne forme pour travailler, sans force pas de création, et ça c’est une constante. D’ailleurs je ne sais pas ce que ça donnera au fil du temps, si en continuant à vieillir j’arriverai encore à travailler.Une autre constante est que les images ont toujours eu un rendu très dense, très lourd, elles sont excessives, elles sautent à la gueule. C’est mon truc, je suis structurée ainsi. Pourquoi avoir fait le choix de rester en région parisienne pour travailler ? N'auriez-vous pas plus de tranquillité et d'espace pour peindre dans un endroit plus reculé ?Ce n'est pas un choix mais une facilité, j'ai un logement gratuit ici. Aussi c'est plus facile en étant près de la ville de montrer et vendre mon travail, je connais les réseaux, comment trouver facilement quelques sous. Les gens hésitent déjà à venir jusqu’en banlieue voir mon boulot, les faire venir à la campagne me paraît impossible, même si l’idée est plaisante. De toutes façons je crois que je pourrais travailler n'importe où, peu importe l'endroit, mon atelier est nulle part. Vous avez une sensibilité littéraire toute particulière, songiez-vous à devenir écrivaine quand vous étiez jeune ? Quand et comment les moyens d'expression picturaux ont-ils pris le dessus sur la langue ?Non je n'ai jamais pensé à devenir écrivaine, même si j’avais des facilités par ma formation. Les mots sont des codes communs très forts, trouver une formulation originale m’a toujours paru bien plus difficile qu'avec l’expression picturale. La fabrication d’images est venue assez tard, petit à petit. Je n’avais pas de talent particulier pour ça, j’avais juste l’envie de le faire, comme si je visitais des territoires vierges.Finalement le côté littéraire a été intégré dans l'image qui est devenue au fil du temps hyper narrative, blindée d'histoires. Qu'aimiez-vous dessiner quand vous étiez enfant et adolescente ?Enfant je dessinais des dessins d’enfant, rien de particulier, des voitures des maisons des églises.A l’adolescence j’ai fait des collages, des broderies, des sexes féminins qui ressemblaient à des algues, des bouches, des organes, ça commençait à être chaud ! Et puis je me suis mise à dessiner sur des coins de table des dessins très lâchés, un peu dans l’esprit des dessins automatiques surréalistes, un mélange de tracés aléatoires et de bouts de figures, humaine et animales, c’était très varié, selon mon humeur. Vous évoquez souvent vos difficultés à vous intégrer en société ; avez-vous toujours été de nature plutôt marginale ?A vrai dire je ne me souviens pas, je crois que non, je n’ai jamais été marginale de nature, les gens m’attirent au contraire, j’aime observer leurs comportements, j’essayer de comprendre leur principe, mais je préfère les mater à distance ! Peut-être qu’à un moment ça s’est mal passé et comme je m’occupe très bien toute seule, j’ai continué à faire comme ça pour avoir la paix.Il se trouve aussi que je n’ai pas suivi la voie de la socialisation, je n’ai pas de vie de famille, d’enfants, pas de boulot salarié… et la création est un truc de solitaire, c’est un statut idéal pour passer du temps seul sans avoir de comptes à rendre. Racontez-nous votre passage succinct par les Beaux-Arts. Y avez-vous appris quelque chose ?J’y ai donc appris que je ne pouvais pas travailler avec du monde autour de moi. Et aussi que les étudiants mâles étaient des gros machos. Et enfin que mes dessins perso étaient mal vus par les « autorités locales », considérés comme des petites fantasmes à écarter. Pourquoi avoir tout de même décidé de faire des études d'arts plastiques après cette expérience ? Éprouviez-vous malgré tout un besoin de reconnaissance institutionnelle ?Je faisais pas mal de petits boulots (gardes d’enfants, travail en imprimerie, vendeuse) et je me suis dit que je pourrais peut-être gagner ma vie plus facilement avec un diplôme. Là encore j’ai laissé tomber (finalement j’ai toujours tout laissé tomber sauf la peinture) et bien m’en a pris car je supporte mal le bruit des classes, et je me serais sans doute retrouvée prof d’arts plastiques en banlieue, arrrgh !! Vous avez un style très reconnaissable et relativement inchangé depuis au moins 10 ans. Quel chemin avez-vous parcouru jusqu'à en arriver là ? Avez-vous, à un moment, remis en question la représentation figurative ?Je suis passée par une période abstraite, je voulais trouver une expression pure, mais ça a foiré, je me suis embourbée dans la matière, d’ailleurs j’ai tout jeté, c’était vraiment le chaos, et les figures sont venues remettre de l’ordre et des directions dans mon travail. Depuis je n’ai pas fait autre chose effectivement.  Vous avez partagé pendant une dizaine d'années la vie de Costes. Cette cohabitation a-t-elle influencé votre art ?J’ai fait une revue avec lui dans les années 80, La vache bigarrée, ma première expérience d’édition en ronéo, textes et images, qui a été l’occasion d’une ouverture sur l’underground, la création alternative. Ensuite j’ai joué et fait des décors dans ses spectacles, alors oui c’est une influence, une fréquentation artistique de très longue date. Avez-vous des rituels, des habitudes avant de commencer à travailler ?Rien de spécial vraiment, je change de fringues, je prépare la peinture, j’allume parfois la radio et j’y vais. Vos toiles et dessins regorgent de corps désarticulés, mutilés, écorchés. Quel rapport entretenez-vous avec votre propre corps ?Le corps doit être sous contrôle permanent, on peut fermer sa bouche sur ses pensées, mais le corps lui, difficile de le brider et pourtant c’est ce qui est demandé en permanence, avec la souffrance qui en découle. Je parle de ça je crois.Ceci dit je ne pratique pas l’auto-mutilation ni la torture. Je fais même du footing!. Mais pour visiter les mondes intérieurs, un bon moyen est d’y aller au couteau et à la hache. La nudité est chose normale dans votre œuvre, les excréments un artéfact parmi d'autres ; avez-vous des tabous ? Vous êtes-vous jamais interdit de représenter des choses ?La nudité et la merde sont notre quotidien, et je n’ai aucune sensation de transgression en parlant de ça, il suffit de déconstruire les codes sociaux, et tout devient bien plus simple, plus gai. Quant au tabou ultime, il m’est arrivé d’être mal à l’aise avec une de mes représentations en cours, et finalement ça donnait une bonne toile ! Parce que l’enjeu n’est pas dans les idées avancées mais dans ce jeu de matière couleur pensées qui font de la toile un organisme avec ses propres règles. Qu'est-ce que la vulgarité, pour vous ?Ce qui est éloigné de la nécessité. Vous êtes très active dans le milieu de la micro-édition, vous éditez d'ailleurs votre propre revue, Freak Wave ; avez-vous découvert récemment des artistes qui vous parlaient tout particulièrement ?J’ai créé Freak Wave avec l’artiste Olivier Allemane, on a donné de l’espace à des expressions qui nous paraissaient non consensuelles, non policées, avec un goût particulier pour la peinture parce que nous sommes peintres tous les 2 et que c’est un médium qui a été ringardisé par le discours dominant, donc d’autant plus intéressant à remettre en scène. Je pourrais vous citer des tas d’artistes, de tous les coins du monde, de Greg Jacobsen à Joan Cornella, Sue Coe, Antoine Rigal, Chantal Montellier, la liste est longue des artistes dont le travail m’émeut, par la forme et par l’esprit.
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  • Un  nouvel article sur Novaplanet à propos du livre "Carnage intime" édtions UDA

    Une femme tranche à l’épée un corps moitié homme moitié femme.Un homme chevauche un ver blanc à tête humaine et à roulettes .Une femme à ailes d’avions survole une banlieue en émeute.Une femme dort sur des squelettes dans un décor d’agaves.Un hermaphrodite à deux têtes s’auto embrasse…Depuis plus de 25 ans que je la connais, Anne Van der Linden exécute sans relâche des dizaines de toiles et de dessins , publie livres et plaquettes en quantités, sans dévier d’un millimètre de son univers expressionniste, underground, rempli de créatures dans des situations qui font passer les cinéastes gore pour des traiteurs bourgeois . Avec Anne, opérations, ablations, défécations, décapitations, tranchages et autres sciages renvoient les terroristes de Daesh au rang d’amateurs. Les décors de plantes, flammes, animaux étranges sont toujours beaux et expressionnistes . Elle est la fille d’Otto Dix, George Grosz ou Max Beckmann, mais au 21eme siècle, elle est passé au stade supérieure de l’horreur esthétique.Ses personnages musculeux, étrangement sexués, sont souvent le résultat d’opérations ou de modifications  que le docteur Frankenstein ne renierait pas . Ils sont toujours dans des actions horrifiques mais grand guignolesque dont l’humour n’est pas absent .Notre condition d’humains travaillés du chapeau, secoués de la calebasse ou simplement sadiques et criminels est ici symbolisée. Cet art assez titanesque ou les corps omniprésents se livrent à une perpétuelle quête des autres, dans un enchevêtrement de symboles et de transgressions, est il censé nous rendre plus lucides ?Anne veut elle nous faire si peur que nous changerons ?.. Comme au moyen-age ou les cauchemars peints de Jerôme Bosch devaient effrayer le pauvre pêcheur ?  Il faut le lui demander .60 pages de peintures et dessins ( 29011-2014) par Anne van der Linden chez United Dead Artists ( Stephane Blanquet ) Quadri . 26X17 cm *** En vente sur ERETIC-ART.com .Allez voir Anne van der Linden de nombreux sites et ITW. 
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  • Anne Van Der Linden

    Anne Van Der Linden

    Artiste peintre et dessinatrice

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    Couik! editions Perav Prod

    Il y a 9 ans

    / Actualités

    Couik! editions Perav Prod
    Nouveau recueil de dessins 2008-2014, couverture couleur, intérieur n&blanc, 60 pages, préface de dkelvin, photo de 4eme de couverture par Arnaud Baumann
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  • Mes dessins en vente sur le site ArtEssentiel / my drawings for sale on ArtEssentiel
    Le site ArtEssentiel propose à la vente 10 de mes dessins noir et blanc.
    10 of my black and white drawings for sale on the website ArtEssentiel
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  • Créatrice de femmes géantes, d’amantes dévorant leurs hommes dans un acte d’amour ou de mères déchiquetées par leurs propres enfants, Anne van der Linden nous renvoie au fond des sensations enfouies dans l’être humain depuis la Préhistoire. Créant un monde civilisé, nous avions oublié que nous sommes des animaux mais les instincts primaires ne se soumettent qu’à la Nature et l’Humain est toujours obligé de chercher un compromis entre ses pulsions et les règles de vie imposées par la société. Ce combat parfois violent, parfois extatique, se manifeste par le corps puissant mis en avant dans les toiles d’Anne van der Linden. Le corps, qui vibre du plaisir ou qui souffre de tortures, subit toujours l’impact de l’Autre. Mais l’apaisement éternel dans les rapports entre les sexes serait égal à la mort de la conscience humaine qui cherche toujours à se découvrir à travers la confrontation avec son contraire.

    Artiste et cofondatrice avec Olivier Allemane de la revue Freak Wave, Anne van der Linden présente en octobre et en novembre ses deux nouveaux livres et des expositions, une autour de la revue Freak Wave qui a lieu actuellement à Poitiers à la galerie Grand’Rue et l’autre, « Coup double  n°2 », qui se prépare pour novembre à la Galerie « Central » à Liège.

    Propos recueillis par Márga La Spirale

    Créatrice de femmes géantes, d’amantes dévorant leurs hommes dans un acte d’amour ou de mères déchiquetées par leurs propres enfants, Anne van der Linden nous renvoie au fond des sensations enfouies dans l’être humain depuis la Préhistoire. Créant un monde civilisé, nous avions oublié que nous sommes des animaux mais les instincts primaires ne se soumettent qu’à la Nature et l’Humain est toujours obligé de chercher un compromis entre ses pulsions et les règles de vie imposées par la société. Ce combat parfois violent, parfois extatique, se manifeste par le corps puissant mis en avant dans les toiles d’Anne van der Linden. Le corps, qui vibre du plaisir ou qui souffre de tortures, subit toujours l’impact de l’Autre. Mais l’apaisement éternel dans les rapports entre les sexes serait égal à la mort de la conscience humaine qui cherche toujours à se découvrir à travers la confrontation avec son contraire.

    Artiste et cofondatrice avec Olivier Allemane de la revue Freak Wave, Anne van der Linden présente en octobre et en novembre ses deux nouveaux livres et des expositions, une autour de la revue Freak Wave qui a lieu actuellement à Poitiers à la galerie Grand’Rue et l’autre, « Coup double  n°2 », qui se prépare pour novembre à la Galerie « Central » à Liège.

    Propos recueillis par Márga

    Quand je suis venue à votre exposition en juin à Ivry-sur-Seine, la première chose qui m’a frappée, c’était la figure de femme puissante et terrifiante, qui suscite à la fois la peur et le fantasme de l’Homme. Pourquoi la femme joue-t-elle un rôle toujours dominant dans vos toiles ?

    C’est vrai que les femmes que je représente sont baraquées, elles ont un corps puissant, ça donne une présence visuelle assez forte, une impression de santé, comme si on avait affaire à des « superwomen ».


    L’image choisie pour le carton d’invitation de cette expo à Ivry montrait deux femmes en train de s’occuper d’un gars, qui lui est tête en bas, elles explorent son corps comme une « chambre secrète », et dans ce cas oui, elles sont dans une position dominante. D’ailleurs le titre de la toile, « Toy boy » est explicite ! Mais ça n’est pas le cas pour toutes mes représentations, dans certaines les femmes subissent aussi, et pas forcément de la part des hommes, elles peuvent se faire maltraiter par d’autres femmes. 

    Dans « Toy boy », plutôt que le rapport de pouvoir, mon propos serait le fait que chacun des sexes est étranger à l’autre, on ne connait pas la sensibilité de l’autre, comment il réagit, comment il fonctionne. C’est un mystère… Il y a une barrière entre les sexes qui s’estompe avec l’accomplissement du désir et réapparait tout de suite après.

    « Couik! » - © Anne van der Linden


    La femme dans vos toiles a toujours un double rôle, d’une part, on dirait une déesse de fertilité, la mère, et d’autre part la cannibale dévorant les hommes. D’où vient cette ambivalence ?

    J’ai un truc avec la bouche et le fait de mettre des choses dans ma bouche, ça me calme, comme les enfants. La vie passe par la bouche et les orifices. Et pour moi, être absorbée par un autre ce n’est pas forcement quelque chose de cruel, de mortifère. C’est une façon d’aimer, de goûter une autre entité, de créer un lien avec les autres. Quant à l’ambivalence du sentiment « maternel » pour moi, elle fait partie de notre nature, on retrouve ça avec l’image de Cybèle, la déesse grecque aux multiples seins, qui est nourricière mais aussi castratrice, c’est une figure sur laquelle j’ai travaillé pour un livre en collaboration avec la poétesse Nina Zivancevic .

    Je pense toute de suite à votre film, « La Citerne », où les enfants dévorent leur mère. La femme qui a l’air assez forte est décortiquée par deux êtres plus faibles qu’elle. Ça me fait penser que l’amour qu’on donne prend plus de forces que le combat qu’on mène… Qu’en pensez-vous ?

    L’amour c’est un filigrane dans le film et la cruauté prend parfois un relief étrange car tout est fait dans l’affectif, les personnages sont toujours concernés les uns par les autres. Il y a un lien très fort entre cette femme et ses enfants qui se révèle par des situations qui peuvent être sensuelles, mais qui peuvent être aussi cruelles. Vous avez raison, en l’occurrence, l’amour est épuisant, et le film le montre, la mère meurt de son amour, pour que ses enfants puissent vivre, cet amour est la seule solution. C’est une vision christique, d’ailleurs en fond du film est récité le poème de Musset « Allégorie du pélican » qui est une évocation du sacrifice du christ.

    « Épilation totale » - © Anne van der Linden


    Dans vos tableaux, on voit un thème récurrent, celui des rôles imposés à l’homme et à la femme par la société, suite à quoi on a un éternel conflit entre les sexes. En même temps le coté animal de vos personnages sort très souvent  (les personnages sont parfois transformés par moitié en cheval, en vache, en oiseau etc.). Mais, j’ai l’impression que dans certains tableaux vos personnages essayent d’étouffer leurs pulsions instinctives en crucifiant un lion ou en mettant des clous dans son corps pour le soumettre.

    Oui, cette histoire de la crucifixion du lion c’était partie de l’idée qu’on a de l’image christique de l’être souffrant. Les animaux souffrent autant et plus que nous et je voulais leur redonner leur juste place dans ce tableau. La religion catholique (comme d’autres) a mis les animaux au rebut, en les considérant sans âme, donc sans légitimité. Mais même si on l’oublie parfois, nous somme les animaux les plus cruels de la création.

    Que l’animal soit étouffé en nous, c’est une évidence de le dire J’ai peint une toile intitulée « Épilation totale », qui représente une femme s’épilant les jambes, selon les critères imposés de la beauté féminine, qui sont aussi une façon de gommer notre animalité. Mais la femme va plus loin, elle va jusqu’à enlever la peau entière de ses jambes, elle règle ainsi le problème une fois pour toutes : les poils ne repousseront jamais ! Vouloir gommer cet aspect animal de nous-mêmes est une souffrance de tous les instants.

    Dans mes toiles il y a toujours une superposition, un jeu permanent, des strates de comportement : l’animal, l’émotionnel par-dessus le civilisé, le raisonnable, le conscient, le pragmatique. Finalement, on arrive à un choc visuel par ce collage des diverses perceptions de nous-mêmes projetés dans le monde.

    Vous représentez souvent une figure de Rebis, hermaphrodite alchimique symbolisant l’union des contraires, du corps et de l’esprit, du soufre et de mercure. Si dans les autres tableaux, on voit plutôt une confrontation entre deux sexes, ici homme et femme sont liés par un seul corps. Pourquoi utilisez-vous ce symbole de la philosophie hermétique  dans votre peinture ?

    Je l’utilise depuis longtemps, j’ai représenté beaucoup d’hermaphrodites comme une image de pacification par rapport aux tensions qui se créent du fait du désir entre les sexes, le désir qui n’est jamais assouvi finalement. Il y a deux ans je suis tombée sur un livre sur l’hermétisme, avec des très belles gravures du XVIII siècle qui étaient faites à partir de ça, pleines de symboles étranges, et j’ai retrouvé cette figure de l’hermaphrodite et je l’ai utilisée dans des peintures et des dessins, ce n’était pas facile de mettre deux têtes sur un corps.

    Somme toute, l’union est difficile…

    Oui, c’est vrai ! Mais plastiquement on voit tout de suite que c’est une affaire compliquée! C’est ça que j’aime avec le dessin, la peinture ou la sculpture, les idées sont toujours confrontées à des problèmes techniques, bien concrets, comment placer les volumes les uns par rapport aux autres, comment faire pour que l’image fonctionne, c’est comme un garde-fou, un appel à la modestie !

    Je suis impressionnée par la franchise de vos tableaux qui va au-delà des cadres imposés par le milieu d’art officiel. Avez-vous des difficultés avec la censure et si oui comment les surmontez-vous ?

    Je n’ai pas eu de difficultés majeures, je n’ai pas eu de procès par exemple, je ne me suis pas fait agresser non plus. Mais il m’est arrivé d’avoir quelques difficultés : on a déjà décroché mes toiles et dessins d’expositions, suite à des plaintes. Cela est arrivé deux ou trois fois. J’ai fréquenté depuis longtemps le milieu de la création underground où les gens sont tolérants, mais c’est vrai que j’ai exposé dans des musées aussi, et que ça s’est généralement bien passé. Mais j’ai peut-être eu de la chance. Je crois qu’il suffit juste de tomber sur une mauvaise personne qui va déclencher la procédure. En France, la notion d’« art » n’existe pas en soi dans le droit, c’est au juge de décider, et s’il considère que l’œuvre nuit à l’ordre public, on est foutu…et c’est pourquoi tant d’artistes ont eu des procès, depuis Baudelaire jusqu’à plus récemment l’artiste Jean-Louis Costes 

    La rentrée semble bien chargée pour vous. En octobre, vous sortez deux livres. Pouvez-vous en parler ?

    L’un est un livre en sérigraphie que j’ai fait avec le dessinateur Placid. On a commencé dans les années 2000 une série de dessins faits à deux mains. L’un commençait le dessin, l’autre le terminait et l’inverse. On a fini ce travail en 2012, ça a pris du temps ! Et les éditions Méconium ont édité les sérigraphies, treize planches. Le dessin de Placid est très aérien, tout en arabesques, et le mien est très massif, donc l’association des deux est assez étonnant. Le portfolio sera présenté mercredi 15 octobre à la librairie Le Monte-en l’air, dans le 20ème arrondissement de Paris. Va sortir également une monographie aux éditions United Dead Artists (Stéphane Blanquet), « Carnage intime », avec mes peintures et dessins récents.

    En 2008 vous avez créé avec l’artiste Olivier Allemane la revue Freak Wave, consacrée à la culture underground et vous avez organisé plusieurs événements (performances, expositions) liés à cette revue. D’ailleurs, en octobre il y aura aussi une exposition à Poitiers autour de Freak Wave.

    Oui, exactement, l’exposition qui a déjà commencé se passe à la galerie Grand’Rue, galerie spécialisée en art brut associée pour l’occasion avec la Fanzinothèque de Poitiers, qui est un centre de documentation sur les éditions underground existant depuis la fin des années 80 . Il y aura donc deux lieux en vis-à vis pour notre exposition : dans l’un on pourra voir des revues, des multiples, des sérigraphies, etc. Et dans l’autre, les originaux des artistes Antoine Rigal, l’artiste chinoise Xiaoqing Ding, Olivier Allemane, l’américain Paul Torres, les activistes du groupe Bazooka Olivia Clavel et Lulu Larsen, Jean-Louis Costes, Ludovic Levasseur, et moi-même. Tous les artistes de Freak Wave ne seront pas là, le galeriste Antoine Hyvernaud a dû faire une sélection pour des raisons d’espace, mais il y en aura une partie, représentative de la revue.

    Un nouveau numéro de Freak Wave est en préparation ?

    Maintenant on est en stand by pour récupérer des forces car tout cela représente beaucoup du travail, de temps, de bénévolat. Mais il faut continuer et je m’encourage moi-même haha ! Car c’est une revue intéressante, on a commencé à élargir l’équipe depuis le n° 5 avec l’arrivée de Shige Gonzalvez, qui gère le blog culturel « Le blog de Shige », de la poétesse Nitcheva Osanna, du graphiste Jean-Jacques Tachdjian, des éditions « Sortez la chienne » et quelques autres…tous ces gens ont apporté des idées nouvelles dans la revue.

    Vous m’avez aussi parlé de l’exposition à Liège qui aura lieu en novembre. Qu’allez-vous y présenter ?

    L’exposition s’appelle « Coup double  n°2 », c’est la deuxième partie d’une expo autour des éditions UDA, elle aura lieu à la galerie « Central » à Liège à partir du 18 octobre. D’après ce que j’ai compris, j’aurai des impressions de mes dessins exposées en grand format, au milieu des œuvres de tous les artistes édités par Stéphane Blanquet, il y en a beaucoup !
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  • Anne Van Der Linden

    Anne Van Der Linden

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    2 courts-métrages

    Il y a 9 ans

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    2 courts-métrages
    Mes courts-métrages "Le repassage" et "La citerne", réalisée en 1999 et 2000 sont enfin visilbes sur Youtube
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  • Charles Pennequin - Anne van der Linden - Léandre Pennequin
    Charles Pennequin lit un texte sur ma peinture, avec Léandre Pennequin à la guitare et boîte à rythmes.
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  • Agnès Giard a chroniqué mon livre "Instabilité hormonale" sur le blog "Les 400 culs" de Libération
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  • Mon interview sur France cultureCéline du Chéné m'a interviewée en janvier 2013 pour France-culture, émission Mauvais genre, dans "L'encyclopédie du mauvais genre"
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